"Mangez des fraises !", l'appel des producteurs finistériens

Fermeture des marchés, moral des consommateurs en berne... Les producteurs de fraises à Plougastel, dans le Finistère, ne savent pas comment écouler leur production. 

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L'apparition des rayons de soleil printanier marque aussi l'arrivée des fraises sur le marché. Pourtant, cette année, crise sanitaire et confinement faisant, les étals ne se vident pas. "Les 35 producteurs de fraises de la coopérative Savéol produisent en moyenne 170 à 200 tonnes par semaine", explique Jean-Yves Jestin, le président de Savéol.


"Ne laissez pas tomber la filière agricole"


"Les fraises sont un achat plaisir" mais, pour le moment, les consommateurs ne semblent pas avoir le cœur à en acheter. "Nous avons dû en jeter 20 tonnes la semaine dernière. C'est malheureux d'avoir mis autant de cœur à l'ouvrage pour tout jeter !" soupire le président de la coopérative qui a donc décidé d'en donner une partie – 4 tonnes - à des associations caritatives, Ehpad et personnels soignants. "J'ai passé une partie de la matinée de samedi devant les Ehpad et hôpitaux pour distribuer des fraises, nous avons reçu beaucoup de remerciements" raconte encore Jean-Yves Jestin.

Pourtant le président de Savéol se défend de toute opération de communication. "C'est aussi une manière de dire "ne laissez pas tomber la filière agricole". Nos salariés sortent de chez eux et prennent des risques pour venir travailler tous les jours, ils sont là, mobilisés et solidaires."
 

Vente à perte


Afin de mieux vendre les premières fraises de la saison, Savéol a mis en place des actions auprès de la grande distribution. Néanmoins, "la barquette de 250 grammes se vend à perte".  Comptez 2,50€ la petite barquette contre 3 ou 4€ en temps normal. "Nous espérons que le beau temps va pousser les gens à acheter des fraises et que nous allons tout vendre. Donc pour le moment, nous ne savons pas si nous renouvellerons notre opération de don" explique Jean-Yves Jestin.

Il est encore trop tôt pour tirer un bilan des pertes financières pour les producteurs. "Il reste encore avril, mai et juin. Les choses auront le temps de changer et d'évoluer" ajoute le président de la coopérative finistérienne.

 


"La saison des fraises, ce n'est pas en mars"


Autre son de cloche du côté des petits producteurs. "Si on respecte la saisonnalité des fruits, les fraises devraient arriver pour Pâques, dans deux ou trois semaines" rappelle Louis Le Bot, producteur à Plougastel, dans le Finistère.

Même réponse chez son confrère, Benoît Cuzon,  producteur bio à Plougastel : "La saison des fraises, ce n'est pas au mois de mars. Sauf quand on produit sous serres chauffées et hors-sol". Si son partenariat avec un grossiste local permet au premier d'écouler sa marchandise, c'est la vente directe organisée en drive depuis la crise sanitaire qui laisse espérer au second de vendre sa production.

"Notre stratégie sera d'agir en fonction des ventes, explique Benoît Cuzon, on va s'adapter en proposant peut-être un prix plus attractif sur les barquettes de 500gr. Mais on ne pourra pas brader notre produit. Si le prix est trop bas, on les laissera sur plants."

Pour ce maraîcher, qui écoule 50% de sa marchandise dans le réseau des Biocoop et 50% en vente directe, le principal problème réside dans la fermeture des marchés. "Je sais qu'il y aura des pertes. 3 à 5 tonnes, sur la dizaine que je produis, pourraient être congelées, mais les entrepôts frigorifiques sont pleins."


Moins de saisonniers et plus d'heures


Si Benoît Cuzon et Louis Le Bot s'entourent généralement de saisonniers pour la cueillette, cette année, ils réduiront certainement la voilure. "On fera peut-être le mois de mai avec moins de personnel et les salariés feront plus d'heures. J'ai commandé masques, gants et gel hydroalcoolique pour que le ramassage se fasse dans de bonnes conditions. Chacun sera dans ses rangs avec 30 mètres d'écart donc cela devrait bien se passer" explique Louis Le Bot.
 

Moins de fraises italiennes et espagnoles


La situation sanitaire provoque indubitablement un bouleversement dans les échanges mondiaux. Les régions du nord de l'Italie, les plus touchées par le coronavirus, représentent 50% des exportations du pays. "Avec cette crise, les rotations de marchandises vont moins se faire. On aura moins de fraises espagnoles et italiennes et peut-être qu'on pourra mieux écouler nos fraises finistériennes" note le producteur. Et de conclure, philosophe : "le coronavirus fera peut-être en sorte que les consommateurs regarderont davantage la provenance de ce qu'ils achètent."

 
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