Quimper. L'ancien élu qui se faisait passer pour un infirmier maintenu en détention provisoire

Nicolas Gonidec, ancien conseiller municipal de Quimper et responsable d'An Tour Tan, accusé d'agressions sexuelles, restera en prison. Il contestait la prolongation de sa détention provisoire, mais la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes en a décidé autrement.

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L'ancien conseiller municipal de Quimper (Finistère) Nicolas Gonidec a été maintenu en prison ce vendredi 15 avril 2022 par la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes, alors qu'il contestait la prolongation de sa détention provisoire dans le cadre de l'enquête pour "agressions sexuelles" qui le vise.

Pour rappel, l'ancien chef d'entreprise, dont la société de production audiovisuelle An Tour Tan Web Media et celle de programmation informatique sont actuellement en liquidation, a fait l'objet de 51 plaintes suite à la médiatisation de sa condamnation par le tribunal correctionnel de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) en octobre 2021.

"Exercice illégal de la profession d'infirmier" et "agressions sexuelles"

A l'époque, seules cinq jeunes femmes avaient décrit des faits similaires à ceux qui lui valent son actuelle mise en examen. Cet ancien habitant de l'avenue de Keradennec, à Quimper, avait ainsi écopé à Saint-Brieuc d'un an de prison ferme et deux autres avec sursis renforcé pendant trois ans pour "exercice illégal de la profession d'infirmier" et "agressions sexuelles". Il avait été autorisé à purger sa peine de prison ferme avec un bracelet électronique, et il avait été déclaré inéligible cinq ans.

Nicolas Gonidec proposait en fait à des jeunes femmes de participer à des expérimentations "pour faire avancer la recherche médicale" : celles-ci se déroulaient "dans une pièce aménagée au sous-sol de sa société, dans des chambres d'hôtel ou dans le cabinet d'orthophoniste de sa mère à Fouesnant", avait relaté ce jeudi 14 avril 2022 la présidente de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Rennes lors de l'audience publique.

Obsédé par les veines

Ses "vaccinations" ou "tests de dépistage contre le Covid-19" étaient alors "rémunérés de 200 à 600 €" ; cet homme "obsédé par les veines" et qui éprouve "le plaisir de la piqûre" prenait même le soin de "renseigner le carnet de vaccination" de ses victimes. Ces dernières se voyaient même proposer des "massages relaxants" avant de connaître "l'orgasme thérapeutique" : il les invitait à se masturber entre deux prélèvements sanguins "pour comparer le taux d'endorphines".

Une fois démasqué, le faux infirmier avait reconnu partiellement les faits, niant néanmoins toute injection de drogue de type GHB, comme le soupçonnent certaines plaignantes. De même, les "caresses" qu'il faisaient aux jeunes femmes "faisaient partie du protocole médical" et ces dernières en étaient "pleinement informées", avait-il soutenu en garde-à-vue.

Reste que son actuelle mise en examen a permis aux enquêteurs de découvrir à Fouesnant (Finistère) un box loué au nom de l'une de ses sociétés, dont il avait tu l'existence jusqu'alors "pour ne pas alourdir son cas" : à l'intérieur, se trouvaient "des vaccins, des anxiolytiques, des préservatifs et du lubrifiant", a énuméré la présidente de la chambre de l'instruction.

Les enquêteurs avaient aussi appris qu'il avait "ouvert un profil sur AdopteUnMec.com", ce à quoi l'intéressé avait répondu que "son couple allait mal" mais qu'il n'en était "pas jusqu'à tromper sa femme".

Une promesse d'embauche chez Florent de Kersauzon (RN)

Depuis, cette dernière est repartie vivre chez ses parents avec leurs deux enfants, et Nicolas Gonidec a demandé à la justice d'aller vivre chez sa mère à Quiberon (Morbihan) avec sa nouvelle compagne : il a perdu "14 kg en quatre mois" en prison.

Son avocat estimait que la poursuite de son incarcération ne se justifiait pas : "rien" dans le dossier "ne vient accréditer un risque de renouvellement de l'infraction". "Aucun élément", non plus, ne vient étayer un "risque de pressions" sur les témoins. Enfin, il a "pris la mesure de l'impact" de ses méfaits sur les victimes et avait des "garanties sérieuses d'insertion".

Le conseiller régional (RN) Florent de Kersauson lui a en effet proposé d'intégrer La Compagnie de Guiclan, une PME de "conseil en communication" basée à Plouhinec (Morbihan), comme "responsable technique vidéo" en télétravail. Pour rappel, l'homme d'affaires a lui-même été condamné en janvier 2022 par le tribunal de Lorient pour des délits financiers.

"Mon projet de sortie c'est d'entamer une reconstruction dans un lieu éloigné de mon domicile [de Quimper, ndlr], avec ma nouvelle compagne avec qui je suis depuis plusieurs mois et qui a engagé des démarches pour déménager, mais aussi pour que les plaignantes puissent se reconstruire", avait appuyé Nicolas Gonidec. "Ma vie n'est pas terminée, je peux rebondir."

"Le regret et le remords, chez lui, ce n'est pas spontané"

Mais l'avocate générale s'était opposée à sa remise en liberté. "Il ne conteste pas qu'une des plaignantes a fait l'objet de faits postérieurs à son placement en garde à vue", avait dit ce jeudi 14 avril 2022 la représentante du ministère public, sans être contredite sur ce point par l'avocat de la défense. "Le risque de réitération [de l'infraction, ndlr] est donc patent."

La magistrate avait également ironisé sur le fait que l'ancien conseiller municipal de Quimper aurait prétendument "tout dit", désormais, aux enquêteurs. "Mmmouais... On peut dire que c'est venu aux forceps : par exemple, il n'avait pas parlé du box à Fouesnant", a-t-elle relevé. "Le regret et le remords, chez lui, ce n'est pas spontané... Ça prend du temps à maturer !".

Un psychiatre avait d'ailleurs décelé chez cet homme jusqu'alors inconnu de la justice un "manque d'empathie" à l'égard d'autrui, une "tendance au mensonge" et à la "manipulation". La chambre de l'instruction s'est finalement rangée à son avis en maintenant l'ancien élu de Quimper en détention provisoire.

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