En France, la plupart des villes s’engluent depuis des années dans un taux de chômage avoisinant les 9 %. À Vitré en Ille et Vilaine, aux Herbiers en Vendée, il est deux fois moins élevé. Comment ces deux territoires sont parvenus au quasi plein emploi?
Dans le pays de Vitré en Ille-et-Vilaine, le taux de chômage est de 5,1 %. Il est de 4,4 dans le pays des Herbiers, en Vendée. Deux territoires situés dans l'ouest de la France, deux exceptions.
Salariés attachés à leur entreprise
A Vitré, comme aux Herbiers, élus et chefs d'entreprise parlent de salariés travailleurs, attachés à leur entreprise et à leur territoire. Aux Herbiers, "le Vendéen du Bocage se débrouille tout seul", nous explique la maire (MPF), Véronique Besse : "il est méfiant vis-à-vis de Paris, il n'attend d'ailleurs rien de Paris".
A Vitré, 45% des actifs étaient dans l'agriculture, aujourd'hui 5%. En 35 ans, c'est devenu un pays industriel, nous rappelle Pierre Méhaignerie, maire centriste de la ville depuis 1977 : "il y a sur le territoire de Vitré, 14 entreprises de plus de 500 salariés". Il insiste sur "l'éthique du travail".
Autre élément pour expliquer ces taux de chômage exceptionnels. Selon la maire des Herbiers, c'est "l'enracinement, 80% des sièges sociaux sont basés dans le pays des Herbiers et non à Paris, il y a donc une proximité entre les chefs d'entreprise et les salariés, ils se connaissent, ils ont souvent fréquentés les mêmes écoles et se croisent sur le bord des terrains de football le week-end". La maire rappelle qu'il y a très peu de conflits sociaux. Pour Laurent Soulard, le directeur de Pôle emploi dans le pays des Herbiers, ce chiffre s’explique aussi par la culture entrepreneuriale. Dans cette partie du bocage vendéen, les entreprises ont été créées par des enfants du pays et ont grandi au fil du temps.
Vitré : une maison de l'emploi unique en France
A Vitré, une maison de l’emploi, de l'entreprise et de la formation a été créée en 2009. C'est un endroit unique en France, qui abrite 11 structures comme Pôle emploi, la mission locale ou encore la chambre de commerce et d’industrie. Cette MEEF permet aux acteurs de l'emploi de se parler et de traiter des problèmes plus rapidement.
Des bâtiments prêts à accueillir les nouvelles entreprises
Cette idée de faire cohabiter les acteurs de l’emploi sous le même toit, revient Pierre Méhaignerie. On doit aussi au maire de la ville, la construction de bâtiments pour attirer les entreprises.
Derniers en date, 3000 m2 de bureaux qui vont à accueillir en janvier prochain, le centre névralgique d’un groupe industriel Agromousquetaires, une filiale d’Intermarché. Le groupe a longtemps hésité entre Rennes et Vitré. Le territoire a ainsi attiré des centaines d'entreprises par une politique d'achat de terrains et de construction de bâtiments sur mesure pour les industriel, bénéficiant d'une fiscalité attrayante, de terrains bon marché et surtout d'une administration locale toute dévouée aux entreprises. Comme aux Herbiers.
Revers de la médaille
A Vitré, comme aux Herbiers, les patrons peinent à recruter. En pays de Vitré par exemple, il y a 200 offres d’emploi non pourvues dans les métiers de l’industrie. Aux Herbiers, dans la zone industrielle, des panneaux "On recrute" ont fleuri jusque devant les usines. Acteurs de Pôle emploi et chefs d'entreprise, imaginent chaque jour de nouveaux moyens pour attirer des salariés.