Hôpitaux en grève : "Si l'on continue comme ça, l'hôpital ne pourra plus assurer sa mission de soin"

Jeudi 14 novembre, les personnels hospitaliers ont annoncé leur intention de faire grève. Antoinette Perlat, docteur au CHU de Rennes, nous fait part des raisons de ce mouvement "inédit" selon elle.

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"On n'a plus besoin d'attendre les épidémies de grippe pour être sous tension !" Antoinette Perlat, docteur au CHU de Rennes, donne le ton, à la veille d'une mobilisation "inédite", selon ses termes, des personnels hospitaliers.
 


"J'exerce depuis 2006 et je constate qu'on a de plus en plus de difficultés. On a l'impression qu'on ne va pas s'en sortir", déplore-t-elle.
 

Tarification à l'acte


Le médecin met notamment en cause la tarification à l'acte, selon laquelle chaque acte médical donne droit à une dotation précise pour l'hôpital. Ainsi, plus il y a d'actes, plus la dotation est élevée.

"Cela fonctionne bien pour les soins techniques, c'est-à-dire la chirurgie et la radiologie, qui sont rentables", souligne-t-elle. Mais pas pour les maladies chroniques. Il y a ainsi "des patients rentables et des patients non rentables", se désole Mme Perlat.
 

Budget


Autre problème : le budget. "Alors que les dépenses de santé ont augmenté de 4 % en un an, le budget n'a connu une hausse que de 2,1 %".

Les grévistes demandent ainsi "une augmentation du budget hospitalier à hauteur de l'augmentation programmée des charges."
 

Prise de décision

Les grévistes mettent également en cause "l'intégration et l'association des usagers et des soignants, toutes catégories confondues, aux décisions et projets de soins, pour créer de réels partenariats". 

"La plupart des décisions sont prises au niveau de la direction, mais ce ne sont pas des soignants", s'indigne Mme Perlat. "Les médecins n'ont qu'un avis consultatif. Il faut que soient associés aux décisions de l'hôpital les usagers et les médecins."
 

Mobilisation "inédite"


Pour répondre à toutes ces revendications, les grévistes attendent des annonces gouvernementales de pied ferme. Alors qu'Agnès Buzyn, ministre de la Santé, prévoirait "des primes, des investissements et des revalorisations", les personnels hospitaliers en attendent davantage. "Évidemment, il faut que le salaire soit revalorisé pour que le métier soit attractif" concède-t-elle, mais il faut surtout "des mesures structurelles".

La mobilisation prévue ce 14 novembre, qui s'annonce "inédite" en raison notamment de la diversité des corps de métiers participants, est là pour faire entendre les revendications. Car face aux efforts budgétaires demandés année après année, aux fermetures de lits, à l'engorgement des urgences, les hôpitaux affrontent une crise de grande ampleur. "On a l'impression de vider la mer avec une petite cuillère", déplore Mme Perlat. "Si l'on continue comme ça, l'hôpital ne pourra plus assurer sa mission de soin", conclut-elle.
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