Si le sprint final du Vendée Globe a été grandiose, deux skippers ont déjà conquis le coeur du grand public. Jean Le Cam et Damien Seguin ne finiront peut-être pas sur le podium, mais ils font partie des stars de cette 9e édition.
Jusqu'au milieu de la nuit, le podium de ce neuvième Vendée Globe était incertain. Si Charlie Dalin a franchi la ligne en premier, au terme d'un sprint avec Louis Burton dans le tableau arrière, c'est finalement Yannick Bestaven qui monte sur la première marche, grâce à la compensation accordée pour le sauvetage de Kévin Escoffier.
Dans la zone du naufrage, il n'était pas seul. Jean Le Cam faisait aussi partie des héros de ce cette histoire de solidarité des gens de mer. Et il n'en fallait guère plus pour qu'il nous rappelle qu'avant même le départ, il était, à 61 ans, la coqueluche du public.
"Je ne suis pas étonné qu'il ait son fan-club"
Celui que l'on surnomme le "Roi Jean" a étendu son aura par-delà les frontières de son Finistère natal.
Si dans cette classe de CM1 de Saint-Thonan, à quelques encablures de Brest, Manon a écrit au navigateur pour lui dire "d'essayer d'arriver au moins 7ème", plus au sud-ouest, à Orthez, l'école Castétarbe s'est fendue d'une chanson à la gloire de "Jean qui fout l'Cam".
"Jean a marqué ce Vendée Globe, note Jacques Caraës, le directeur de course. Avec le naufrage de Kevin Escoffier, le temps qu'il a pris pour le secourir et le récupérer à bord de son bateau, c'est une belle histoire de solidarité et de générosité".
Une histoire qui, comme les concurrents de l'édition 2020-2021, a fait le tour du monde. Et qui vaut à Le Cam une bonification de 16 h 15 sur son temps de course.
C'est un personnage attachant, Jean. Il a son franc-parler, on a l'impression qu'il est un peu bourru, de prime abord, mais il a un grand coeur
"Je ne suis pas étonné qu'il ait un fan-club, sourit Jacque Caraës. Jean est unique en son genre. Il n'est pas né de la dernière pluie. C'est un marin d'exception". A 61 ans, Le Cam bouclera dans quelques jours son cinquième tour du monde en solitaire. Il pointe à la 8e place et s'impose comme la star de ce Vendée Globe.
"Mon premier objectif, c'est de passer la ligne d'arrivée, déclare-t-il ce mardi 26 janvier lors d'une vacation avec la direction de course. Je pense que ça devrait le faire".
Seguin, la ténacité
A deux places devant Le Cam, Damien Seguin. Les deux navigateurs se connaissent bien. "Ils sont très complices, remarque Jacques Caraës. Ils ont préparé leur bateau sur le même chantier. Jean a accompagné Damien dans son projet ".
Seguin dit avoir "pleuré toutes les larmes de son corps" au passage du Cap Horn début janvier. "Damien aura marqué ce Vendée Globe même s'il ne finit pas sur le podium, déclare le directeur de course. Il a fait preuve d'une sacrée ténacité. Un parcours exemplaire malgré ses difficultés physiques".
J'ai envie de profiter de ma fin de course et ce que j'aime, c'est attaquer. Ça ne veut pas dire que je vais finir devant, mais ça me permet de poursuivre le jeu
Damien Seguin est le premier skipper handisport à participer à ce tour du monde en solitaire. Né sans main gauche, le triple médaillé en voile paralympique a également à son actif trois Route du Rhum.
L'Everest des mers sonne comme une suite logique dans la trajectoire du navigateur lorientais qui a su bousculer ses concurrents en haut de classement.
"Il est très pertinent dans les choix de route qu'il fait, constate Jacques Caraës. Il compense son handicap. Je ne suis pas surpris de voir qu'il a toujours autant d'enthousiasme en cette fin de course".
? Damien vient de franchir la barre symbolique des 1 000 milles avant l’arrivée !
— Damien Seguin (@sailingdamien) January 26, 2021
? De quoi donner le sourire et l’envie de finir cette course de la meilleure manière possible ?
? Toujours 6e, @GroupeAPICIL est attendu jeudi en fin de matinée aux Sables-d’Olonne !#VG2020 pic.twitter.com/VTNPUuEDvk
Au cours de ce Vendée Globe, Damien Seguin n'a pas manqué de faire un clin d'oeil à Jean Le Cam. En sortant un paquet de petits pains suédois et du beurre salé. "C'est lui qui m'a converti à ça, s'amuse-t-il depuis son bateau. C'était lors d'une de mes premières sorties en Imoca. Alors, merci Jean !".