Contrairement à ce que l'on croit, inutile d'être bardé de diplômes pour devenir pilote de chasse. L'école de pilotage de la base aéronavale de Lanvéoc-Poulmic permet à des jeunes de 18 à 25 ans de réaliser leur rêve. À condition de travailler dur.
Concentré, Romain écoute les consignes de son instructeur avant son premier vol aux commandes d'un avion de l'Ecole d'initiation au pilotage (EIS) de Lanvéoc (Finistère), unique porte d'entrée dans l'aéronautique pour les futurs pilotes de la Marine.
"On va faire un peu de voltige à la main du moniteur pour que tu commences à t'habituer aux sensations, puis sur mon ordre on fera un transit retour où je te donnerai les commandes", lui explique Eric, l'un des onze moniteurs de cette école située sur la Base de l'aéronautique navale (BAN) de Lanvéoc-Poulmic, sur la presqu'île de Crozon.
Face à un tableau blanc sur lequel figurent les instructions, Romain, vêtu de sa combinaison de vol kaki, acquiesce. "Tu te souviens des altitudes de transit aller et retour?" demande Eric. "1.300 pieds à l'aller et 1.800 au retour", répond l'élève, mains dans le dos, sans une once d'hésitation. "Oui, c'est ça", le félicite son instructeur.
Rolls Royce des avions de combat
A 23 ans, après un Bac S, Romain réalise son rêve: se former afin de pouvoir peut-être un jour piloter un Rafale, Rolls-Royce française des avions de combat. "Depuis tout petit je veux piloter un avion de chasse", assure le jeune homme originaire de Haute-Savoie.
"Contrairement aux idées reçues, avec un simple Bac en poche on peut devenir pilote de chasse", souligne l'apprenti pilote aux yeux clairs, avant son vol sur CAP 10M, l'un des sept avions de voltige de l'EIP/50S (nom de l'escadrille d'instruction rattachée à l'école).
"Il faut des gens bien câblés pour piloter un Rafale ou un Caïman NH90 (hélicoptère militaire, ndlr), mais on n'a pas besoin d'être ingénieur ou astronaute", soutient le capitaine de vaisseau Marc Gander, à la tête de la BAN, lui-même pilote d'hélicoptère. "Je n'ai en tout et pour tout que deux CAP et un bac", confie-t-il.
Une fois présélectionnés par un Centre d'information et de recrutement des forces armées (Cirfa), les aspirants pilotes entament une sélection de deux semaines au cours de laquelle ils passent des tests psychologiques, sportifs et d'anglais, ainsi qu'une visite médicale.
S'ils sont aptes, ils signent un contrat avec la Marine et intègrent l'EIP. Ce qui est le cas pour un jeune présélectionné sur quatre, qui reçoit alors une solde de 1.400 euros par mois.
Mythe de Math Sup
"La formation est compliquée mais accessible", assure Erwan, 20 ans, originaire du bassin d'Arcachon et l'un des 45 EOPAN (Elève officier pilote de l'aéronautique navale) de l'école.
"Il faut travailler, mais on ne nous demande pas des choses extrêmement compliquées", abonde Paul, assurant n'avoir jamais été très bon élève.
Au terme de sa formation de neuf mois, un élève sur deux est dirigé, en fonction de ses résultats, vers un cursus de pilote soit d'avion de surveillance maritime, soit d'avion de chasse ou d'hélicoptère.
"C'est un métier de passionnés qui fait rêver", souligne le lieutenant de vaisseau Geoffroy, 35 ans, pilote de NH90 au sein de la flottille 33F de la BAN, énumérant cependant les contraintes du métier.
"Il faut travailler beaucoup et ensuite être prêt à naviguer sur les bateaux de la Marine, donc partir longtemps et loin", explique le pilote. Il est capable de diriger seul un NH90, engin de 11 tonnes et d'une valeur de 50 millions d'euros, destiné à des missions de sauvetage et contre-terrorisme en mer ou de lutte anti sous-marine et anti navires.