"Tout le monde a tapé dedans", de "l'invasion" à la raréfaction, le poulpe va être partiellement protégé de la surpêche

La pêche au poulpe va être interdite entre juillet et septembre, période durant laquelle il se reproduit. Il y a quelques années, les pêcheurs criaient à l'invasion. Le poulpe, qui avait quasiment disparu depuis les années 70, réapparaissait en masse à partir de 2021. Aujourd'hui source de diversification des revenus, c'est sa surpêche que les professionnels veulent prévenir.

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Il y a trois ans, il fallait l'éradiquer ; le poulpe, très gourmand en coquillages et crustacés, avait proliféré dans les eaux bretonnes, en remontant depuis le littoral espagnol.

Cette pêche miraculeuse s'est révélée une véritable manne financière pour les marins pêcheurs. En l'absence de quota pour les poulpes, les captures n'avaient pas de limite. Dans le Finistère, le volume de poulpes débarqués dans les ports est subitement passé de 55 tonnes en 2020, à 1500 en 2021, soit 25 fois plus. L’essentiel des captures débarquées part vers les marchés du sud de l’Europe, Espagne, Portugal, Italie, où les clients sont plus friands de céphalopodes que les Français.

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C'est vrai qu'on voyait arriver entre 40 et 50 bateaux, professionnels et amateurs, sur la même zone, ça fait beaucoup trop. Comme il n'y avait pas de réglementation, tout le monde a tapé dedans.

Yannick Coatmen

Pêcheur ligneur dans le Finistère

Une courte existence et une reproduction incertaine

Seulement, depuis deux ans, le poulpe se raréfie. Alors, à la demande de marins pêcheurs, le comité départemental des pêches du Finistère décide d'interdire la pêche dans le Sud du Finistère, comme en 2023, du 1er juillet au 30 septembre. L'été est en effet une période cruciale pour la reproduction de cet animal à la vie courte, de 18 mois à trois ans maximum, qui n'aura l'occasion de se reproduire qu'une seule fois.

Trop vorace le poulpe ?

Adoptée le 12 juin, la mesure d'interdiction de pêche au poulpe durant l'été est contestée par une partie de la profession, qui voit le poulpe comme une manne financière pour les ports de Concarneau, du Guilvinec, d'Audierne et de Loctudy. Le poulpe est aussi perçu comme un concurrent : le mollusque se nourrit de coquillages et de crustacés. Une vingtaine de marins cornouaillais a signé un recours gracieux contre la décision du comité des pêches. D'autant que pour eux, ce céphalopode continue de sévir.

"Si on continue à le laisser s'installer ici, il n'y aura plus de gisement de coquilles Saint-Jacques aux Glénan", estime Romain Wallet, pêcheur ligneur et fileyeur à Concarneau. "On aura aussi moins de crustacés et le port de Concarneau va se vider", prévient-il.

À lire. "C'était impressionnant de voir la masse qu'il y avait dans le fond". Quand les poulpes envahissaient les eaux bretonnes.

"Dans trois mois, ils seront pêchés"

Mercredi 26 juin, le recours gracieux pour contester la fermeture de trois mois de la pêcherie du poulpe dans sud-Finistère a été rejeté. Le comité des pêches rappelle que ce sont les pêcheurs possédant une licence pour pêcher le poulpe qui ont été consultés et ont voté pour maintenir son plan de gestion, à l'instar du modèle espagnol.
L'interdiction sera effective dès lundi prochain, le 1er juillet. Le vice-président du comité des pêches, Sébastien Le Prince, tient à rassurer pêcheurs de poulpes comme pêcheurs de crustacés : "si on le laisse pondre durant l'été, lorsqu'on va retourner sur la pêcherie dans trois mois, ces poulpes qui grandissent très vite seront là pour être pêchés." 

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