Dans quelques semaines, Jean Le Cam prendra le départ de la transat CIC à Lorient (Morbihan). Après trois mois et demi de travaux, il vient de mettre à l'eau son Imoca ce samedi 6 avril 2024. Rencontre avec celui qui participera à son sixième Vendée Globe.
Ce samedi 6 avril 2024 marque la mise à l'eau du nouvel Imoca du skipper Jean Le Cam. Le navigateur de Port-la-Forêt dans le Finistère peaufine les dernières finitions. Car même après trois mois et demi de chantier d'hiver, "le petit truc, c'est bien finir ce qu’on a commencé jusqu’au bout", comme le dit Jean Le Cam, même sur un bateau tout neuf. Lui reste encore à valider sa qualification pour le Vendée Globe, en prenant le départ de la transat CIC à Lorient le 28 avril prochain.
La transat Jacques-Vabre et le Retour à la Base ont donné au navigateur l'opportunité d'avoir des retours sur les éléments à améliorer sur son navire, mis à l'eau en septembre 2023. "On a rajouté un ballast à l'avant et on a fait des renforcements de structure préventifs, comme sur à peu près tous les projets", décrit le Finistérien. "Le diable se niche dans les détails."
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Naviguer sans foils
Mais pour sa sixième participation au Vendée Globe, Jean Le Cam naviguera sans foils. "Un bateau sans foils, c'est dans les cinq millions d'euros. Avec, ça va tirer dans les huit millions d'euros", affirme-t-il. "On est aujourd'hui dans des choses de plus en plus complexes, chronophages, chères. Ce n'est pas ma philosophie. Les bateaux sont déjà très très compliqués, très difficiles à boucler. (...) Si on continue dans cette voie, il n’y aura plus qu’une élite qui pourra venir participer à cette épreuve. Et je pense que les fondements du Vendée globe et son esprit, c’est l’accessibilité aux PME et aux jeunes."
Le skipper ne se prive d'ailleurs pas de critiquer le changement du sytème de qualification pour le Vendée : "Avec ce système de qualification, je n’aurais pu participer à aucun de mes Vendée, la dernière qualification et la décision qui a été prise, ça ne me plaît pas du tout, je trouve que c’est mettre trop de pression aux coureurs. On en a déjà, c’est tellement difficile déjà de trouver des financements, d’aller au bout de ces projets et en plus, on met en plus des bâtons dans les roues et je trouve ça dommage tout simplement."
On verra à l’arrivée.
Jean Le CamNavigateur
Sans foils, Jean Le Cam se projette d'une façon différente dans la course qui débutera le 10 novembre 2024 : "J'ai fini quatrième la dernière fois, l'objectif aussi, c'est d'avoir plus de fiabilité, moins d'efforts, être plus léger aussi forcément. Après, le Vendée Globe reste le Vendée Globe. C’est sûr que dans certaines conditions, les bateaux à foil vont beaucoup plus vite, mais on verra à l’arrivée."
Avant le départ de la Transat CIC le 28 avril, le skipper aura un peu de temps pour s'assurer d'avoir un bateau au point sous toutes les coutures. "Là, tu vois, c'est une girouette, ça te donne la direction du vent, la vitesse du vent. On a des girouettes numériques et analogiques. Il faut raccorder les câbles; mettre des petits pontets, si tu veux que ça soit plus facile", détaille-t-il. "Le boulot que tu ne fais pas en bas, une fois que tu mates, c’est à 28 mètres de haut, tu ne pourras pas faire aussi net." Un des soucis du moment, "un petit joint, qui va créer une fuite, c'est toujours pareil. L'électricité, le mât, la connectique... Il y a plein de choses à penser, réfléchir et ne pas oublier."
On a toujours aimé favoriser l’humain.
Jean Le CamSkipper
Autant que l'aspect sportif - alors que le changement du système de qualification mettrait "trop de pression aux coureurs", c'est "l'aventure humaine" qui plaît au "Roi Jean". Il a noué un partenariat avec le Conseil départemental du Finistère pour parrainer les enfants placés sous l'autorité de l'Aide sociale à l'enfance. Il les a accueillis sur son chantier de Port-la-Forêt.
"C'est une aventure humaine, on amène beaucoup de gens avec nous sur ce projet. Le projet est dédié aux enfants de l’Aide sociale à l'enfance. On a une émulation humaine, on a toujours aimé favoriser l’humain plutôt que les autres sujets", raconte-t-il. "C'est des rencontres, des petits bonheurs, beaucoup de travail aussi, et forcément du contraste, c’est pour ça qu’on aime ça."
"Légèreté et élégance ne nuisent pas par les temps qui courent."
Une fois son Imoca mis à l'eau, la force de l'habitude n'empêche pas le vétéran des mers de constater la beauté de son bateau : "Légèreté et élégance ne nuisent pas par les temps qui courent." Le skipper n'est pas encore passé en mode compétition. Plusieurs sorties en mer sont prévues d'ici quelques jours pour régler chaque paramètre et obtenir le bateau le plus affûté possible.
"Quand on sort d’une période de chantier, comme je suis dessus tous les jours que Dieu fasse, on peut passer à une autre phase. Il reste encore le mâtage et des réglages", explique Jean Le Cam. Et même à bientôt 65 ans, l'habitué du Vendée Globe sait déjà comment il abordera la course : "J’ai pris quatre ans, c’est sûr. On l’aborde comme d’habitude, on est quand même plus prêts que d’habitude, nos partenaires sont beaucoup plus au complet, c’est plus confortable que les précédentes années."