Accusé d’imposer la castration des porcs, le géant de l’agroalimentaire Bigard dans le viseur de l’ONG Welfarm

L’ONG Welfarm poursuit son combat pour le bien-être des animaux d’élevage. Dans une lettre ouverte publiée le 22 mars 2022, elle reproche au groupe agroalimentaire Bigard, basé à Quimperlé (Finistère), de bloquer les alternatives à la castration des porcelets.

Société
De la vie quotidienne aux grands enjeux, découvrez les sujets qui font la société locale, comme la justice, l’éducation, la santé et la famille.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "Société". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

C’est le leader de la transformation de viande en France. Le groupe Bigard, basé à Quimperlé (Finistère), est accusé de maintenir la castration physique des porcs sans “laisser le choix des alternatives”, dans une lettre ouverte publiée le 22 mars par l’ONG Welfarm.

Une pratique “douloureuse”

Depuis le 1er janvier 2022, la castration à vif est interdite en France. Plusieurs options se présentent aux éleveurs : la production de mâles entiers (non castrés), l’immuno-castration (par vaccin) ou la castration sous anesthésie et analgésie. C’est cette dernière pratique qu’a choisi de maintenir le groupe Bigard.

Mais selon l’association de défense des animaux d'élevage Welfarm, l’anesthésie et l’analgésie restent "insuffisantes" et font perdurer “une pratique mutilante et douloureuse”. “Des études scientifiques prouvent que ces substances ne prennent pas totalement en charge la douleur chez les porcs”, avance Marie Waniowski, chargée de campagne à Welfarm. 

Espérons que Bigard saura saisir ce virage et laissera à ses partenaires le choix de se tourner vers les alternatives à la castration physique. Le bien-être des porcelets en dépend !

Lettre ouverte de l'ONG Welfarm, le 28 mars 2022

Pratiquée au scalpel sur les porcelets âgés de moins de sept jours, la castration a pour objectif d’obtenir des porcs plus gras et d’éviter les mauvaises odeurs dégagées à la cuisson

“Nous respectons la nouvelle réglementation”

Paul Rouche est directeur général du syndicat Culture Viande, qui représente plusieurs industriels de la viande dont le groupe Bigard. “Nous respectons la nouvelle réglementation”, se défend-il face aux accusations, soulignant que le groupe Bigard répond aux attentes de ses clients. “Comme le veut désormais la loi, les bêtes sont castrées après avoir reçu une anesthésie locale et une analgésie.” 

Et d’ajouter qu’il appartient aux éleveurs de décider la méthode de castration utilisée : “En tant qu’abattoir, nous n’avons aucune directive à donner aux éleveurs. Ils sont libres de faire le choix.”

Pourtant, l’association de défense des animaux d'élevage reproche au groupe et au syndicat de ne laisser aucune marge de manœuvre aux éleveurs. “Nous trouvons cela dommage qu'ils aient une position aussi réfractaire sur le mâle entier”, insiste Marie Waniowski de Welfarm. “On ne veut pas les attaquer, on veut les rencontrer et discuter pour mettre en avant les preuves scientifiques.”

Une pénalité pour les mâles non castrés

Dans un communiqué de presse en décembre 2022, le syndicat Culture Viande proposait notamment aux abattoirs d’acquitter aux éleveurs une plus-value de deux centimes par kilo pour la prise en charge du coût de la castration des porcelets mâles sous anesthésie. Concernant la production de porcs mâles entiers (non castrés), la rémunération est abaissée de 23 centimes par kilo, sur la base de 56 % de muscle.
 

[L]a position [de Bigard] empêche les transformateurs et la grande distribution, et en particulier ceux qui ne disposent pas de leurs propres outils d’abattage, de se tourner vers l’alternative du mâle entier ou celle du mâle vacciné.

Lettre ouverte de Welfarm, le 28 mars 2022

Pour Paul Rouche, “il n’y a pas de polémique”. “C’est absurde de s’attaquer aux industriels. Aujourd’hui, avec la crise que nous traversons, le débat est ailleurs. Il faut se poser la question du type de porcs que nous devons produire pour répondre aux attentes du consommateur.” Contactée, la direction du groupe Bigard n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité