L'affaire Richard Ferrand, pièce maîtresse du nouveau président, au coeur d'une affaire immobilière révélée par le Canard Enchaîné, est une première épine dans le pied d'Emmanuel Macron, estime jeudi la presse.
"En pleine opération de moralisation de la vie politique, qui est fragilisée, cet accroc est un coup dur bien réel. C'est une véritable épine dans le pied d'Emmanuel Macron", affirme Olivier Pirot, de La Nouvelle République du Centre-Ouest. "La mise en cause touche un pilier du nouveau pouvoir, compagnon de la première heure du président et ministre en charge du logement", rappelle Hervé Favre, de La Voix du Nord avant d'ajouter : "Pour Emmanuel Macron, qui a mis tout en haut de son agenda la moralisation de la vie publique, ce "cadeau"-là est donc très mal venu".
Une affaire qui tombe très mal
"Il intervient au moment où le gouvernement nous joue la petite musique de la République propre", note également dans le Midi Libre, Yann Marec qui se demande si "ce couac" ne va pas "se transformer en boulet" pour le chef de l'Etat. En tout cas, "L'affaire tombe très mal pour Macron", reconnaît Nathalie Raulin, de Libération. Pour la journaliste, "elle brouille la volonté de moralisation de la vie publique que le mouvement macronien a placée au coeur de sa campagne législative".
Le ministre de la Cohésion des territoires, secrétaire général de La République en Marche! "pris à son tour dans la tourmente des affaires", écrit Le Figaro. Certes, "sur le papier rien d'illégal mais cette révélation fait mauvais genre concernant une des pièces maîtresses de l'équipe de Macron qui a fait de la transparence et de la probité son cheval de bataille", écrit de son côté Le Parisien qui y voit une "embarrassante affaire". Didier Rose, des Dernières Nouvelles d'Alsace parle de "déconvenue pour Macron, qui se présente en chevalier blanc de la République" et de "soupçon qui s'invite au gouvernement". "Pour un mouvement pressé de tourner la page des affaires, c'est beaucoup", déplore-t-il.
Richard Ferrand accusé d'avoir favorisé sa femme dans une opération immobilière -
"Rattrapé par la patrouille"
"Rattrapé par la patrouille", ironise Patrice Chabanet, dans le Journal de Haute-Marne. Et pour ce dernier: "On saura très vite si c'est un simple couac de démarrage pour
l'équipe gouvernementale ou un premier accroc sérieux". "Moins de 15 jours après la formation du gouvernement, un ministre se retrouve sur la sellette et Emmanuel Macron voit tanguer un maillon fort de son dispositif", s'inquiète Christophe Lucet, dans Sud-Ouest. "Il est pour le moins gênant qu'il soit mis en demeure de répondre à ses détracteurs sur le thème aussi emblématique que prioritaire de la moralité publique", conclut l'éditorialiste.
Les réactions politiques
Le parti Les Républicains, en pleine campagne pour les législatives après une présidentielle plombée par les affaires de François Fillon, a rapidement attaqué en annonçant mercredi son intention de saisir le parquet national financier (PNF) pour qu'il ouvre une enquête. Mais "les faits évoqués à ce stade n'entrent pas dans le champ de compétence du PNF", a fait savoir à l'AFP une source proche du dossier. Le patron du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a demandé "solennellement" à l'exécutif de s'exprimer tandis que Marine Le Pen est allée plus loin, demandant la "démission" de M. Ferrand, auteur selon la présidente du Front national d'un "enrichissement personnel parfaitement immoral".