Des agriculteurs bretons viennent de créer un collectif qu'ils ont baptisé "Alerte paysans en danger". Ils espèrent interpeller l'opinion publique et les candidats aux élections présidentielles sur le mal-être de leur profession, alors que tous n'arrivent pas à vivre de leur travail.
Ils sont à bout et veulent le faire savoir. Un groupe d'agriculteurs bretons de tous âges veut faire entendre sa voix alors que leur situation économique et leur santé morale est au plus bas. Certains ont décidé de cesser leur activité, d'autres se battent encore mais tous font le même constat : même en circuit-court, même en produisant de la qualité et avec l'amour du métier, il n'y a plus de solution. Les dettes s'accumulent et dans ce milieu, on sait que parfois, par désarroi, on peut en arriver au pire.
Arrêter l'activité avant qu'il ne soit trop tard
C'est pour cela que Laetitia Benoit, éleveuse de Chèvres des fossés à Berrien (29) a décidé de liquider son exploitation. A 40 ans, après 8 ans à tenter de faire face avec le RSA, elle a décidé d'arrêter. Epuisée par des journées de 10 à 15h, Laetitia travaille pour rembourser ses emprunts bien que ses produits se vendent très bien. Pour avoir un revenu décent, il lui faudrait doubler son troupeau d'une soixantaine de bêtes et travailler encore plus. Elle a donc choisi de dire stop et de se faire le porte-voix d'une profession déboussolée.
Aujourd'hui, on veut parler de notre malaise. Combien d'agriculteurs pleurent le soir chez eux ou finissent dans la bouteille? Moi, j'ai fait un burn-out il y a deux ans et j'ai failli finir comme cela. Mes collègues font de bons produits, on est tous dans le même cas et ce n'est pas normal
Laëtitia Benoit, productrice de chèvres
Elle n'est pas seule dans ce cas. Le collectif "Alerte paysans en danger" a recueilli de nombreux témoignages pour parler au nom de ceux qui n'osent pas.
Notre démarche est apolitique et sans étiquette syndicale mais nous voulons témoigner de ce qu'est la vie de paysan aujourd'hui. Nous allons rédiger un manifeste et interpeller les candidats à la présidentielle car aucun d'eux ne parle d'agriculture.
Collectif 'Alerte Paysans en danger"
Eric Le Bourhis, lui, élève des vaches armoricaines pour la viande à Scrignac dans le Finistère. Avec ses charges et ses investissements, il tire sur la corde tous les jours.
J'ai eu plusieurs récompenses pour mes bêtes et la reconnaissance de mon travail parce que je préserve mes prairies et une race, la race armoricaine, qui fait partie du patrimoine vivant, mais je n'ai pas de retour . Je n'ai pas de prix suffisamment rémunérateurs.
Eric Le Bouhris, éleveur de vaches armoricaines
Le collectif lance donc un SOS et appelle au soutien : .contact@alertepaysansendanger.fr