JO 2024. Face aux menaces d'annulation des festivals, le directeur des Vieilles Charrues en appelle à une "coopération européenne, avec des renforts d'autres pays"

Les organisateurs de festivals pas rassurés par la ministre de la Culture. Ils ont été reçus ce mercredi 2 novembre, pour trouver des solutions suite aux propos de Gérald Darmanin qui envisage de "reporter ou annuler" les événements culturels durant les JO 2024.

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"On est dubitatifs", "sentiment mitigé" : le secteur musical des festivals et des concerts reste dans l'attente après une réunion au ministère de la Culture autour d'évènements dont la tenue est menacée par l'organisation des Jeux olympiques en 2024.

Il y aura peut-être certaines annulations, si certaines solutions ne sont pas trouvées.

Rima Abdul Malak

Ministre de la Culture

Pour rappel, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a suscité l'incompréhension de cette filière en évoquant fin octobre la nécessité que soient "annulés ou reportés" des évènements culturels ou sportifs à l'été 2024, en raison de la mobilisation massive des forces de l'ordre pour les JO (du 26 juillet au 11 août 2024).

La ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, a reçu les organisateurs des grands festivals /concerts et les syndicats des branches concernées mercredi 2 novembre. Elle  avait dit, cemême jour sur RTL, vouloir chercher "au cas par cas" des solutions. "Il y aura peut-être certaines annulations, si certaines solutions ne sont pas trouvées", avait-elle encore confié.

"Le monde à l'envers"


"On a un sentiment mitigé, on a une ministre qui fait face à la situation, ne fuit pas ses responsabilités, mais son volontarisme affiché suffira-t-il à affronter le pragmatisme du ministre de l'Intérieur ?", résume pour l'AFP après cette entrevue Stéphane Krasniewski, directeur du festival Les Suds à Arles, et vice-président en charge des festivals au Sma (Syndicat des musiques actuelles).  

"C'est un peu le monde à l'envers, je repars avec un travail qui est de collecter des éléments auprès de nos adhérents pour proposer des solutions, c'est-à-dire jouer un rôle qui incombe au gouvernement", déplore auprès de l'AFP Malika Seguineau, responsable du Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété).

On reste inquiets

Les professionnels de la filière musicale ne sont pas repartis avec toutes les réponses attendues, même si le ministère de la Culture leur a présenté un calendrier en quatre phases où va se jouer la tenue de festivals/gros concerts et la mobilisation des forces de l'ordre pour les JO. 

Ces quatre phases courent du 23 juin au 8 septembre 2024, selon le Prodiss et d'autres participants, entre le passage de la flamme dans de nombreuses villes, l'ouverture du village olympique, une phase intermédiaire entre JO et les 80 ans du débarquement, puis les Jeux paralympiques.

"On a une visibilité sur des phases d'empêchement possible mais pas sur leur territorialisation: est-ce que tous les territoires seront concernés au même degré ?", s'interroge Stéphane Krasniewski. 
"Il y a des promesses de réponses mi-décembre mais on reste inquiets sur les solutions proposées, comme les reports", ajoute-il. "On reste dubitatifs sur une clarification rapide promise", rebondit Malika Seguineau.

Ce serait la mort de ces évènements.

Jérôme Tréhorel

Directeur du festival des Vieilles Charrues

Ça n'a pas été traité de cette façon aux JO Londres puisqu'un festival à Hyde Park a pu se tenir à Londres. Ça suffit : la culture est encore la variable d'ajustement en France devant une situation d'envergure nationale, comme pendant la crise sanitaire", décrypte Malika Seguineau.
"Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour que les événements puissent se tenir. Et s'ils devaient ne pas se tenir, nous exigerons compensation", prolonge la responsable du Prodiss.

"Interdire des évènements culturels à cause des JO, ce serait la mort de ces évènements", a insisté auprès de l'AFP Jérôme Tréhorel, directeur du festival des Vieilles Charrues, en Bretagne, qui a rassemblé près de 300.000 personnes cet été.

Les gros festivals ont déjà des engagements

Il a redit, lors de cette réunion, que les reports n'étaient pas non plus la solution, puisque des gros festivals comme le sien ont "déjà des engagements" pour 2024.

Les autorités françaises peuvent trouver des solutions, a ajouté Jérôme Tréhorel faisant valoir que les Charrues s'étaient bien tenues en 2016, alors que la France organisait le championnat d'Europe de foot et que l'attentat de Nice venait de survenir. 

Pour lui, des pistes sont sans doute à chercher du côté du gouvernement dans la "mutualisation des forces mobiles, à équidistance entre deux évènements" ou dans une "coopération européenne, avec des renforts d'autres pays comme on en a vu lors de catastrophes climatiques".

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