Mal logement en Bretagne : la Fondation Abbé Pierre pointe les effets de la crise sanitaire et défend le "logement d'abord".

Le 1er février 1954, l'Abbé Pierre lançait son célèbre appel sur les ondes. En ce début 2022, La fondation Abbé-Pierre vient de publier son 27eme rapport sur l'état du mal-logement en France. Alors que le quinquennat d'Emmanuel Macron arrive à son terme, la fondation dresse son bilan. Voici l'état des lieux en Bretagne.

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Comme chaque année, la fondation Abbé Pierre publie son rapport annuel sur l'état du mal logement en France. Selon le rapport 2022, 4,1 millions de personnes souffrent de mal-logement ou d'absence de logement personnel. Le nombre de personnes sans domicile en France a doublé depuis 2012 et triplé depuis 2001.

À l’approche de l’élection présidentielle, la Fondation Abbé Pierre dresse un bilan sans concession des politiques sociales et de l’habitat durant ce quinquennat.

Même si certaines mesures conjoncturelles liées au Covid-19 ont été prises par le gouvernement pour les personnes mal logées et précaires, des réformes et restrictions financières conséquentes sont venues fragiliser tout le secteur du logement.

En Bretagne, même si la région se lance dans quatre territoires de mise en œuvre accélérée du « Logement d’abord », saluée par la Fondation, jamais le secteur de l’habitat et les réponses aux plus modestes n’ont été aussi fragiles :

  • engorgement de l’accès au 115 (+ 67 % en trois ans en Ille-et-Vilaine),
  • pérennisation de campements et squats, augmentation des prix de l’immobilier sur tous les territoires
  • fortes difficultés récentes du secteur HLM (explosion de la demande de 14,5 % en un an, programmation de logements sociaux en recul de 6,7 % en un an, augmentation de 30 % des coûts de production, etc.).

Ces difficultés actuelles, si elles ne sont pas solutionnées rapidement et collectivement (État, territoires, opérateurs, associations), vont faire plonger durablement notre région dans un mal-logement massif, que les acteurs publics avaient jusqu’alors pu contenir, soutient la fondation dans son rapport.

Ménages pauvres : disparité selon les départements

La Bretagne , selon des sources de l'INSEE de 2018, compte 10,9% de ménages pauvres, avec un taux plus élevés dans le Morbihan (11,2%°) et 11,7 dans les Côtes-d'Armor. Avec 12% de logements sociaux dans le par des résidences principales, notre région est la moins bien dotée.

L'hébergement d'urgence 

En 2019, 11 868 personnes différentes sans domicile (constituant 7 912 ménages) ont fait une demande d'hébergement d'urgence

Ces statistiques à l'échelle de la région masque des évolutions locales comme en Ille-et-Vilaine où le nombre de personnes en demande d'hébergement a augmenté de 67% depuis 2016 avec différentes explications :

  • l'augmentation du nombre de personnes et de famille qui contactent les services d'hébergements d'urgence des sans domicile,
  • l'augmentation des durées d'attente avec d'accéder au logement
  • le fonctionnement de l'accueil de nuit dont les orientation sur les places disponibles sont désormais comptabilités par le 115.

En moyenne, le taux de réponse positive à une demande d'hébergement d'urgence en Bretagne est de 62%. Au dernier état des lieux, la Bretagne compte 2 118 places d'hébergement dont les deux tiers se situent dans le département d'Ille-et-Vilaine et du Finistère.

Le logement social sous pression

Dans les facteurs de mal logement, la fondation Abbé Pierre souligne également les difficulté d'accès au logement social. Ainsi, depuis 2016, le nombre total de demandes de logement social a augmenté de 31% en Bretagne.

Plus de la moitiés des demandeurs sont des personnes seules. et le tiers vivent dans des foyers monoparentaux. Relativement jeunes ( 3 ménages sur 10 ont moins de .30 ans), ils ont des revenus très modestes.

En parallèle de la hausse des demandes, le nombre des attributions diminue ( - 3465 attributions par rapport à 2019).

L'impact de la crise sanitaire sur le mal-logement

En bretagne, la crise sanitaire a durement touché les personnes sans-abri, fortement dépendantes des structures proposant des services d'aide alimentaire, de vestiaire et d'hygiène, dont une partie a été fermé au début du 1er confinement. 

Dans ce contexte, il a été noté un accroissement des phénomènes de décohabitation pour les jeunes en augmentation et une augmentation des femmes victimes de violence.

Sur les impayés de loyers et de charges, les acteurs du logement social s'accordent par ailleurs sur le fait que les ménages les plus impactés ont été ceux dont les ressources dépendaient de contrats intérimaires ou à durée déterminée, qui ont brutalement chuté au moment des confinements.

Dans les zones rurales, comme dans le centre Finistère, cela à concerné par exemple des travailleurs précaires du secteur de l'agro-industrie. Ils constituent ces nouveaux profils de locataires en difficulté qui arrivaient auparavant à régler leur loyer.

Des dispositifs dans l'urgence

Face au contexte de la crise sanitaire, des mesures d'urgences ont été mises en place pour compenser des pertes de revenus survenues pendant les confinements : ils ont joué un rôle d'amortisseur de la crise et permis de prévenir certains impayés de loyer ( échéance chez les bailleurs sociaux etc..)

La trêve hivernale a été prolongée jusqu'au 31 mai 2021, retardant les expulsions, 

l'ordonnance du 25 mars 2020 a permis de retarder les effet de commandement à payer et de pourvoir trouver des solutions à l'amiable sur une période prolongée.

Les conséquences de la crise sanitaire sur les ménages commencent toutefois à se faire sentir. La fondation Abbé Pierre le constate a travers la hausse des demandes d'aides pour impayés de loyer et d'énergie dans le cadre de son dispositif Appels de détresse.

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