L'ancien député finistérien et ancien garde des Sceaux Jean-Jacques Urvoas a déposé un dossier auprès du barreau de Paris pour devenir avocat. En attendant, le candidat déçu des dernières élections législatives enseigne le droit public à l'université de Quimper (Finistère).
"Par la voie classique"
Jean-Jacques Urvoas, qui vient de reprendre sa carrière universitaire en tant que maître de conférences en droit public au pôle universitaire Pierre-Jakez Hélias à Quimper (Finistère), a expliqué à l'AFP entendre "suivre le processus classique en refusant toute dérogation".
Selon le site spécialisé Dalloz Actualité, son dossier est examiné ce mardi par le conseil de l'Ordre.
Des dérogations pour les anciens ministres
Un décret passé à la fin du quinquennat de Nicolas sarkozy permettait à de nombreux élus et ministres de devenir avocats sans passer d'examens ni suivre de formation particulière, mais il avait été abrogé en 2013, suite à de vives protestations de la profession.
D'autres "passerelles" existent toutefois et sont souvent empruntées par d'anciens ministres ou députés de tous les bords politiques.
Les professions juridiques, les universitaires, les juristes, certains hauts fonctionnaires et certains grands corps de l'Etat (Conseil d'Etat et Cour des comptes) sont ainsi dispensés de formation initiale et d'obtention du certificat d'aptitude à la profession d'avocat (CAPA). Pour certains d'entre-eux, il faut toutefois passer un examen de déontologie.
A droite, Dominique de Villepin, Claude Guéant ou encore Rachida Dati ont bénéficié de voies dérogatoires pour accéder au barreau.
A gauche, l'ancien ministre Pierre Joxe s'est par exemple reconverti en avocat, spécialisé dans la défense de mineurs, tandis que Ségolène Royal avait elle prêté serment en 1994. L'ancien député des Verts Noël Mamère est lui aussi devenu avocat.
Le cas de Bernard Cazeneuve est un peu différent, puisqu'il avait exercé le métier d'avocat avant son entrée au gouvernement. L'ancien Premier ministre a rejoint récemment un grand cabinet d'avocats, où il avait déjà travaillé de 2006 à 2007.
Maître de conférence à Quimper
Pour sa part, Jean-Jacques Urvoas a enseigné à la faculté de Quimper de 1997 à 2007 avant de devenir parlementaire de 2007 à 2017. En 2012, il est nommé président de la Commission des lois avant d'être nommé garde des Sceaux dans les gouvernements de Manuel Valls puis Bernard Cazeneuve (janvier 2016-juin 2017). Depuis cette semaine, ce spécialiste du droit constitutionnel enseigne de nouveau à Quimper, depuis cette rentrée universitaire. "C'est reparti! Je fais une cure de jouvence! confiait-il au Télégramme. Je fais une cure de jouvence! Je retrouve des étudiants nés majoritairement en 1999, alors que cette année-là, j'étais prof depuis deux ans (...) La Constitution a changé en 2008 et, ayant été a la fois dans le pouvoir législatif et exécutif, ma vision a changé. Cela a modifié les certitudes que j'assénais du haut de ma chaire il y a dix ans!"
Il poursuit un juriste lanceur d'alerte
Dans le même temps, l'ancien garde des Sceaux vient d'intenter une procédure judiciaire au civil contre un juriste lanceur d'alerte militant de l'association finistérienne Cicéro pour violation de la vie privée. Selon le magazine l'Express, le lanceur d'alerte avait révélé que Jean-Jacques Urvoas avait utilisé en 2008 son indemnité représentative de frais de mandat pour acheter sa permanence parlementaire à Quimper, une pratique ensuite interdite en 2015.