Jean Le Cam pointe en deuxième position du Vendée Globe, ce lundi à 15 h. "Ca nous file la patate" dit sa femme, Anne. Le skipper finistérien, dont l'esprit de compétition reste intact, était en liaison vidéo avec la team Yes we Cam cet après-midi. A terre, on salue la performance.
Même François Gabart est impressionné par le début de course de Jean Le Cam. Le vainqueur de l'édition 2012-2013 du Vendée Globe le dit : "Il nous impressionne tous. Avoir sur cette course et ce bateau une trajectoire aussi propre, c'est remarquable et c'est à saluer".
Pointant à la seconde place du classement, ce lundi à 15 h, le navigateur finistérien, dont le bateau n'est pas équipé de foils, trace sa route. Suivi de près et depuis la terre par la team "Yes we Cam". Avec au premier chef, Anne Le Cam qui reconnaît que "c'est une surprise, cette position au classement. On ne s'y attendait pas du tout parce que Jean a seulement fait quatre sorties sur le bateau avant le départ. Il n'a pas vraiment eu le temps de naviguer avec".
Ce lundi après-midi, l'équipe est au complet, dans ses locaux de Port-La-Forêt, dans le Finistère. D'ici quelques minutes, Jean Le Cam sera en liaison vidéo. Il apparaît souriant, détendu et raconte cette première semaine de course. Décroche sa caméra mobile pour une visite guidée du bateau. "Là y a mon pieu à côté, niveau ergonomie, y aura un peu de boulot à faire mais bon va pas s'emmerder avec ça" rigole-t-il.Ca lui donne la pêche de savoir que son bateau va vite et qu'il peut être bien classé parmi les bateaux à dérive
La discussion continue. On parle de tout et de rien. De la course surtout. "On n'a pas une bonne nouvelle à t'annoncer, dit Anne. Nicolas Troussel a dématé". "Ah merde... Qu'est ce que ça démate, ces bateaux ! Je touche du bois, ah mais non, je n'ai pas de bois ici !".
Avec sept tours du monde à son actif - cinq Vendée Globe et deux Barcelona World race -, le vieux loup de mer montre, depuis le départ des Sables-d'Olonnes, qu'il en a encore dans le ventre. "L'objectif de Jean, ce n'est pas de rivaliser avec les foilers, explique Anne Le Cam. Mais jusque-là, les conditions n'ont pas été favorables aux foilers car il y a eu des mers très formées. Mais pour Jean, c'est intéressant car les conditions qu'il rencontre sont celles qu'il aura dans le grand Sud et ça le rassure de voir que le bateau file rapidement".
Il y a les conditions météo, mais aussi l'expérience du navigateur finistérien. "C'est un joli spectacle auquel on assiste" reconnaît Roland Jourdain. Le double vainqueur de la Route du Rhum, qui avait fini sur le podium du Vendée Globe en 2001 à la troisième place, évoque le choc des générations, "les anciens et les plus jeunes sont ensemble, les dérives se mélangent aux foilers, c'est génial. Et puis, en tête, vous avez deux mecs, Alex (Thomson, NDLR) et Jean, deux cultures, deux mecs qui ne se seraient jamais rencontrés dans d'autres conditions que la course au large, qui ont osé passé au plus près de la dépression tropicale".
Jean est là où beaucoup ne l'attendaient pas mais il est à sa place. Il avait annoncé qu'il y allait pour le sport et pas pour autre chose. Je crois que c'est là qu'on reconnaît les vrais champions
De son côté Vincent Riou rappelle que "vu les conditions très techniques de ce début de course, ça s'est joué sur les capacités du marin plus que sur la vitesse du bateau, foiler ou pas foiler". La passion combinée au palmarès du skipper de Yes we Cam sont des alliés précieux. "Il a une envie toujours intacte, même si beaucoup de gens en doutaient. L'histoire lui a donné une fois de plus l'opportunité d'être là. Il a déjà écrit une belle page de ce Vendée Globe".
Le reportage de Gwenaëlle Bron et Morgane Tregouët