ÉCONOMIE. Avec cette nouvelle filature, ils espèrent relancer la filière du lin en France

Première productrice mondiale de lin, la France a vu disparaître toutes ses filatures. En Bretagne, la dernière a fermé en 1891. Mais la filière est en plein rebond. Près de Morlaix dans le Finistère, une nouvelle usine devrait voir le jour en 2023.

Le projet est officiellement lancé, ce lundi 21 novembre. La future usine de filature de lin, baptisée Linfini, devrait sortir de terre en à l'automne 2023. Implantée sur le territoire de Morlaix, au cœur du bassin linier historique, cette filature sera la première dans la région depuis 1981 et la quatrième en France.

Une volonté de relocalisation

La filière de lin textile connaît une vague de relocalisation depuis 2020. Si les usines de teillages, permettant de séparer les fibres de lin de l'écorce de la plante, sont encore nombreuses en France, les filatures avaient disparu de l’Hexagone depuis plus de quinze ans. 

Tim Muller et Xavier Denis, porteurs du projet finistérien, voulaient avant tout mettre fin à un paradoxe : alors que les trois-quarts de la production mondiale de lin sont cultivés en France, "99% de ces cultures sont ensuite exportées vers la Chine" pour le filage, explique le binôme. Le végétal, une fois transformé, revient en France pour y être tissé et travaillé.

Sans ambition de concurrencer le marché asiatique, les deux associés misent sur un retour au 100% français. "La filature, c'était le maillon manquant de la filière française. Aujourd'hui on va pouvoir garder une petite partie de la matière première sur le territoire. C'est déjà une petite victoire face aux Chinois", sourit Xavier Denis.

Une ressource tendance

La fibre de lin devient surtout une ressource tendance, car plus écologique. Sa culture ne réclame pas d'intrants, "ni d'irrigation et ne produit pas de déchets", insistent Tim Muller et Xavier Denis. "Toute la plante est utilisée pour faire des choses diverses comme du textile, du papier, des biomatériaux... Le lin a aussi la capacité de décontaminer les sols."

De nombreux secteurs se tournent désormais vers ce végétal français, dans le milieu de la mode ou de l'ameublement par exemple. Les deux associés notent également des débouchés dans le domaine militaire, pour équiper l'armée, ou encore maritime, rappelant que le skipper Roland Jourdain a pris le départ de la route du Rhum sur son catamaran en lin

Le pari du 100% breton ?

Une "filière d'avenir" qu'ils souhaitent relancer tout particulièrement en Bretagne.

Dans le Finistère-nord, l'industrie linière a laissé son empreinte, prospère du 16e au 19siècle, "avant de tout perdre au 20e siècle", rapporte Andrée Le Gall-Sanquer, présidente de l'association Lin & chanvre en Bretagne qui rêvait de voir la filière se développer à nouveau dans la région. "Ça a fait la richesse de la Bretagne, pourquoi pas aujourd'hui et demain ?"

Le 100% breton, Tim Muller et Xavier Denis en font le pari. Mais ils le savent, "cela prendra du temps". Dans un premier temps, les fils de lin de l'usine morlaisienne devront ensuite être envoyés dans les Vosges pour réaliser le tissage.

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