Crise du logement. Faute de locations disponibles, ils vivent au camping toute l'année

C'est ce mercredi 1er février que sort le rapport de la fondation Abbé-Pierre sur le mal-logement. L'association dénombre 14,6 millions de Français touchés par cette crise du logement. Parmi eux, des Bretons, qui ne peuvent trouver de bien à louer sur le littoral, où sont privilégiées les locations saisonnières. Certains atterrissent au camping en attendant de trouver mieux.

À Baye, petite commune rurale du sud Finistère, le camping ne désemplit pas l'hiver. Car habitent là ceux qui ont élu domicile à l'année, dans une caravane ou un mobil-home, faute de trouver un logement. 

Ouvrier dans l'agroalimentaire, Jason et sa compagne Amandine ont trouvé cette solution provisoire.

Leur rituel devenu quotidien : faire la vaisselle et la lessive dans les sanitaires communs grâce à des jetons fournis à l’accueil. "On se disait qu'on allait trouver un appartement facilement, mais en fin de compte, pas du tout", regrette Amandine.

Le jeune couple a quitté en novembre dernier une location à Lorient, à 20 km de là pour se rapprocher de leur travail. Mais là, c'est la déception : pas de bien à louer remplissant leurs critères alors ils se sont résignés à se poser au camping dans leur caravane.

Les locations saisonnières privilégiées par les propriétaires

Une vie sans grand confort, alors qu'ils ont tous les deux un emploi et 3000 euros de salaire mensuel.

Seulement voilà, impossible de trouver dans les villages alentour ce qu'ils avaient en ville. "On avait 60m2 et on se disait qu'on allait retrouver un appartement facilement ici, sauf que c'est un bel échec" et Jason met le doigt sur le problème : "Les logements que l'on voudrait, ils sont loués en saisonnier, pour une semaine ou deux"
Car voilà le hic.

Cette crise du logement post-covid frappe aussi ce petit coin de campagne tranquille.

Cela fait deux hivers que Nathalie Lemée, propriétaire du camping A l'abri de l'océan, accueille une quinzaine de familles. Elle constate que cette tendance s'amplifie "depuis la crise sanitaire car il y a eu énormément de ventes de résidences secondaires et il y a aussi beaucoup de propriétaires qui décident de ne plus louer à l'année et de faire du Airbnb"

Après trois mois à dormir dans une voiture

Pour certains, la situation est encore plus complexe, à l’image de Patrice Rolland. Après une séparation, cet ouvrier intérimaire s'est retrouvé à la rue à 51 ans. Il a dormi trois mois dans sa voiture avant de louer un mobil-home dans ce camping.

Un refuge, une bouée de sauvetage qui a tout changé pour lui : "Je remonte la pente, parce que je mange chaud déjà. Je ne suis plus obligé de démarrer la voiture pour avoir un peu de chauffage. Et moralement, ça va beaucoup mieux. Je suis posé, je suis bien", témoigne-t-il. 

C'est aussi un divorce qui a emmené Julie ici. Pendant quatre mois, elle n'a essuyé que des refus à ses demandes d'appartements ou alors des loyers exorbitants, "du genre 550 euros pour un 16 m2", raconte-t-elle.  Aujourd'hui, elle fait ses cartons. Elle a trouvé un trois-pièces mais à 40 kilomètres de son lieu de travail et de l'école de ses enfants mais c'est le compromis qu'elle a trouvé. 

Comme un petit village

Dans les allées du camping, on croise aussi les recalés de l'achat, qui habitent dans le camping en attendant de trouver un bien. Après avoir vendu leur appartement en ville, ce couple de jeunes parents avait pourtant un bon budget pour acquérir la maison de leurs rêves, mais comme les prix ont explosé, ils ont fait le choix d'habiter avec leur fils dans un camping-car en attendant que les prix baissent.

Une expérience qu'ils vivent finalement comment une aventure : "On tente la vie de famille en mode minimaliste car c'est aussi super chouette d'apprendre à vivre avec le strict nécessaire", témoigne Aurore.

Cet optimisme, ils le puisent aussi dans la convivialité qui règne au camping. Un lieu de vie qui sait créer du lien entre ses habitants. Le vendredi soir, ils partagent ensemble l'apéro organisé par les gérantes. "C'est comme un petit village. Tout le monde se parle, les jeunes, les moins jeunes", raconte Jason. Une grande famille qui se tient chaud au coeur de l'hiver, en attendant de dénicher bientôt un vrai chez soi. 

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