La justice ouvre une enquête sur l'extension de la "méga porcherie" Avel-Vor de Landunvez

Le pôle régional spécialisé sur les questions d’environnement, installé à Brest, ouvre une enquête préliminaire sur le dossier de la porcherie aux 12 000 cochons de Landunvez dans le Finistère. Après plusieurs victoires devant le tribunal administratif qui n’avaient pas été suivies d’effets, l’association des opposants à l’extension de cet élevage industriel avait décidé de porter plainte contre X pour mise en danger de la vie et de la santé d’autrui.

"On a rédigé un dépôt de plainte que l’on a envoyé au procureur et que l’on a déposé à la gendarmerie de Saint-Renan en novembre dernier, explique Laurent Le Berre, président de l'Association pour la protection de la côte des légendes (APPCL). On avait déposé une plainte contre X pour mise en danger de la vie et de la santé d’autrui mais ce n’est pas le tout de déposer, il faut que le procureur s’en saisisse. On avait toujours la crainte que notre plainte reste sur un bureau, sous la pile."

Ce 13 janvier, il commence à espérer, car le pôle régional spécialisé en matière d’atteinte à l’environnement, qui s’est installé à Brest en octobre 2021, vient d’ouvrir une enquête préliminaire, comme l'a révélé le journal Le Télégramme. (Article payant)

"On n’en est qu’au stade de l’enquête préliminaire, mais c’est une bonne nouvelle " se réjouit aussi Armelle Jaouen, la porte-parole du collectif Stoppons l’extension d’Avel-Vor.  

"Jusqu’à présent, on n’a travaillé qu’avec le volet administratif de la justice et même si on gagnait, les préfets passaient au-dessus des décisions. Ils ne tenaient aucun compte des jugements. On dépensait beaucoup d’énergie, de temps et d’argent pour une chose qui ne servait finalement à rien. On gagnait mais les cochons étaient là et bien là", déplorent les deux opposants. "On a gagné en 2019, en 2021, mais 3 000 cochons supplémentaires sont sur place depuis 2017. "

La justice administrative a été piétinée par les préfets

Armelle Jaouen,

Porte-parole du Collectif "Stoppons l’extension d’Avel-Vor"

"La justice administrative a été piétinée par les préfets qui cèdent à la pression du milieu économique s’indigne Armelle Jaouen. J’espère que ce ne sera pas le cas de la justice pénale". 

Une plainte pour mise en danger de la vie d’autrui

"Cette porcherie, c’est un véritable danger" relate Armelle Jaouen. Jusqu’en 2016, elle abritait près de 9 000 animaux. L’exploitant a alors déposé un dossier d’agrandissement pour passer à 12 000. Elle produit aujourd’hui 27 000 porcs charcutiers par an. 

"L’eau est polluée par les nitrates et les produits phyto, alerte Armelle Jaouen. Ce sont quelques 6 tonnes de lisier qui sont épandues par jour. Dans les cours d’eau, c’est un véritable cocktail de pesticides et on ne sait pas quels effets tout cela aura sur notre santé. "

Elle s’inquiète d’autant plus que la qualité de l’air souffrirait aussi de la présence de tous ces cochons. "L’air est lui aussi pollué, poursuit la militante. Le bourg, l’école, se trouvent à 300 mètres de la porcherie. Dans les classes, on doit ouvrir les fenêtres pour aérer. Mais si on ouvre pour respirer de l’ammoniac et des particules fines, ce n’est pas génial. 33 tonnes d'ammoniac retomberaient sur le sol de la commune chaque année. Et ça non plus, on ne sait pas ce que ça fera. Les effets n’ont pas été mesurés. Il faut évaluer la qualité de l’air. "


Le procureur de la république de Brest, Camille Miansoni, estime "prématurée" toute communication sur cette enquête qui vient d’ouvrir. 

"C’est la démocratie qui est en jeu, insiste Armelle Jaouen. Les citoyens nous rejoignent. Les gens arrivent à saturation. Ce fonctionnement des préfets qui régularisent des élevages comme cela, cela peut créer une défiance totale de la population et si on n’a plus confiance dans les institutions, c’est dangereux." Elle espère que leur plainte ira donc à son terme. 

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