Parmi les confettis de la baie de Morlaix, se trouve l'île Callot. Située sur la côte nord du Finistère, en face de Carantec, cette île est la plus grande de la baie. Accessible à marée basse, ce véritable petit joyau, est un lieu où les marées dictent le rythme de la vie. C’est sur cette île, que pour le magazine Littoral, Arthur le Vaillant est allé, le temps d’une marée haute, à la rencontre de Franck Le Ven, le dernier pêcheur habitant à l’année.
Franck Le Ven a le regard bleu acier et perçant, l’œil qui frise avec cette petite étincelle de l'humour. Toujours amoureux de son caillou, l’île Callot, Franck en connaît tous les recoins sur terre et en mer. Il est pêcheur professionnel, mais aussi fou de planche à voile, kitesurf et wingfoil, des sports de glisse qu’il pratique tous les jours de l’année.
Ils ne sont pas plus d’une dizaine de familles à vivre à l’année sur ce petit bout de terre de 2,2 km de long et de 500 mètres de large, séparée du continent par une chaussée submersible de 800 m.
C’est à marée haute, lorsque la chaussée submersible, qui relie l'île au continent, disparaît dans une ambiance paisible et hors du temps que Franck Le Ven fait découvrir sa vie à Arthur Le Vaillant. Une rencontre à découvrir dans Littoral sur la plateforme France.tv
La passion des sports de glisse
Son lien avec l'île Callot remonte à de nombreuses années. Sa famille, des goémoniers originaires de Plouguerneau, avait migré vers Callot pour y sécher le goémon sur les dunes. À 13 ans, Franck, qui vivait sur le continent, se rendait fréquemment en planche à voile, chez sa grand-mère, installée sur l'île. Franck passait ses mercredis après-midi en toute liberté sur l'île.
Très jeune, Franck Le Ven se découvre une vraie passion pour les sports de glisse. Il prend une décision qui marque un tournant dans sa vie : il fait le choix d'arrêter ses études pour se consacrer pleinement à sa passion. Il aime cette sensation de vitesse et de liberté quand il est sur l’eau, il passe tout son temps à pratiquer et participe à de nombreuses compétitions. Mais ce n’est pas tout à fait au goût de son père, qui l’embarque avec lui à la pêche. À 16 ans, il entre dans la vie active.
Un homme libre qui vit au rythme des marées
Aujourd'hui, Franck ne regrette pas ses choix de vie. Il a su trouver un équilibre parfait entre ses deux passions : la pêche et les sports de glisse. Sa vie est rythmée par les éléments, entre la mer et le vent, une vie au gré des marées. Chaque jour est différent, et pour lui, s’adapter au milieu est une seconde nature.
Je m’adapte tout le temps, je suis incapable de programmer ce que je vais faire ce soir, dans trois heures, je ne sais pas ! C’est mon rythme de vie.
Franck Le Ven
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Tout est dicté par la mer : le seul planning que Franck respecte est celui des marées. Ce sont elles qui décident quand il doit prendre la mer, poser ses filets. Et si parfois, il trouve que la vie n’est pas simple, quand il se lève très tôt le matin pour aller à la pêche, que le temps est mauvais et qu’il ne ramène pas de poissons, il se crée des bons moments avec une session de wingfoil et son moral repart.
J’ai choisi de ne jamais faire comme les autres, j’ai toujours prôné la différence.
Franck Le Ven
Une vie engagée
Pêcheur engagé, Franck pratique la petite pêche côtière au filet, une méthode artisanale qu'il affectionne particulièrement. Au large de Callot, il pêche des daurades, du bar, et parfois quelques araignées de mer qui se font piéger dans ses filets. Sa pêche est modeste, à petite échelle, mais elle est avant tout respectueuse de l'écosystème. Franck s'assure de ne jamais prélever plus que la nature ne peut offrir, en veillant à respecter les cycles de reproduction des espèces qu'il capture. Le respect de la ressource et du milieu marin est la seule règle que Franck aime suivre.
Sur son île, il déplore le surtourisme à marée basse, même s’il comprend l’engouement des visiteurs devant la beauté naturelle de ce bout de terre. Callot devient le terrain de jeu des pêcheurs à pied venus de toute la région. Dès que l’eau se retire, l’estran, entre rochers et zones de sable, est particulièrement riche. On y pêche des coques et des palourdes. Les visiteurs s'aventurent sur l'île, souvent pressées par le temps. Ils n'ont que quelques heures pour explorer Callot avant que déjà la marée ne remonte. Il est conscient qu’il faut protéger cet écosystème fragile. La mer, qui revient toujours avec la marée montante, semble être la seule capable de protéger temporairement l'île de l'activité humaine.
Entouré d’amis qui viennent beaucoup du monde de la mer, Franck Le Ven vit sur l’île Callot au rythme des marées et du vent.
"Île Callot, une vie au rythme des marées", un numéro de Littoral, réalisé par Olivier Chasle à voir et revoir sur la plateforme France.tv ainsi que toutes les émissions Littoral.