Un homme gravement brûlé a été sauvé au CHU de Nantes grâce au pansement d'Hemarina. Un gel, qui contient des molécules de sang d'un ver marin, l'arénicole, permet à la peau abîmée de respirer. Elle cicatrise beaucoup plus vite. Cette innovation médicale est très encourageante pour soigner toutes les plaies.
"Nous étions très pessimistes quand nous avons accueilli ce patient. Il était brûlé à 85 %. Toutes ces brûlures étaient profondes et nécessitaient des greffes". L'équipe du professeur Pierre Perrot, chef du centre de traitement des brûlés au CHU de Nantes, a mis en place "un plan d'attaque" pour sauver cet homme de 32 ans qui, en préparant son bateau dans son jardin en bord de Loire, a été brûlé par l'explosion d'un bidon d'essence.
Nos équipes ont observé que le patient a cicatrisé de façon spectaculaire, en trois semaines !
Pierre PerrotChef du service des brûlés au CHU de Nantes
Les médecins décident de soigner son thorax, son abdomen et son dos avec le nouveau pansement oxygénant de la société Hemarina. "Toutes nos équipes, en particulier les infirmières et les aides soignantes, ont alors observé que le patient a cicatrisé de façon spectaculaire, en trois semaines ! En cinq semaines, il était entièrement guéri". Pendant que le pansement agit, 45% de la peau restante est greffée avec la peau du patient.
Avec un pansement classique, "une brûlure cicatrise en cinq semaines et la peau devient épaisse, inflammatoire et se rétracte, explique le chirurgien plasticien. Ici, les cicatrices sont de bonne qualité, très peu rouges et peu épaisses".
L'innovation est constituée d'un gel à étaler sur la peau, sous un bandage respirant. Jusqu'à présent, elle n'avait été testée que sur des brûlures locales, les doigts, les jambes et le crâne.
La cicatrisation se réalise sous le gel et vous obtenez une peau neuve
Franck Zal, directeur scientifique et PDG d'Hemarina
L'effet thérapeutique est dû à la molécule d'hémoglobine, issu du ver marin arénicole, élevé et transformé par Hemarina. "Cette molécule a une très forte capacité à se recharger en oxygène, explique le biologiste Franck Zal, fondateur de la société basée à Morlaix dans le Finistère. Elle transfère l'air depuis le haut du pansement, jusqu'à la cellule de la plaie, qui en a besoin".
Cet oxygène accélère alors la cicatrisation. À la différence des plaies habituelles, qui forment une croûte, la cicatrisation se réalise ici "dans une zone humide, sous le gel, et vous obtenez une peau neuve !"
Ce pansement n'est pas encore autorisé sur le marché. Son utilisation nécessite une demande auprès de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM). "Nos technologies avancent vite, mais le côté réglementaire est super long, regrette Frank Zal. L'ANSM reconnaît les bénéfices potentiels de ce produit, mais n'accorde que des autorisations "compassionnelles". C'est-à-dire lorsque des médecins font face à un cas désespéré, sans issue thérapeutique possible".
Le patient de Nantes, dont le sauvetage exemplaire fait avancer la recherche médicale, a aussi été sauvé par toute une équipe. Durant trois mois, jusqu'à sa rééducation actuelle, il a été pris en charge, jour et nuit, par les réanimateurs, les chirurgiens, les infirmières, les aides soignantes, les kinés, l'assistante sociale et le psychologue. "Nous avons combiné une approche classique et une approche innovante" résume Pierre Perrot.