La station biologique de Roscoff, dans le Finistère, est l'un des 7 sites français engagés dans le programme national de cartographie génétique du milieu marin. Lequel va se dérouler sur 8 ans. Le génome de 4.500 espèces végétales et animales sera ainsi décrypté. Objectif : mieux préserver la biodiversité marine.
C'est à un vaste programme national que la station biologique de Roscoff, dans le Finistère, s'apprête à participer : l'élaboration de la cartographie génétique de la biodiversité marine.
A pied sur l'estran à marée basse, au large et en profondeur, les scientifiques iront ainsi récolter des spécimens de poissons, mammifères, algues, organismes unicellulaires qui seront ensuite congelés puis envoyés, pour séquençage, au Genoscope d'Evry, en région parisienne.
"Il y a environ 12.000 espèces recensées autour des côtes françaises, explique Ian Probert, responsable du centre de ressources biologiques à Roscoff. Mais on estime qu'elles ne représentent que 10 % de la biodiversité. Ce projet va permettre de nouvelles découvertes".
Echantillons
L'objectif du programme ATLASea, co-piloté par le CNRS et le commissariat à l'énergie atomique (CEA), est de décrypter, sur 8 ans, le génome de 4.500 espèces végétales et animales. Outre Roscoff, six autres sites français, ainsi que le navire Tara, sont engagées dans cette opération.
La station biologique finistérienne fournira des milliers d'échantillons. "Pour chaque échantillon, il y aura un travail de recherche, d'identification et de préparation, indique Ian Probert. Par exemple, ici, à Roscoff, on trouve plus de 700 espèces de grandes algues et plus de 2.000 espèces d'animaux marins, déjà recensées".
Le chercheur précise que ce ne sont pas seulement les spécimens "visibles à l'oeil nu" qui intéresse ce programme, mais aussi les "microscopiques". "A la station biologique, nous avons une très grande collection de cultures de microalgues marines et d'espèces unicellulaires que nous mettrons à la disposition de ce projet" ajoute Ian Probert.
Stocker 70 millions de gènes
Les machines du Genoscope d'Evry se chargeront d'extraire de longues chaînes d'ADN, "avant de reconstituer la totalité de la séquence du génome" détaille Hugues Roest-Crollius, directeur du programme pour le CNRS.
ATLASea table sur 70 millions de gènes qui seront ensuite stockés dans une base de données. De quoi mieux connaître la diversité génétique des espèces et de surveiller leur état de préservation.
Ce programme à grande échelle vise également une meilleure gestion des stocks de pêche, notamment en étudiant l'impact des espèces invasives. Il servira aussi à identifier de nouvelles molécules dans le domaine médical ou l'agronomie.
(Avec Florence Malésieux et AFP)