Frelon asiatique : ce qu'il faut faire et ne pas faire pour piéger les reines. "Près de 90 % des nids primaires sont construits sur du bâti"

De la mi-mars à la mi-mai, on peut piéger les reines fondatrices avec un mélange appétissant. Voici les conseils de plusieurs spécialistes pour piéger efficacement les frelons asiatiques tout en limitant l'impact sur les autres insectes et la biodiversité.

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Entre le 1er février et le 15 avril, après trois mois d’hibernation, les reines fondatrices des frelons asiatiques sortent déjà de leur cocon et ce, pour le plus grand malheur des abeilles. Dès les premiers beaux jours, lorsque les températures approchent des 15 degrés, les reines s'éveillent. Affaiblies au sortir de l'hiver, ces fondatrices se mettent en quête de sucre pendant quatre à cinq semaines. 

"Les nids primaires peuvent faire la taille d'un pamplemousse et ils sont toujours situés dans un endroit abrité" souligne Gonzague Collong, vice-président du Syndicat des apiculteurs du Morbihan. La reine va chercher des glucides pour se refaire des forces. Elle va ensuite pondre et créer des ouvrières qui vont petit à petit construire le nid secondaire." 

L'heure des pièges a bientôt sonné

Il est donc important de manière préventive de piéger ces reines fondatrices le plus tôt possible au printemps. "Après le 31 mai, les reines fondatrices auront migré dans les nids secondaires et ne les quitteront plus" explique Gonzague Collong. 

LIRE : Finistère. Son piège à frelons, primé au concours Lépine, se vend dans toute l’Europe

En Bretagne, c'est généralement entre le 1er avril et le 31 mai qu'il convient de détruire les nids primaires et de piéger les reines des frelons asiatiques. 

Où poser les pièges

Mais pour bien les piéger, il faut procéder de manière organisée et avant toute chose savoir bien localiser les nids primaires. "Près de 90% des nids primaires sont construits sur du bâti et à proximité des bâtiments et non en pleine nature" constate Maël Peden, technicien à la Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles (FDGDON).

Les zones urbanisées sont plus impactées que les zones rurales

Maël Peden

Fredon Bretagne

Les reines fondatrices les construisent généralement dans un endroit protégé de l'eau, par exemple à l'abri d'un balcon, d'une cabane ou d'un auvent. Ces nids, pas plus gros qu'un pamplemousse, vont servir de base de départ pour une colonie. "Les zones urbanisées sont plus impactées que les zones rurales. On les voit plus facilement car elles sont installées dans des endroits protégés comme abris de jardins, des garages, protégés de la pluie car sinon elles ne survivent pas." 

Gonzague Collong préconise d'installer les pièges "près des arbres à fleurs, des composteurs ménagers et éventuellement à proximité des bâtiments anciens ou des tas de bois où elles peuvent trouver refuge pour hiberner." 

Comment attirer les frelons

Mais pour qu'un piège soit bien efficace, il faut qu'il attire les frelons. Pour cela, on doit composer une bonne mixture. "On met un attractif, un appât composé de 40% de bière brune, de vin blanc car l'alcool est un répulsif pour les abeilles, et 20% de sirop de fruits rouge pour attirer les frelons" conseille l'apiculteur. 

Les phéromones participent à l'attractivité du piège

Gonzague Collong

Apiculteur

Gonzague Collong recommande fortement de ne pas laver les pièges qui ont déjà capturé des fondatrices. "Ils doivent conserver les phéromones laissées par les frelons car ils vont faciliter le piégeage. Les phéromones participent à l'attractivité du piège."

Pour s'assurer du bon fonctionnement du piège, il faut également réaliser un suivi régulier. "Les pièges doivent impérativement être retirés du terrain dès que la campagne est terminée et un bilan établi par chaque piégeur afin d’avoir une idée de l’impact des captures réalisées, indique Maël Peden, du Fredon Bretagne. De cette façon, on peut mesurer l’intérêt d’une telle campagne. Sans retour, pas de comparatif possible et donc aucune notion de l’intérêt de poursuivre ou non ces pratiques."

Privilégier les pièges sélectifs 

Avant de parler du type de pièges à installer, il est important, selon Maël Peden, de rappeler que l'objectif de ce piégeage est la préservation de la biodiversité et la protection des ruches. "Le piégeage massif à l’aide de pièges non sélectifs ne répond pas à ces exigences, dit-il. En effet, le nombre d’insectes piégés par du matériel inadapté est parfois bien supérieur à celui qui aurait été détruit par le frelon lui-même. Le type de piège utilisé doit impérativement être adapté pour obtenir une sélectivité stricte. De par sa conception, sa période d’utilisation et son suivi." 

Des pièges totalement inadaptés et fortement déconseillés existent sur le marché. Ces pièges non sélectifs présentent un danger sérieux pour les insectes locaux (abeilles, frelons européens…). Ils sont peu onéreux mais ils ont un effet délétère sur la biodiversité en capturant tous types d’insectes, sans distinction aucune, qui sont pourtant utiles à notre environnement.

La Fédération départementale des groupements de défense contre les organismes nuisibles préconise d'opter pour "des pièges nasses dans lesquels les insectes capturés ne sont pas en contact avec l’appât, et desquels les non-cibles peuvent ressortir avec comme exemple les grilles Neoppi, les pièges Beevital, piège japonais ou encore le piège Jabeprod."

Faire piéger par le plus grand nombre, c'est une mauvaise idée

Maël Peden

Fredon Bretagne

"Il faut essayer de limiter l’entrée. En général, on parle de 9 à 10 mm pour éviter aux papillons de rentrer et permettre, en revanche, aux reines fondatrices de rentrer, précise Gonzague Callong. Il faut ensuite créer des trous de 5 à 6,5 mm pour permettre aux petits insectes de s’échapper."

Maël Peden insiste également sur le fait que le piégeage doit être réalisé par des gens sensibilisés par la thématique. "Faire piéger par le plus grand nombre, c'est une mauvaise idée. Des gens pensant bien faire vont parfois laisser trop longtemps les pièges en place, de façon incorrecte et non ciblée."

Quand détruire un nid primaire  

Il est également possible de détruire un nid primaire de frelons asiatiques mais, là encore, il s'agit d'être très attentif à son stade d'évolution. Il y a donc d'abord une étape d'observation. "On peut le détruire avec ses propres moyens à condition que la fondatrice soit détruite avec. Ce qui convient de faire, c'est identifier que l’insecte soit à l’intérieur du nid, prévient Maël Peden. Il faut ensuite l'écraser avec un support. Cela peut être une planche ou l'enfermer dans un bocal puis le mettre au congélateur. Il ne faut pas utiliser de produit chimique."

Après avril et mai, il est trop tard pour espérer piéger les reines fondatrices. Dès lors, il faudra repérer les nids dits secondaires, lesquels peuvent abriter jusqu'à un millier d'individus. La meilleure période pour détruire les nids secondaires va de juillet à octobre mais leur destruction doit être opérée par un spécialiste. Rien que dans le Finistère, près de 9.200 nids ont été détruits en 2023. 

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