A l'image de la météo, l'activité du mois de juillet est en demie-teinte pour le secteur du tourisme en Bretagne. Si les nuitées ont augmenté de 4% par rapport à l'année précédente, seuls les deux tiers des professionnels se disent satisfaits de leur bilan de mi-saison selon une étude du comité régional du tourisme.
Contre vents et - grandes - marées, les touristes ont bien afflué vers la Bretagne en ce premier mois de vacances estivales. "Après l’été 2022 à la météo très favorable, la Bretagne était annoncée comme l’une des destinations de vacances privilégiées", rappelle le comité régional du tourisme dans son bilan du mois de juillet.
La fréquentation a effectivement augmenté : + 4% de nuitées par rapport la même période 2022, "même si la 2ème quinzaine a connu un ralentissement de la clientèle française en grande partie lié à la météo défavorable", note le comité régional du tourisme qui a sondé un millier de professionnels bretons.
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Car l'inflation et la météo plus que capricieuse ont entraîné "des annulations et des séjours écourtés, notamment dans les hôtels et les campings, analyse encore le comité régional du tourime. [...] Les réservations de dernière minute n’ont pas eu lieu."
A Saint-Coulomb en Ille-et-Vilaine, le camping des Chevrets affiche généralement complet tout l'été. Cette année, si tous les mobiles homes ont été occupés en juillet, de nombreux emplacements pour tentes et camping-car sont restés disponibles.
Juillet, une grosse déception
Selon le comité régional du tourisme, 45 % des professionnels interrogés estiment que l'activité du mois de juillet est moins bonne que prévue. Chez les restaurateurs, c'est même la moitié des sondés qui témoignent de leur insatisfaction.
"Mai et juin ont été des excellents moments pour nous en termes d'économie mais le mois de juillet est une grosse déception", confirme Hubert Jan, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie dans le Finistère et également à la tête de la branche restauration à l'échelon national. "Il y a quand même du monde, côté hébergement, on fait le plein, mais il n'y a pas eu assez de consommation."
À tel point qu'à l'hôtel-restaurant de la Cale à Beg Meil dans le Finistère, Didier Clavez, le propriétaire a décidé d'embaucher deux saisonniers de moins en août car "ceux du mois de juillet n'ont pas fait toutes leurs heures".
Au restaurant l'Echouage à Pléneuf-Val André dans les Côtes-d'Armor, Sophie Richard la gérante a déjà fait ses comptes :
"J'ai une baisse de fréquentation de 25 à 30 % pour le mois de juillet et un ticket moyen qui a diminué de plus de 20 % lui aussi."
Sophie RichardPropriétaire du restaurant l'Echouage au Val André
Résultat, 23 % de chiffre d’affaire en moins en juillet. Du jamais vu pour cette cheffe d'entreprise, en progression constante depuis l'ouverture de son restaurant en 2017. "Il y a la météo mais on voit bien que même les gens qui viennent consomment différemment. Quand on discute avec eux, on constate qu'ils s'inquiètent de l'augmentation des prix."
Record battu au musée national de la marine à Brest
Côté loisirs, seuls la moitié des professionnels sont satisfaits. Les activités nautiques en particulier souffrent de la météo. Un secteur tire tout de même son épingle du jeu : dans les musées et les châteaux, neuf professionnels sur dix se disent satisfaits du mois écoulé.
A Brest, le musée national de la marine a ainsi accueilli près de 16 000 visiteurs ce mois-ci contre 12 000 l'an passé.
"C'est un record de fréquentation pour nous, souligne Laurence Milin, responsable accueil au musée. En 30 ans d'existence, on n'avait jamais vu ça. Il y a avait parfois trente minutes à une heure d'attente à l'entrée."
Laurence MilinResponsable accueil au musée national de la marine de Brest
L'aquarium Océanopolis à Brest enregistre lui aussi son meilleur mois de juillet en terme de fréquentation depuis 15 ans.
Même chose au terrarium de Kerdanet dans les Côtes d'Armor qui a accueilli 3 100 visiteurs contre 2 000 l'été dernier. "Les gens nous trouvaient en cherchant "comment s'occuper en cas de pluie" sur internet", rapporte Monique Quistinic, bénévole au sein de l'association en charge de ce refuge de reptiles.
Un record là encore pour cet établissement inauguré en 1990. De quoi augmenter les recettes de 10% en juillet. "Cela nous aidera à embaucher un troisième salarié et aménager une troisième salle de visite", assure la bénévole.
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Alors que huit professionnels sur dix s'estimaient satisfaient de leur début d'été les deux années passées, ils ne sont que six sur dix à avoir répondu favorablement au sondage du Comité régional du tourisme en 2023.