Le Phare du Port de Moguériec, sur la commune de Sibiril, est menacé de disparition. La digue qui le soutient s'effrite. Des experts de Phares et Balises doivent rendre leur conclusion en octobre. En attendant les habitants se mobilisent pour pouvoir garder ce qu'ils considèrent comme leur emblème.
Continuera t-il à projeter sa lumière ? Le phare du port de Moguériec se dresse fièrement sur Sibiril. Ce vieillard de 140 ans est pourtant menacé de disparition. Installé sur une digue qui s'effrite, son avenir est entre les mains de l'association Phares et Balises à qui l'on a commandé une expertise.Les conclusions doivent être rendues en octobre prochain. Trois solutions sont déjà envisagées : remettre son socle en état, déposer le phare en le mettant ailleurs ce qui lui donnerait un rôle plus "figuratif" ou le remplacer par un autre phare plus moderne et léger. Les habitants de Sibiril y sont très attachés et préféreraient la première option.
"Quand on arrive à Moguériec, on ne voit que lui"
Pour Michel Quéré président de l'association de sauvegarde du patrimoine Avel Goz, c'est "l'image de la commune, il fait partie du paysage, il est rattaché à plein de souvenirs pour les parents et les enfants." Sibiril vit en grande partie sur le tourisme et son phare en est l'un des attraits majeur. En 2015, les habitants ont donc lancé une pétition et se sont organisés en collectif. La pétition a été envoyée à la mairie, à la députée Marylise Lebranchu.Valérie Moal à l'origine de la pétition ajoute "Comme dirait mon frère, que serait Pise sans sa tour, New-York sans sa statue et Moguériec sans son phare ? Sur cette côte dangereuse et préservée, le Phare de Moguériec est un amer remarquable. C’est sa présence au bout de la digue qui nous offre ces paysages si particuliers qu’on soit à terre ou en mer. Il faut voir le nombre impressionnant de photos publiées sur internet et les commentaires passionnés des signataires de la pétition. Nous demandons au Services des Phares et Balises de le laisser à sa place, en état de marche, dans sa fonction nautique. Notre demande de classement au patrimoine par la DRAC n’est pas encore aboutie, c’est la seule issue possible pour maintenir le Phare de Moguériec comme emblème du patrimoine vivant maritime."
Comment se déroule l'expertise de Phares et Balises ?
Ingénieur en charge de la subdivision Phares et Balises de Brest, Patrick Lossec explique qu'effectivement c'est l'état du socle du phare qui fait l'objet de toutes les attentions. Des prélevements des cylindres du béton ont été effectués, mis en vieillissement accéléré dans un laboratoire nantais, pour "mesurer la capacité du béton à résister aux efforts auxquels il est soumis." Ses services ont bien conscience de l'intérêt patrimonial du phare. Mais suite aux résultats de l'expertise, il faudra avancer en fonction d'autres critères : la sécurité des agents qui s'en occupent, le service au navigateur, les aspects environnementaux ainsi que le coût, "qui nous concerne tous, nous les citoyens".Un phare d'abord Normand !
Construit en 1876, ce phare a d'abord été installé à Honfleur. Côté mensurations et intensité on notera : 8 mètres de haut, 10 milles nautique de portée et 500 candelas (la quantité de lumière émise dans une direction donnée) de puissance. La guerre 39-45 fait quelques ravages sur le terrain où il est érigé. En 1959, la commune de Sibiril le rachète et le remet en service l'année suivante.Les 1er et 2 octobre, les 140 ans du phare seront célébrés. La capitainerie de Sibiril accueillera une exposition de photos, tableaux et ouvrages.