Un homme rejugé pour avoir fait vivre "un cauchemar" à une architecte sur laquelle il avait fait "une fixette"

Le parquet général de la cour d'appel de Rennes a requis la confirmation de la condamnation infligée à un graphiste de Telgruc-sur-Mer (Finistère). Ce dernier, sous le coup de 16 mois d'emprisonnement, avait fait "un délire érotomaniaque" sur une architecte, lui faisant vivre un véritable "cauchemar".

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L'homme de 44 ans est en fait détenu depuis son passage en comparution immédiate à Quimper, le 25 juin 2024. Il a été condamné à 16 mois de prison ferme. Ce dessinateur et graphiste de la presqu'île de Crozon avait en fait été condamné une première fois, le 1ᵉʳ mars 2024, à six mois de prison ferme, pour avoir fait vivre un véritable cauchemar à une architecte de la Presqu'île de Crozon rencontrée en novembre 2021.

Un harcèlement constant

Leur amitié naissante avait dû rapidement être écourtée par l'architecte, alors âgée de 38 ans : le prévenu avait en effet adopté des comportements "de plus en plus bizarres", la poussant à rompre les liens avec lui. Il avait notamment pris l'habitude de venir "la nuit chez elle". 

Mais le quadragénaire avait complètement perdu pied à l'annonce de cette rupture amicale : il avait commencé à poster des avis négatifs sur l'ensemble des plateformes en ligne où il était possible de se prononcer sur l'entreprise naissante de la jeune femme.

Il avait aussi "usurpé son identité" et celle de son conjoint, "dégradé" les véhicules du couple. Il lui envoyait des "messages incessants" qui lui avaient valu d'être condamné, entre autres, pour "harcèlement moral", en mars 2024. La jeune femme avait aussi reçu, à plusieurs reprises, des appels de sociétés de pompes funèbres : il avait fait faire des devis à son nom à elle ou à celui de son père décédé.

Deux ans à empoisonner la vie de sa victime

Ce "cauchemar" avait donc duré plus de deux ans, pendant lesquels il avait fait une véritable "fixette sur le couple". À tel point que désormais "elle ne peut plus exercer en tant qu'architecte, n'a même pas réussi à mener à bien ses démarches à l'Ordre des architectes, est inondée de faux mails, de faux documents", a plaidé son avocate, lors de son procès en appel, ce mardi 22 octobre 2024.

La jeune femme et son compagnon avaient pourtant cru que les choses allaient s'arrêter à la première condamnation, qui avait autorisé le prévenu, originaire de l'est, à purger ses six mois de prison ferme dans les Vosges. Mais quelques semaines seulement après son placement sous bracelet électronique, les parents du prévenu avaient signalé sa "disparition inquiétante". Il avait quitté son domicile le 13 mai 2024, soit deux mois seulement après son premier jugement, et les "avis" sur les réseaux sociaux avaient repris de plus belle contre l'architecte et ses proches.

Un harceleur des plus tenaces

Les différentes adresses IP utilisées pour publier ces "avis" avaient permis aux enquêteurs de suivre le harceleur : il avait en fait entrepris "un pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle", en Espagne, avant d'arriver au Portugal. Mais il avait ensuite "pris un vol de Porto pour Brest" et réservé un Airbnb dans la préfecture du Finistère, "très près" de Telgruc-sur-Mer, donc, où il avait pourtant interdiction de paraître. Il avait été interpellé par les enquêteurs le 23 juin 2024. 

Dans son téléphone, les gendarmes découvriront qu'il avait bien "consulté les pages GoWork, Google Business et Linkedin" de l'architecte, et publié des avis au nom du compagnon de la jeune femme, en usurpant de nouveau son identité. Il s'en était pris aussi à une élue de Crozon et aux proches gravitant autour de la jeune femme, aussi bien du point de vue personnel que professionnel.

Il avait reconnu en garde à vue être "l'auteur des messages postés", mais ne souhaitait toutefois pas s'exprimer sur son "voyage", ni sur les circonstances de sa présence à Brest et pas davantage sur "les autres faits". 

"Délire érotomaniaque"

Le médecin chargé d'examiner la victime avait de son côté relevé le "stress chronique" qu'elle subissait. Son psychologue avait aussi détaillé dans quel "mal-être profond" cette affaire l'avait plongée : elle souffrait d'un épuisement physique et psychique et s'était "repliée sur elle-même" depuis le début de ce harcèlement.

Lors de l'audience devant la cour d'appel de Rennes, le prévenu n'a pas donné beaucoup d'explications sur les raisons de ses agissements. À l'évocation des différents faits reprochés, il a majoritairement répondu qu'il n'en avait "plus le souvenir". 

L'expert psychiatre chargé de l'examiner dans la première procédure avait pour sa part conclu que le quadragénaire présentait "une structure psychotique de la personnalité qui décompense sur un mode proche du délire érotomaniaque". Il avait aussi pointé le "sentiment d'énamoration quasi-délirant" qu'il ressentait à l'égard de cette mère d'une petite fille, dont "les réponses et le silence" l'avaient "blessé".

L'expert avait conclu à "une altération profonde de son discernement", et à la nécessité de suivre "un traitement neuroleptique" et "un suivi psychiatrique". Mais à l'issue du premier procès, le graphiste n'avait pas pris ce traitement. Il a expliqué aux juges rennais qu'il avait eu "peur de perdre son libre-arbitre". "Donc c'est que vous l'avez", lui a alors rétorqué la présidente de la 10ᵉ chambre correctionnelle. 

L'avocate quimpéroise de la victime s'était dite "inquiète" des propos de l'intéressé, en dépit de sa "franchise" adoptée sur les faits. 

Des victimes sous anti-dépresseurs

Depuis son incarcération, le prévenu est toutefois soumis à un traitement médicamenteux et voit "un psychiatre une fois par semaine". Il est en fait détenu au sein de l'unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), une unité de soins spécialisée de la maison d'arrêt de Rennes-Vezin.

La jeune architecte n'avait pas fait le déplacement à l'audience à Rennes, contrairement à son compagnon et à un proche du couple, lui-même victime de ses méfaits. "Ça fait trois ans que ça dure, je suis sous anti-dépresseurs, je pense à lui la nuit et je veux que ça s'arrête", a d'ailleurs réclamé une des victimes.

Et l'avocat général de déplorer ces faits "empoisonnant littéralement la vie des personnes prises pour cibles". Il a requis "la confirmation" de la peine prononcée à Quimper et le maintien en détention de l'intéressé. Le représentant du parquet général a par ailleurs considéré qu'il était "extrêmement important" qu'un sursis probatoire avec "une obligation de soins" demeure à sa sortie de prison. 

"Est-ce qu'il comprend la gravité de ses actes ? Je n'en sais rien mais il faut mettre en place une logistique à l'extérieur", a plaidé son avocat. 

"C'est quelqu'un qui souffre d'une psychose et qui ne reconnait pas l'existence de sa maladie", a conclu l'avocat quimpérois.

La cour a pour sa part mis sa décision en délibéré, elle se prononcera d'ici à deux semaines environ.

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