Hormones, vasectomie, slip chauffant, voilà les méthodes possibles pour une contraception masculine. En Bretagne, le collectif Thomas Bouloù informe et accompagne ceux qui font ce choix et prône la responsabilité individuelle, l'autonomie.
Il n’y a pas de statistiques sur la contraception masculine, pas de chiffres en France sur les hommes qui utilisent la contraception. "Il y a beaucoup d’ignorance sur le sujet. On part tellement de zéro, il n’y a rien" résume Matthieu.
Le sujet reste effectivement tabou, même auprès des professionnels du monde médical, alors que des techniques existent.
"Quand vous irez voir votre médecin à ce sujet, vous en saurez toujours plus que lui", confie-t-il. Christian abonde : "On continue de nous dire que ces dispositifs sont en phase de tests." Tous les deux font partie du collectif breton Thomas Bouloù.
Des savoirs, il y en a mais ils sont mal partagés, il faut les mettre à disposition des garçons. Les garçons ont un travail collectif à faire, en direction des hommes.
Le collectif Thomas Bouloù à Quimper
Thomas Bouloù voit le jour en 2015. Christian, l'un des piliers explique : "Nous sommes un enfant du festival Clito'Rik. A l'époque, il y a eu un atelier sur la sexualité des garçons pendant l'événement puis ensuite une volonté de réfléchir à la masculinité, via la contraception."
Le nom emprunte au Breton. "Tommañ" en breton veut dire "chauffer", et "bouloù", vous l'aurez compris, se passe de traduction. Malgré cette sonorité masculine, le groupe n'affiche pas une anti-mixité, les femmes sont les bienvenues.
Depuis ses débuts, le collectif tient une permanence tous les premiers samedis du mois à la Baleine à Quimper, à partir de 14 h. Il organise aussi des interventions auprès des plannings familiaux et peut répondre à des sollicitations dans le cadre privé. "Quand les gens viennent nous voir, c’est beaucoup via le bouche-à-oreille. Les femmes sont supers enthousiastes car elles ont des relations difficiles avec leur contraception. C’est la technique qui interroge" note Matthieu.
Flyer d'information permanence Collectif Thomas Bouloù
La permanence devient un lieu d'échange sur ce qui peut se faire, en fonction des aspirations de chacun. Vasectomie, traitement hormonal, slip chauffant, tout est évoqué. "Les hommes prennent rarement une décision dans la foulée, il faut un moment de réflexion."
Dans le cas du slip chauffant, une séance de travaux manuels peut même avoir lieu car il ne s'agit pas d'un vêtement produit à grande échelle. "On les accompagne dans la couture, c’est du sur-mesure".
Matthieu, contracepté et militant
Matthieu rejoint Thomas Bouloù en 2017. "Cela faisait déjà un moment que je me posais la question. J’avais constaté les effets indésirables de la pilule chez mes compagnes."
Il remarque aussi et surtout : "Nous les garçons, on ne reçoit aucune éducation sur notre fertilité, cela nous dégage de nos responsabilités." Il fouine alors sur internet. Via le site pointpointpoint.org, il tombe sur le collectif breton, prend contact et décide de s'investir.
"Quand on rentre là-dedans, il faut être pédagogue. Cela vient déconstruire ce que c’est d’être un homme. Cela me plaît de transmettre tout ça. Je me suis retrouvé dans le collectif, en confiance, sur toutes ces choses sur lesquelles je m’interrogeais en tant qu’homme." Pour lui, la contraception relève de "la responsabilité de chacun à se prendre en charge", sans rien enlever aux femmes et à leurs propres décisions en la matière.
Sur le slip chauffant qu'il a adopté, il souligne : "Je trouve que c’est facile, ludique, j’aime le plaisir de prendre en main un sujet que l’on ne nous a pas appris."
Le slip chauffant comment ça marche ?
Ce mode de contraception remonte aux années 80. Aussi appelé "remonte-couilles", ce sous-vêtement remonte les testicules près du corps. La chaleur perturbe ainsi la fabrication des spermatozoïdes. Trois possibilités existent à ce jour :
- le slip chauffant initié par le Docteur Mieusset
- le modèle Jockstrap élastique
- en recyclant des soutien-gorges
Il faut porter le slip 15 heures par jour, par 24 heures. La nuit non, car la température du corps baisse, donc c’est moins efficace. "Cela n’empêche pas d’utiliser d’autres moyens de contraception et de protection comme le préservatif", rappellent Matthieu et Christian.
Avant son utilisation, un spermogramme doit être réalisé, qui sert de référence, "pour savoir où on en est". Le slip chauffant est normalement efficace au bout de trois mois. "Si au bout des trois mois on a moins de 1 millions de spermatozoïdes par millilitres, là c’est bon, on est contracepté."
Attention, tout le monde est différent. Pour certains hommes, l'efficacité du slip chauffant peut-être effective bien plus tard que les trois mois. Et comme toute contraception, il faut être assidû. "Si on ne l’a pas porté un jour, cela peut en annuler les effets, mieux vaut ne pas prendre de risques".
Un temps d’adaptation est nécessaire, avec une semaine pour s’ajuster, "le temps que les testicules se placent". A terme, ces dernières peuvent perdre 10 % de leur masse. Parmi les idées reçues ? "On continue à avoir des éjaculations."
La contraception masculine, pour aller plus loin
A voir : le documentaire "Le problème du pantalon" de Guillaume Levil, ou "Contraception masculine : un fantasme ?" dans Vox Pop sur Arte,
A écouter : un podcast "Les bijoux de famille", proposé sur Arte Radio
A lire ci-dessous, l'étude du Docteur Mieusset, sur la contraception hormonale et sur la contraception thermique
Lire l'étude du Docteur Mieusset sur la contraception hormonale et la contraception thermique
Ailleurs en France : Garcon (Groupe d’action et de recherche sur la contraception) basé à Toulouse, Ardecom (Association pour la Recherche et le Développement de la contraception masculine)