La Bretagne compte plus de 3000 exploitations bio. Les nouvelles installations amènent leur lot d'interrogation. Comment cultiver ? Avec quels outils ? L'opération "Bout de champ" permet aux exploitants de se rencontrer et de s'informer auprès de ceux qui ont déjà fait ce choix, comme Florent.
Que cultiver ? Comment ? Avec quels outils ? L'installation en agriculture bio se développe et les questions qui vont avec sont nombreuses. Pour aider les futurs exploitants dans leur réflexion, la chambre d'agriculture de Bretagne leur propose des échanges en "bout de champ". Une quinzaine de rencontres comme celle organisée mardi 9 avril chez Florent Isambard.
Ce jeune agriculteur, âgé de 33 ans, a repris l’exploitation familiale à Bazouges-la-Pérouse. Depuis le 1er janvier 2017, il élève, comme ses parents, des porcs mais en agriculture biologique, ce qui a supposé un certain nombre de transformations : "L'été 2017, on a construit deux nouveaux bâtiments car en bio, on a besoin de plus d'espace", explique Florent. Ses parents avaient près de 140 truies, lui n’en fait plus que 100.
Finis les caillebotis, les cochons évoluent sur paille et ont accès librement à des courettes. Cela a demandé des investissements (420 000 euros rien que pour les deux nouveaux bâtiments) et au quotidien beaucoup de temps pour pailler, nettoyer, observer...
Des champs moins "propres"
Outre les porcs (80% de son activité) Florent fait aussi des céréales : maïs, orge, blé, luzerne... Le changement de façon de faire se voit aussi dans les parcelles : en bio, finis les produits chimiques, on déherbe autrement, avec différents outils mécaniques et en s'adaptant à la météo.Un changement de pratique qui a suscité le doute chez son père, qui faisait lui, du conventionnel. "On a eu un petit coup au moral au départ. On s'est demandé dans quoi il s'embarquait, explique Albert, le père de Florent. En conventionnel, on était habitué à avoir de sterres avec un bon potentiel de rendement, avec le bio, c'est différent... les champs sont pas propres !"
Interview d'Albert Isambard, père de Florent. Concent que son fils reprenne l'exploitation, mais septique face à son choix de passer en bio
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©France 3 Bretagne
Partager son expérience
C'est sur ses terres en reconversion que Florent a accueilli ce mardi un "bout de champ". Un moment d'échanges entre exploitants organisé par la chambre d'agriculture de Bretagne. Sur place, une cinquantaine de personnes, certaines déjà converties, quelques agriculteurs en conventionnel, et beaucoup d’autres d'exploitants en cours de réflexion sont venus glaner des informations. Notamment sur l’art et la manière de désherber.
Des outils de désherbage mécaniques sont présentés : entre 15 000 et 20 000 euros la bineuse, 35 000 euros la herse roto étrille. Faut-il acquérir ces machines ? Les acheter à plusieurs ? Ou bien faire intervenir une entreprise spécialisée. C'est pour l'instant le choix de Florent : "Je m'y connais plus en porcs. Pour les cultures, j'attends de voir ce que cela donne. Pour le moment, je paie une entreprise de travaux agricoles qui vient avec ses outils déherber chez moi."
Quel coût ? Pour quelle rentabilité ? Les exploitants présents écoutent les conseils, enregistrent les retours d'expériences des uns et des autres. Quelle variété choisir ? Pour quels débouchés ? Si l'on opte pour le blé, comme Florent, faut-il viser le marché des meuniers et boulangers demandeurs de farne bio et locale, ou bien cibler l'alimentation animale ? Autant de questions, que se posent évidemment les agriculteurs en plein de changement de façons de faire et de mentalités.