Plusieurs dizaines de manifestants se sont rassemblés ce 6 mai pour protester contre l’escale d’un paquebot dans le port de Douarnenez. Ils dénoncent un tourisme qui pollue et détruit la planète. Seuls quelques croisiéristes ont pu débarquer et aller découvrir la ville. Cet après-midi, ils ont regagné le navire sous escorte policière.
"Nik le luxe", "Fuck you rich people"… en quelques pancartes, le ton est donné.
Ce 6 mai, le SilverWind devait accoster à Douarnenez pour que ses 274 passagers puissent découvrir la ville et ses environs. Le paquebot "à la fois spacieux et intime, garantissant l’une des meilleures expériences de croisière de luxe jamais offertes" vante la compagnie Silversea sur son site dispose à son bord d'une piscine, d'un spa, d'une salle de concert, d'un espce de fitness.
C’était sans compter sur les manifestants de Sémaphore Douarnenez venus accueillir à leur façon ses passagers. "Je n’ai pas envie que les riches continuent de polluer la planète. S’ils ont de l’argent, ils peuvent faire des choses positives pour l’environnement plutôt que de venir dans la baie et polluer, s’agace une jeune femme. On n’a pas envie de les voir. Ce genre de bateau, c’est extrêmement polluant et ils sont fabriqués par des gens qui sont exploités."
Des passagers bloqués en mer
Résultat, seule la moitié des passagers a pu partir en excursion, les autres ont rebroussé chemin." Ils ont subi des insultes assez dures déplore Axel Lebrun, de l’agence de voyages BLB, alors que ce sont pour la plupart des personnes âgées."
"On paye pour les paquebots qui naviguent en Méditerranée et les excès d’hier. Ici, nous ne sommes pas sur le même profil de navire. Ils n’ont pas de fuel lourd. Les bateaux qui viennent à Douarnenez respectent l’environnement. Le Silverwind fait le Grand Nord, il doit donc respecter des consignes très strictes. Les manifestants se trompent de cible", analyse-t-il.
"La venue d’un bateau de tourisme, c’est une manne économique pour la ville et c’est désagréable d’accueillir ainsi des croisiéristes, regrette aussi Dominique Boucheron, premier adjoint à la mairie de Douarnenez. Quelle image ces gens vont ramener de la ville ?"
En 2023, sept escales de Douarnenez sont programmées dans le port.
Protestations contre la manifestation
Symboliquement, certains commerçants ont affiché des panneaux "A vendre" sur leurs boutiques pour protester contre la manifestation. "J’en ai ras le bol des anti tout, s’énerve Mikaël Gloaguen, co-président de l’association des commerçants de Douarnenez. Ce matin, la boulangerie d’à côté avait fait deux fois plus de kouign aman, des sandwichs… qu’est ce qu’elle va en faire ? La majorité des commerçants me disent qu’ils ont des retombées quand un bateau s’arrête… Moi, j’ai des cartes postales, des mugs, des magnets pour les touristes. Aujourd’hui, je n’ai rien vendu."
En milieu d’après-midi, les croisiéristes qui ont pu mettre pied à terre ont regagné leur bateau sous l’escorte des gendarmes. Les manifestants les attendaient. "Je ne comprends pas, nous ne tuons pas des baleines, et nous ne détruisons pas l’environnement", s’étonne une touriste australienne.
Juliette voit dans sa réponse une partie du problème. "Peut-être que les gens ne se rendent pas compte que leurs actions ont un impact sur l’environnement, explique-t-elle. Individuellement, ils peuvent se dire, moi, si je voyage une fois dans ma vie en paquebot, qu’est-ce que ça change ? Mais là, la planète, elle fonce droit dans le mur. Je ne suis pas contre le fait de voyager, d’aller visiter des lieux, rencontrer des gens, mais il y a des façons de le faire."
Ce soir, les croisiéristes sont remontés dans leur bateau, les manifestants les ont regardé prendre le large. Un nouveau paquebot est attendu à Douarnenez à la fin du mois.
(Avec Claire Louet)