Pendant la Seconde Guerre mondiale, la commune du Gouesnou est victime d'un massacre de civils par des soldats allemands. Le maire de la ville a décidé de co-financer la thèse d'un étudiant en histoire afin d'en savoir plus sur ces crimes.
La commune de Gouesnou dans le Finistère garde les séquelles d'un lourd passé. En août 1944, Brest est occupé par les Allemands et s'apprête à être assiégé par les forces alliées. Pour des motifs encore inexpliqués, des habitants de Gouesnou sont pris au hasard, dont des femmes et des enfants puis tués à coups de fusil dans le corps de ferme de Penguerec. Il y aura 42 victimes au total, dont neuf inconnus.
En 2004, soixante ans plus tard, personne n'avait oublié. Marie-Claude, trois ans à l'époque des faits a perdu son père et son grand-père.
Un reportage de 2004, de A. Castier, S. Secret, PY. Cheval / avec Marie-Claude Le Vey, Antoinette Guiriec "Les amis du patrimoine de Gouesnou"
Une thèse pour éclaircir les circonstances de ce massacre
Initiative singulière, la commune de Gouesnou va co-financer la thèse de Dimitri Poupon étudiant en histoire à l'UBO de Brest afin d'éclaircir les circonstances de ce massacre. Son travail doit débuter en octobre prochain, pour trois ans et coûtera 48 000 euros à la municipalité. Pour le maire Stéphane Roudaut, cet investissement est important : "Je me rends compte que c'est un événement qui a marqué, toujours présent. Des familles se sont construites autour de ce massacre. On en parle à chaque repas de famille."
Il y a une nécessite de transmettre cette mémoire locale, pour donner des clés sur ce qu'il s'est passé à l'époque et sur ce qui arrive maintenant.
Plusieurs aspects seront développés dans cette thèse : "On doit expliquer les circonstances, comprendre le contexte" souligne Stéphane Roudaut, détailler "la place de Gouesnou dans la Seconde Guerre mondiale et la place de Gouesnou dans la ceinture de défense de Brest." Viendra ensuite le temps des questions autour des massacres. D'autres ont eu lieu dans la région comme à Plouvien.
Le maire tient à préciser "on n'orientera pas son travail, c'est lui qui fera ses recherches." Une seule exigence pourtant : une restitution une fois par an sous forme de conférence et des interventions dans les écoles.
Depuis cette décision, des témoignages affluent déjà, de Cholet, du Morbihan. De nombreuses questions restent en suspens : qui sont les neuf inconnus ? Qui a donné l'ordre ? Pourquoi des civils ont-ils été assassinés ? Le plus jeune avait 16 ans rappelle Stéphane Roudaut.