Grippe aviaire. La Bretagne compte 10 foyers avérés dans des élevages et d'autres sont "fortement suspectés"

Avec le foyer de grippe aviaire découvert à Taulé, près de Morlaix, samedi 12 novembre 2022, la Bretagne enregistre, à ce jour, dix foyers épidémiques avérés, tandis que deux élevages supplémentaires sont "fortement suspectés" d'avoir été contaminés. Le virus, qui décime chaque année des élevages et des oiseaux sauvages, est désormais considéré comme endémique et alarme les autorités vétérinaires.

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"Un élevage à Tréguidel, qui normalement présente une faible mortalité, et qui perd 50 poulets en quelques heures, ce n'est pas bon signe"  s'inquiète Virshna Héng, directeur adjoint de la Direction de la protection des populations (DDPP) des Côtes-d'Armor, ce lundi 14 novembre.

Tréguidel, entre Saint-Brieuc et Paimpol, pourrait allonger la liste des secteurs concernés par la grippe aviaire en Bretagne: dix sont recensés par le Ministère de l'agriculture au 10 novembre 2022, et deux autres foyers, dont Tréguidel, pourraient venir s'ajouter d'ici demain, une fois analysés les prélèvements sur les poules. 

Les règles de sécurité pourraient se durcir

La voix teintée d'une réelle inquiétude, le responsable du service vétérinaire des Côtes-d'Armor, premier département producteur d'œufs en France, annonce qu'"au vu de l'accélération des contaminations ces dernières semaines, nous allons probablement devoir être encore plus contraignants sur les mouvements de volaille".

Au plan national, le niveau de risque a été relevé de "modéré" à "élevé" sur l'ensemble du territoire métropolitain. Depuis le 11 novembre 2022, toutes les volailles doivent être "mises à l’abri" sur l‘ensemble du territoire, et les rassemblements de volailles sont interdits. À la date du 11 novembre, le ministère de l'agriculture dénombrait 52 foyers de contamination confirmés en élevage, depuis le 1er août 2022.

Périmètre de 10 km

Même s'ils peuvent légèrement varier d'un département à l'autre, les arrêtés préfectoraux, qui se succèdent au rythme de la découverte de nouveaux cas de grippe aviaire, établissent tous "une zone de surveillance", un périmètre d'un rayon de 10 km autour de l'élevage contaminé. Dans ces secteurs, les volailles doivent en priorité restées strictement confinées.

Transmis par des oiseaux sauvages contaminés, le virus IAHP pourrait aussi se propager avec le vent, d'après une étude en cours en Vendée, dont les élevages ont été décimés en 2021 et qui a détecté, depuis un mois, douze foyers confirmés d’influenza aviaire. 

Les déplacements des volailles circonscrits

Référent grippe aviaire à la Chambre d'agriculture de Bretagne, François Kerscaven rappelle les autres règles que les éleveurs doivent observer en cas de foyer confirmé à proximité. "On nous demande de limiter les passages: seuls les gens strictement nécessaires à l'activité des élevages sont autorisés à s'approcher des élevages."

Pas question de mettre un pied sur l'exploitation de cet éleveur de dindes à Taulé, près de Morlaix dans le Finistère, dans la commune-même où un foyer de grippe aviaire a été découvert au sein d'un élevage de poules pondeuses ce samedi 12 novembre

Dans un rayon de 3 km autour de l'élevage touché, aucun mouvement de volaille n'est autorisé. Et à 10 km à la ronde, les éleveurs doivent attendre la visite du vétérinaire et les résultats de ses prélèvements pour s'assurer que l'élevage n'est pas contaminé, avant de pouvoir faire sortir les animaux pour les vendre. 

Œufs et lisier à demeure

De même, les œufs, s'il s'agit d'un élevage de poules pondeuses, et le lisier de volaille, doivent rester sur l'exploitation tant que les contrôles sont en cours. Le lisier, en particulier, doit rester bâché pour une période de 42 jours, au terme de laquelle le virus sera devenu inopérant. 

Enfin, il n'est provisoirement pas autorisé d'installer des poussins ou des jeunes poulets dans les élevages qui ont vendu leur production et se retrouvent vides. Certains éleveurs peuvent ainsi rester sans activité s'ils sont dans le périmètre d'un foyer de contamination. 

Des renforts attendus chez les agents de la DDPP 

Pour contrôler le respect des règles, et répondre aux demandes de laissez-passer des volailles concernées par les périmètres de sécurité, la Direction de la protection des populations des Côtes-d'Armor forme actuellement des agents d'autres services pour qu'ils rejoignent la quinzaine de fonctionnaires du service de la Protection animale du département.

Abattage

Les Côtes-d'Armor, dont certains élevages atteignent jusqu'à 100.000 poulets sur un même site, voit aussi les opérations d'abattage se multiplier.

Lorsque l'élevage ne dépasse pas 4.000 volailles, généralement des canards, ces derniers sont tués par injection léthale par les agents de la DDPP eux-mêmes. A Saint-Juvat, où 40.000 poules pondeuses ont été abattues le 9 novembre 2022, il a fallu en revanche faire appel à une entreprise spécialisée, qui fournit les caissons à CO2 où sont asphyxiées les poules.  

"Dépeuplées" comme le disent sobrement les préfectures lorsqu'elles parlent d'abattage, ou retardées dans leur mise en élevage de poussins, les filières de la volaille en Bretagne se révèlent sous tension. Ce qui fait craindre des pénuries, notamment d'œufs. 

A terme, l'épizootie pourrait ainsi pousser à importer des œufs, un aliment jusqu'ici acheté localement, hormis dans l'industrie agro-alimentaire.

 

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