Les travaux d'enrochement de la dune de Lehan, à Treffiagat, ont débuté cette semaine. Ils sont menés en urgence car, suite aux dernières tempêtes, la dune s'est fragilisée et devient dangereuse pour la dizaine d'habitations à proximité. Une solution pérenne est à l'étude.
Sur la dune de Lehan, à Treffiagat, dans le Finistère, les tractopelles sont à la manoeuvre. Depuis sa maison, située juste en bordure, Michel Le Bail observe ces travaux d'enrochement menés en urgence, après que la tempête du 15 novembre a emporté des pans entiers de dune.
L'homme, qui s'est installé ici il y a dix ans, ne cache pas son inquiétude. "J'ai acheté cette maison sur un coup de coeur, confie-t-il. Et je me suis aperçu au fil des ans que la dune se dégradait, que cela devenait risqué. J'ai donc écrit aux collectivités pour demander qu'une solution sérieuse soit trouvée rapidement".
Enrochement artificiel
Les travaux qui ont démarré en ce début de semaine ne sont qu'une solution provisoire. En attendant la mise en application du programme de prévention des inondations (PAPI), à l'horizon 2024. "On aurait aimé que le PAPI puisse être enclenché dans sa version définitive, mais ce n'est pas possible, précise Stéphane Le Doaré, président de la Communauté de communes du Pays bigouden Sud. Le projet consistera à mettre les enrochements en arrière de la dune pour refaire un ensablement, de façon à ce que les sédiments puissent se redéposer sur la plage quand la houle vient taper".
L'enrochement tel qu'il existe aujourd'hui sur 300 mètres, à proximité des habitations est artificiel. Chaque tempête fragilise la dune et avec elle, ceux qui y vivent. "L'humain s'est préservé en créant une dune qui n'est pas homogène. Ce n'est pas du sable naturel. Il y a des maisons qui sont là depuis 120 ans et d'autres qui sont venues s'ajouter à des endroits où il n'est pas raisonnable de donner des permis de construire" ajoute Stéphane Le Doaré.
La Communauté de communes du Pays bigouden Sud appelle d'ailleurs les promeneurs à la prudence. "Les risques d'éboulement sont réels" indique-t-elle dans un post Facebook :
"Des gens à protéger"
Traiter l'urgence pour tenir encore quatre années avant la mise en oeuvre du PAPI, "on n'a pas le choix, dit Nathalie Tanneau, maire de Treffiagat. Il y a des gens à protéger mais il y a aussi une station d'épuration un peu plus loin. Si elle venait à être inondée, on se retrouverait avec des problèmes de refoulements dans les habitations".
L'élue se souvient de la plage de son enfance "qui n'a plus rien à voir avec le profil qu'elle avait à l'époque. La dune était beaucoup plus large, la plage plus longue, il y avait beaucoup plus de sable". Et moins de maisons.
Je me retrouve avec une maison en zone rouge, qui est devenue invendable. Si j'avais su cela, je n'aurais jamais acheté ici.
Si la maire assure que ces travaux de consolidation n'induisent pas pour l'instant d'exproprier certains riverains, Michel Le Bail s'interroge sur la suite car le renforcement de la dune par l'arrière aura des conséquences. "Il va falloir reculer les limites de nos terrains, explique-t-il. Et moi, qui suis le seul à avoir un accès à ma maison côté mer, je ne pourrai plus entrer chez moi ni sortir".