Dans le Top 10 des métiers en tension selon Pôle Emploi, les couvreurs peinent à trouver des bras

Charpentier, couvreur, tuyauteur... Les métiers du bâtiment sont majoritaires en tête du classement des métiers en tension publié par Pôle Emploi. Mais les médecins figurent aussi en 6ème position. Témoignages de professionnels qui galèrent à recruter.

"Je n'ai que deux bras et deux jambes !" Il a beau être perché à une dizaine de mètres de haut, Joé Philippe garde les pieds sur terre et la tête froide.

En pleine intervention sur une maison de Pont-de-Buis-lès-Quimerch, dans le Finistère, le jeune couvreur ne nie pas la réalité : "Là par exemple, la personne a attendu à peu près un an pour qu'on vienne refaire sa toiture : c'est énorme, surtout quand on a une fuite dans sa toiture, on aimerait que ce soit réparé rapidement... Mais on ne peut pas être partout à la fois !"

Seul un poste sur cinq pourvu

Ce professionnel qui a monté son entreprise de couverture il y a six ans est loin d'être un cas isolé. Faute de main-d'œuvre, ses délais ne cessent de s'allonger. Comme lui ses confrères galèrent à recruter.

Selon Pôle Emploi, pour 5 postes à pourvoir, les employeurs ne trouvent qu'une seule personne. Comme chez les géomètres, 81,9% des couvreurs peinent à recruter. C'est aussi le cas des charpentiers (83,3%) des tuyauteurs (81,3%) des régleurs (77,8%)... Cinq des dix métiers en tension repérés par Pôle Emploi relèvent du bâtiment.

Une liste dans laquelle apparaissent les médecins en 6ème position, ainsi que les aides à domicile et aides ménagères au 8ème rang.

Pénibilité du travail, manque de reconnaissance, salaires trop bas, horaires difficiles ? Les raisons de cette "pénurie" sont nombreuses et différentes selon les métiers mais dans le bâtiment, beaucoup rencontrent les mêmes difficultés. 

"Relance d'activité dans le bâtiment"

Depuis le premier confinement, l'activité est repartie à la hausse. Les professionnels n'hésitent pas à parler de "relance" dans le bâtiment. Selon la Capeb (Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment) le marché du logement neuf a marqué une hausse significative en Bretagne (+19%) au 2e trimestre 2021.

Les carnets de commande sont bien remplis : "Dans certains métiers, comme la couverture, les entreprises enregistrent plus de 7 mois d’activité." Joé Philippe par exemple, pourrait embaucher deux autres salariés. Mais les candidats manquent à l'appel et les matériaux tendent à manquer ces derniers mois.

Refuser des chantier, un crève-cœur incontournable

Malgré les heures supplémentaires effectuées, le manque d'ouvriers et le départ à la retraite de professionnels non remplacés obligent certains professionnels à refuser des chantiers. "Je fais un tri énorme dans ce que je prends. J'ai pas le choix, sinon je ne pourrai pas répondre," constate à regret Ewen Arlabone, un autre couvreur finistérien.

"Je me suis déjà posé la question de réduire les effectifs, poursuit-il. Etre seul, et ne faire que des petits trucs que les grosses boîtes ne font pas. Ca ferait mal après tout l'investissement que j'ai mis depuis cinq ans, ça me ferait un peu mal quand même..."

La solution est-elle dans la formation ? L'idée fait son chemin chez ces deux couvreurs, mais cela suppose de consacrer du temps aux apprentis. Du temps et donc de l'argent... En attendant pour aider ces jeunes entrepreneurs, Pôle Emploi organise régulièrement des journées découvertes.

En parallèle, le Comité de concertation et de coordination de l’apprentissage du bâtiment et des travaux publics (CCCA-BTP) constate lui que les attentes des apprentis évoluent : responsabilité sociale et environnementale, sensibilisation à l’entrepreneuriat, travaux portés sur la prévention… Plusieurs pistes sont explorées par les entreprises du bâtiment et des travaux publics, pour faire évoluer les formations et attirer les jeunes vers leur secteur.

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