Loin des recours en justice et de toute contestation, un projet de parc éolien porté par des agriculteurs et soutenus par les collectivités se heurte à l'explosion des coûts de fabrication et d'installation des éoliennes.
Permis de construire accordé, absence de recours, tout semblait sur les rails… Pourtant, à Edern, le programme de construction des 6 éoliennes a du plomb dans l'aile.
Quand les citoyens sont impliqués dans les projets éoliens
En novembre dernier, un collectif d'agriculteurs et de riverains soutenus par la région et l'intercommunalité de Quimper détaillait le projet, précisant que les habitants qui le souhaitent pouvaient rejoindre l'initiative en investissant, eux aussi.
Il se réjouissait de pouvoir prochainement lancer les travaux du parc, pour une mise en service fin 2024.
À un peu plus de 200 mètres d'altitude, le site choisi paraît idéal pour implanter des éoliennes, dont le mât ne dépassera pas 45 mètres de haut : les parcelles agricoles qui les accueilleront sont perchées sur une colline et elles appartiennent aux agriculteurs, qui pourront continuer à y cultiver, autour des éoliennes, des céréales pour leurs vaches et cochons.
Le paradoxe : la rentabilité a chuté
Mais l'inflation qui perdure a changé la donne. "Depuis un an et demi, nous observons que le coût des matériaux et le coût d'installation de nos futures éoliennes a quasiment augmenté de 30%, ce qui fait que la rentabilité de notre parc est aujourd'hui nulle", constate Pascal Chaussec, président de la société Energies Glazik, une société par action simplifiée (SAS), constituée par les quatorze fondateurs du projet, agriculteurs et riverains.
Le tarif de rachat de l'électricité s'avère aujourd'hui beaucoup trop bas au regard de l'investissement, environ 10 millions d'euros, pour construire le parc. Le collectif a donc écrit aux ministres, députés et sénateurs pour réclamer une revalorisation du prix de rachat de l'électricité, bloqué depuis 5 ans. Il faudrait qu'il passe de 7 à 10 centimes/kwh.
Projet de loi d'accélération sur les énergies renouvelables
Les porteurs de projet espèrent être entendus par les représentants de l'Assemblée nationale qui votent en ce moment le projet de loi relatif à l'accélération de la production d'énergies renouvelables.
En début de semaine, le 24 janvier 2023, se tenait justement la Commission Mixte Paritaire (Assemblée et Sénat), chargée de trouver un compromis autour du projet de loi en faveur du développement des énergies renouvelables.
Composée de 7 députés et 7 sénateurs, dont la sénatrice du Finistère Nadège Havet, l’instance est parvenue à un accord sur des points cruciaux, mais qui ne concernent pas le tarif de rachat de l'électricité produite.
Au menu : pouvoir des élus pour définir les zones prioritaires d'implantation, partage avec les territoires de la valeur générée par les installations, cadre pour le développement de l'agrivoltaïsme ... Contactée la sénatrice du Finistère Nadège Havet annonce qu'elle a fait suivre la requête d'Energies Galzik au ministère de la Transition énergétique. Par ailleurs, le prix de rachat de l'électricité produite pourrait être réévalué, lors de l'examen de la loi de programmation pluriannuelle de l'énergie, qui aura lieu avant l'été prochain.
Si elles finissent par sortir de terre, les six "petites" éoliennes devraient produire un mégawatt chacune. Ce qui permettrait de rendre la commune d'Edern, 2250 habitants, totalement autonome en électricité, puisqu'elle en produira deux fois plus qu'elle n'en consomme.
(Avec Claire Louet)