L'incidence de la guerre en Ukraine sur les prix du pétrole touche de plein fouet les pêcheurs. La hausse du gasoil va-t-elle sonner la dernière marée pour certains d'entre eux? Ils le redoutent, et se sont retrouvés ce mardi 8 mars, à Loctudy pour une réunion de crise qui se résume en une question : comment rester rentable face à des charges aussi lourdes ?
Pêcheurs et armateurs ont fait le déplacement de toute la France jusqu'au port de Loctudy dans le Finistère. Sur tous les quais des ports français, le tarif du gasoil détaxé s'affiche autour d' 1 euro par litre, un niveau jamais atteint.. Pour les pêcheurs, comme ceux du Guilvinec, ce prix met purement et simplement leur activité en péril.
"C'est pas tenable " s'exclame Dominique Coquet, patron de pêche de "L'Armement Bigouden". Il lui faut 32 tonnes de gasoil pour quinze jours de pêche. Au dessus de 80 centimes le litre, il est compliqué de rester rentable. "Nous, aujourd'hui, on va faire du gasoil et partir pour 15 jours. Si au retour, on a un gasoil à 1 euro, on ne fera pas le plein et on restera à quai" explique t-il.
Réunion de Crise
Alors, ils sont venus hier, mardi 8 mars, des ports de Bretagne, mais aussi de Vendée, de Charente-Maritime, ou encore des hauts-de-France : une centaine de pêcheurs et armateurs se sont retrouvés pour une réunion de crise qui a débuté par une minute de silence pour les Ukrainiens.
La guerre en Ukraine est venue accélérer une hausse du prix du gasoil déjà amorcée avant le conflit. Sébastien Le Prince, patron de pêche du "Magellan" à Loctudy s'emporte : "Depuis 3 mois déjà, on a alerté pour dire que ça ne va pas. le gasoil monte de plus en plus et avec la crise en Ukraine, ça ne fait qu'amplifier le problème".
Stéphane Pochic, armateur de "Demoiselles" également de Loctudy, est encore plus sombre : "Notre inquiétude, elle va au-delà de la hausse des prix. Ma crainte c'est de savoir si dans 15 jours, on aura encore du carburant pour les voitures et pour aller travailler et pour nous, pêcheurs, de pouvoir sortir en mer !"
Les pécheurs espèrent être reçus ces jours-ci par la Ministre de la mer. D'ici là, les réservoirs des bateaux seront bientôt à sec , avec un gasoil au coût trop élevé pour les remplir à nouveau.
Les pêcheurs fragilisés, c'est toute la filière maritime, des milliers d'emplois, qui risqueraient de partir à la dérive.