Une volaille de chair sur trois est bretonne, 4 œufs sur 10 ont été pondus dans un élevage de la région. En quelques décennies, la Bretagne est devenue la première région de production de volailles. Les cas de grippe aviaire découverts dans le Morbihan et en Ille et Vilaine font craindre le pire à une filière déjà fragilisée par les hausses des cours des matières premières.
On ne l'a pas forcément à l'esprit, car ce sont plus fréquemment les dossiers du porc ou de l'élevage laitier qui sont sur le "devant de la scène" en Bretagne. Mais en 2019, la région occupe le 1er rang des régions françaises pour la production de volailles de chair.
Elle produit plus de 40 % des poulets en France. Ainsi, une volaille de chair sur trois est bretonne.
Les poulets représentent 66 % de cette production, et les dindes 26 %.
Une histoire bretonne
Tout a commencé dans les années 1950 raconte Jean-Paul Diry dans son ouvrage, "L’industrialisation de l’élevage en France."
"La Bretagne connaît un développement sans précédent de l’aviculture et plus précisément de la production de poulets de chair dans des bâtiments fermés, en “hors-sol”. Des fabricants d’aliments pour animaux réussissent à convaincre des agriculteurs à construire des ateliers sur leur exploitation. L’aviculture apparaît d’autant plus attractive qu’elle est initialement très rentable, les prix des poulets de chair demeurant élevés alors que les coûts de production diminuent. Le nombre de créations d’élevages avicoles connaît son apogée en 1963 puis chute considérablement les années suivantes."
De nombreux élevages créent alors un ou deux bâtiment volailles à côté de l’exploitation laitière pour garantir un revenu et petit à petit, toute la filière se structure.
En 2015, la Bretagne compte 19 établissements d’abattage de volailles et 26 établissements spécialisés dans la transformation et la conservation de viande de volailles . La région produit 37 % des viandes cuites de volailles et 43 % de pâtés à base de foie de volaille.
En 2015, sur les 103 accouveurs français, 23 sont installés en Bretagne.
Les premières difficultés
En 2010, la Bretagne compte 4 000 exploitations avicoles. Mais la fin des restitutions, les aides qui permettaient au poulet breton de se vendre sur les marchés du Moyen-Orient et les premiers épisodes de grippe aviaires font vivre des moments difficiles à la filière.
En 2003, l’état débloque des aides à la cessation d’activité. Entre 2000 et 2010, la Bretagne perd un quart de ses éleveurs de volailles. De 818 980 tonnes équivalent carcasses en 2000, la production bretonne a chuté à 556 047 en 2019.
La Bretagne est aussi la première région française en capacités d’élevage de poules. En 2019, les volailles de ponte bretonnes représentent 45,3 % du cheptel national. 4 pondeuses sur 10 sont bretonnes et donc mathématiquement, 4 œufs français sur 10 sont bretons.
Pas besoin de ça
Les trois nouveaux cas d’influenza aviaire découverts ces derniers jours en Bretagne ( un à Ambon dans le Morbihan, deux en Ille et Vilaine à Essé et Guipry-Messac ) font peser une lourde menace sur une filière qui n’avait pas besoin de ça.
Les éleveurs sont fragilisés par les hausses des coûts des matières premières. La guerre en Ukraine a fait flamber le tarif du gaz dont ils ont besoin pour chauffer les bâtiments. Elle a aussi fait grimper le prix des céréales pour nourrir les volailles, le prix des engrais pour mettre sur les terres, celui du gasoil pour les tracteurs.
La FRSEA, le syndicat majoritaire dans la filière, réclame une valorisation d'urgence "de quelques centimes" sur les marchés.
À la date du 25 mars 2022, indique le Ministère de l’agriculture, la France compte 1028 foyers d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) en élevage, 39 cas en faune sauvage et 19 cas en basse-cours.