Un rapport rédigé par Erwan Balanant, député MoDem du Finistère dresse un état des lieux sur le harcèlement scolaire et le cyberharcèlement. Il émet 120 propositions pour lutter contre et revient sur quelques unes d'entre elles.
Erwan Balanant, député MoDem du Finistère vient de publier un rapport sur le harcèlement scolaire et sur la place des pratiques numériques qui renforce voire aggrave le phénomène. L'élu est déjà sensibilisé sur le sujet. Il a notamment fait passer un amendement sur le droit à une scolarité sans harcèlement et sans violences, en juillet 2019. Pour ce rapport, il a réalisé un travail dès novembre dernier, basé sur des études, des entretiens et rencontres.
En France, 10 % des élèves en moyenne sont victimes de harcèlement, soit environ 700 000 élèves, ce qui représente deux à trois enfants par classe. En primaire, 12 % des élèves sont touchés, contre 10 % au collège et 4 % au lycée.
Ce qui est notable, c'est que le harcèlement est un phénomène dont on parle davantage depuis ces dix dernières années, il y a une prise de conscience
"L'importance des réseaux sociaux dans les cas de harcèlement est frappante", explique-t-il. "Le harcèlement peut commencer en ligne et continuer dans la vraie vie. Ou commencer au quotidien et se poursuivre sur les réseaux." A noter que les filles sont plus concernées que les garçons, par le cyberharcèlement.
Les enfants sont équipés de plus en plus tôt par leurs parents de supports numériques. En 2013, 12,1% des élèves avaient leur premier portable à 10 ans, contre 15,9% en 2016. Ils étaient 31,6% à l'obtenir à 11 ans en 2013, contre 38,2% en 2016.
Dans le cas du cyberharcèlement, tout va plus vite, plus fort. "La question de la viralité est importante. Tout prend des proportions au-delà de l'enceinte de l'école, en France, voire dans le monde. Avec le cyberharcèlement, vous n'avez aucune respiration, vous êtes acculé constamment, même chez vous."
120 propositions de lutte
120 propositions c'est beaucoup, mais Erwan Balanant invoque qu'il faut une réponse globale, qu'il fallait détailler les solutions possibles. "C'est un phénomène protéiforme et endémique", insiste-t-il.
Pour lui, il s'agit d'abord de "développer et généraliser les bonnes pratiques et les politiques publiques". Il évoque notamment le programme "clé en main", une expérimentation en cours dans six académies, dont celle de Rennes. Ce programme prévoit des équipes ressources, 10 heures d’apprentissage par an pour les écoliers et les collégiens ainsi que des kits d’information destinés aux parents.
La formation, l'accompagnement restent des priorités selon lui, celle des enseignants, des parents. "Il y a une réalité à appréhender. Il faut que les adultes prennent cette question en main, appréhendent les réseaux sociaux sur lesquels vont les enfants."
Il aimerait aussi qu'un délit de harcèlement scolaire soit inscrit dans la loi. "Ce serait un geste fort, définir un interdit, avec des sanctions. On a créé le harcèlement sexuel, au travail...Ce serait pertinent d'y ajouter le harcèlement scolaire."
Le ministère de l'Education nationale Jean-Michel Blanquer devrait s'appuyer sur le rapport d'Erwan Balanant et proposer de nouvelles mesures rapidement.
Nous combattrons jusqu’au bout le harcèlement scolaire!
— Jean-Michel Blanquer (@jmblanquer) October 13, 2020
Merci à @erwanbalanant pour ce rapport très important sur un sujet essentiel.
Nous prendrons en compte ses propositions pour une nouvelle étape dès le mois prochain de notre action contre ce fléau: https://t.co/mVOrT3Wsm9
Le député Finistérien a encore d'autres ambitions. "On aimerait à terme qu'il y ait, tous les ans, un baromètre sur le harcèlement scolaire et le climat dans les écoles"