Point culminant de la Bretagne, les monts d'Arrée sont assez mal connus. C'est pourtant un paysage saisissant qui mérite le détour. Certains viennent même de loin pour s'y installer.
Traverser cette terre de landes pour aller du Nord au Sud de la Bretagne est un voyage qui ne laisse jamais indifférent, quelle que soit la saison, quelle que soit la lumière. Qualifié de « désert habité » par certains, de « terre ingrate » par d'autres, c'est surtout un lieu foisonnant d'idées et de résistance. C'est là qu'ont choisi de s'installer les Jacob, des paysans fromagers.
Comme dans les alpages
Après une première expérience comme ouvrier agricole, il est très vite mal à l'aise avec la production de masse et décide de vivre une expérience à Manigod en Haute-Savoie.Cet été dans les alpages confirmera son envie de se lancer dans la fabrication à son retour en Bretagne. Ici il n'y a aucune tradition fromagère, l'idée est jugée « farfelue ».
Il choisit de s'installer dans les Monts d'Arrée, « une terre d’émancipation où on peut oser, créer des choses. Il y avait encore un peu de place…… C’était le bon coin. » se souvient Alain Jacob.
Il commence d'abord avec la race Montbéliarde qu'il croisera avec des vaches d'Abondance.
25 ans plus tard, il a prouvé qu'il avait raison. Sa petite exploitation est viable. Il se sent reconnu pour son travail. Il se sent paysan, tout simplement. Dans la cave où s'affinent ses tomes et raclettes, qu'il retourne régulièrement.
"On est sur un modèle assez simple… ça créée de l’emploi, ça crée du bonheur" Alain Jacob.
Pour le territoire
Il favorise la vente en circuit court. Sa femme Pascale vend les produits de la ferme au marché mais également dans une épicerie de producteurs locaux. « Pourquoi aller plus loin, les habitants ici ont aussi le droit de manger des bons produits ! » assure-t-elle.
Il y a quelques années, leur fils Armel a rejoint l'exploitation. Il élève une race ancienne de cochons, les porcs blancs de l'Ouest. En petite quantité, mais cela lui suffit. Les bêtes paissent au pied du Mont St Michel de Braspart. Le cadre est rêvé. La relève assurée.
Comme cette famille, les habitants des Monts d'Arrée sont nombreux à créer, innover, bouillonner d'idées. L'écrivain Hervé Bellec leur a rendu hommage dans un livre consacré aux Monts d'Arrée. « C'est un pays qui se meurt et paradoxalement qui accueille ici ou là des îlots de résistance. »
Et de conclure : « Il faut se perdre, et une fois qu’on s’est perdus on peut être certains d’être dans les Monts d’Arrée. »Les Monts d'Arrée, c'est « bien plus qu'un paysage, c'est une façon de voir la vie. »