Basé à Port-la-Forêt dans le Finistère, Jingkun Xu sera début novembre le premier marin chinois à disputer le Vendée Globe. Un joli Tour du monde en perspective, pour celui à qui la vie avait d’abord commencé par jouer un vilain tour, une amputation du bras gauche à 12 ans.
Basé à Port la Forêt dans le Finistère, il sera début novembre le premier marin chinois à disputer le Vendée Globe.
Fils de viticulteurs modestes au sud-est de la Chine, Jingkun Xu était logiquement parti pour reprendre à terme la ferme familiale. Mais à douze ans, son destin va une première fois basculer. Victime d’un accident lors d’un feu artifice, le voilà amputé du bras gauche
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Amputé du bras gauche, il va devenir skipper
Qu’importe, à force de résilience, le jeune Jingkun décide que son handicap lui permettra de s’inventer une nouvelle vie, grâce au sport notamment.
L’adolescent a de belles aptitudes en athlétisme, il est même repéré par l’équipe paralympique de Chine... Mais voilà qu'elle lui propose aussi de s’essayer sur un bateau !
"À 14 ans, je ne savais pas nager, je n’avais jamais vu la mer". Il va se laisser tenter.
Avec un seul bras, les débuts sont difficiles. Mais en 2008, Jingkun Xu participe aux Jeux avec son équipe nationale, et il choisit de persévérer en s’inspirant notamment du parcours de la navigatrice anglaise, Ellen Mac Arthur, et de son tour du monde.
Pour espérer toucher un jour son rêve du Vendée Globe, Jingkun Xu commence alors par venir s’installer en Bretagne et devient le premier navigateur en situation de handicap à boucler en 2015 la mini-transat 6.50, reliant Douarnenez à Pointe-à-Pitre.
Deux ans plus tard, il finit 4e du Championnat du monde de voile handisport, avant de partir trois ans autour du monde avec sa compagne, et d’être sacré marin de l’année en Chine en 2020.
En 2022, il s’élance en Imoca sur la Route du Rhum (29e), et en 2023 sur la Transat Jacques Vabre (33e).
"Si ton rêve est facile à atteindre, ce n'est pas un rêve... "
Aujourd’hui, si le rêve de Vendée Globe se rapproche, à terre, le marin chinois n’a pas une grosse écurie pour l’épauler : "je dois m’occuper du bateau, de la pharmacie, de la trousse à outils, de la nourriture, des médias, dit-il. Il faut que je pense à tout."
À ses côtés, son épouse Sofia souligne le chemin parcouru. "Quand on a commencé avec la Minitransat, qu’on a déménagé en France, on ne parlait pas français, on ne connaissait pas le monde de la course au large, on n’avait pas d’amis… On s’y est mis, ce n’était pas facile, mais il dit que si ton rêve est facile à atteindre, alors ce n’est pas un rêve."
Un rêve qui, quoi qu’il arrive, ne sera qu'une étape de plus dans ce parcours hors du commun.
"Ce n’est qu’un début, dit Jingkun Xu. Quand j’aurai terminé le Vendée-Globe, je ferai peut-être le suivant. Ou bien, je m’essaierai au trimaran, je ne sais pas. Mais jamais, je ne m’arrêterai."
GLM avec G. Bron