Dépistage du coronavirus : comment faire face à une demande croissante ?

Le gouvernement insiste sur l'importance du dépistage face à l'épidémie de coronavirus. Alors que ce dernier peut désormais être pratiqué sans ordonnance, le terrain se heurte à l'afflux des demandes. Pas toujours facile de réguler les priorités notamment pour les laboratoires en première ligne.

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Gilles devait partir chez ses parents. Âgés, ces derniers ont affiché leur inquiétude face à l'épidémie de coronavirus. Il a donc décidé de se faire tester, par précaution. Asymptomatique, il se met en quête d'un laboratoire pour se faire dépister. "J'en ai appelé quatre, j'ai essuyé des refus parce que je n'avais pas d'ordonnance" explique t-il. A l'heure où nous le contactons, un décret est pourtant passé, autorisant les prélèvements sans prescription, gratuitement. Il finit par avoir un rendez-vous au bout de quelques jours. Il reçoit une fiche de renseignements à remplir qu'il devra impérativement présenter sur place. On lui annonce un délai de 72 heures pour les résultats. Il les aura en fait quatre jours après. Négatif. 

Pauline a elle une ordonnance. Elle tousse, a le nez pris et se sent fatiguée. Comme Gilles, elle a du mal à trouver un laboratoire facilement. "Certains me proposaient un rendez-vous la semaine suivante alors que c'était plutôt urgent parce que je me retrouve en arrêt de travail. Je vis aussi en colocation donc j'avais besoin que ce soit rapide." Elle obtient un créneau deux jours après sa consultation chez son médecin. Contrairement à Gilles, les résultats tombent très rapidement, sous 24 h heures à peine. Elle est négative également. 


"La difficulté c'est de prioriser, parce que tout le monde est prioritaire"


Au sein du laboratoire finistérien Eurofins, la cadence des prélèvement a clairement vu une augmentation. "Au 25 juillet, on était à 1000 tests par jour, contre 300 le 10 juillet" confie Jacques Bescon, le président d'Eurofins Bretagne. "On manque de certains consommables, on est par exemple à flux tendu sur les écouvillons, les cônes des pipettes pour l'extracteur de l'acide nucléique." Les machines d'analyse tournent à plein régime pour le Covid. À Châteaulin, il y en avait une au départ. Une seconde est arrivée fin juin. Chacune permet de traiter 800 tests par jour. Une troisième doit arriver mais les délais sont long : deux mois. "Il faut aussi se rendre compte que certains autres tests que nous faisons habituellement sur ces machines ne peuvent pas avoir lieu comme d'habitude, notamment pour les IST (infections sexuellement transmissibles)."
 

On vit au jour le jour, la situation n'est jamais prévisible

Jacques Bescon, laboratoire Eurofins

Du côté du personnel, les amplitudes horaires ont été élargies, parfois jusqu'à 22 heures pour certains salariés. "On a renforcé les effectifs" dit Jacques Bescon "mais on a des difficultés à recruter, car les gens doivent être formés. Au sein de notre personnel, il y a les congés mais aussi des gens qui sont à risques donc qui ne peuvent pas être là." 

L'activité voit une réorganisation. "Nous avons dédié une partie de l'accueil au Covid. Cela prend énormément de temps : 10 minutes par personnes d'entretien, imaginez cela pour 1000 personnes par jour..." Pour désengorger les lignes téléphoniques, la prise de rendez-vous se fait aussi en ligne. Actuellement le délai de réponse varie de 24 h à 36 h. "On cumule tout de même un léger retard" note Jacques Bescon. 

La principale difficulté pour les laboratoires : comment prioriser les tests ? "Tout le monde est prioritaire, les voyageurs qui prennent l'avion, ceux qui vont se faire opérer, les personnes symptomatiques..."
 

C'est une organisation éprouvante, il faut s'adapter en permanence à l'épidémie

Bruno Leray, biologiste Laborizon Bretagne

Bruno Leray officie à Redon et partage le même constat que son collègue finistérien. Dans son laboratoire, de nombreux changements ont eu lieu. 
 


Les professions libérales mobilisées


Le dépistage n'est pas réalisé que par les laboratoires eux-mêmes. Les infirmières libérales participent à ce dispositif. Au centre de dépistage à Combourg, les professionnels du domicile se relaient pour assurer les prélèvements, sur la base du volontariat, en plus de leurs tournées habituelles.
Loëtitia Collaudin, coordinatrice CPTS Bretagne Romantique, Pays de Dol et de la Baie du Mont-Saint-Michel (Communauté professionnelle territoriales de santé) et directrice du centre de soins Joséphine Le Bris constate que "les créneaux se remplissent vite". Pour la semaine du 27 juillet au 2 août, entre 400 et 500 prélèvements ont été effectués.

Ici, un manque de matériel se fait sentir, au niveau des gants par exemple. "Nous sommes ouverts trois fois par semaine, uniquement sur rendez-vous. Il y a toujours une grosse partie administrative à gérer. On ne peut pas plus parce que l'on n'a pas assez d'effectifs, comme il s'agit de volontariat. Plus on sera nombreux à le faire, moins on sera épuisés si la situation évolue." 

Selon l'Agence régionale de santé, depuis le 4 mai 2020, 154 758 tests PCR ont été réalisés en Bretagne, dont 30 798 sur la dernière semaine, du 27 juillet au 2 août 2020, soit une évolution de + 5,5 % par rapport à la semaine précédente.

 
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