Les filles d'une patiente hospitalisée quinze jours au service de psychiatrie ont porté plainte contre l'hôpital de Morlaix. Elles estiment que leur mère a été victime de maltraitance. Une enquête administrative est ouverte au sein du service.
Mathilde se dit encore sous le choc. Sa mère a passé quinze jours dans le service de psychiatrie du centre hospitalier de Morlaix et en ressort "méconnaissable". Âgée de 63 ans, cette dernière est bipolaire et également atteinte d'un syndrome parkinsonien, diagnostiqué il y a peu. Malgré les aides à domicile, le quotidien devient difficile et dangereux. L'été dernier, la sexagénaire décide d'intégrer une maison de retraite rattachée au centre hospitalier de Morlaix. Mi-octobre, sa famille est avertie qu'elle pourrait être envoyée dans le service de psychiatrie, notamment pour réajuster son traitement. "La communication se passe bien" souligne Mathilde.
Leur mère est hospitalisée mi-octobre, Mathilde indique "c'est là que ça devient problématique". Les contacts téléphoniques sont compliqués, "il faut insister pour pouvoir lui parler". Au fil des échanges, ses filles trouvent qu'elle a l'air fatiguée, qu'elle a du mal à parler. Une proche se rend sur place pendant un week-end et affiche son inquiétude.
Mathilde finit par se rendre sur place, à l'heure des visites mercredi dernier. "On a tout de suite senti un malaise en arrivant. Une infirmière nous a dit que nous allions peut-être être choquées car notre mère était tombée la veille."
Elles se rendent dans une salle commune où leur mère se trouve seule, attachée à une chaise. "Je ne l'ai pas reconnue tout de suite", dit Mathilde "seulement grâce à un vêtement qu'elle portait. Au début je ne voyais pas sa tête et elle avait perdu au moins dix kilos." "Je me suis agenouillée pour être à sa hauteur et mieux la voir. Et là elle avait la tête d'un monstre. Elle était enflée de partout, avec des cocards. Elle ne parlait pas. Elle avait du pus qui lui sortait de la bouche."
Mathilde et sa soeur exigent de voir un médecin. "On a rencontré un psychiatre mais qui ne l'avait pas suivie. Il nous a parlé de mélancolie...alors que notre mère était défigurée. La cadre nous a pris de haut." Elles rencontrent aussi le chef de service qui répond que "tout a été fait dans les règles."
Leur mère est changée de service. Elle se trouve actuellement en réanimation. Un scanner a permis de révéler une infection. Selon Mathilde, la neurologue qui la suit habituellement dans un autre service et qui a pu la voir a été totalement "décontenancée".
Une plainte a été déposée le 31 octobre aupès du commissariat de Morlaix, pour "délaissement d'une personne incapable de se protéger". Mathilde et ses proches ont fait le choix de publier cette histoire sur les réseaux sociaux, "pour ne pas que ça arrive à d'autres." Mathilde ajoute : "Je ne souhaite ça à personne. Ce qui est arrivé est honteux."
Une enquête administrative ouverte
Contactée, la direction de l'hôpital confirme qu'une plainte a été déposée. "J'ai demandé une enquête administrative au sein du service", indique Ariane Bénard et d'ajouter "je renouvelle ma confiance au personnel. Par ailleurs, je réfute totalement le terme de maltraitance parce qu'on ne sait pas ce qu'il s'est passé."
Une rencontre avec la famille est prévue prochainement.