ENVIRONNEMENT. "Le béton qui m'entourait me donnait la nausée". Contre l’éco-anxiété, l’engagement militant en Bretagne

L’éco-anxiété touche de plus en plus de monde. Derrière cette nouvelle forme d’angoisse, un panel d’émotions diverses. La peur, la tristesse, la colère ou la culpabilité…face aux désordres environnementaux. Témoignage d’un Breton qui a choisi comme remède le militantisme.

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"C’est arrivé très soudainement" raconte Charles. "J’ai eu une brusque prise de conscience de la catastrophe écologique". 

Il y a trois ans, Charles était ingénieur informatique à Lyon, aujourd’hui, il est professeur de yoga en Bretagne. 

Un changement de vie radical, qui s’est imposé à lui dès l’apparition des premiers symptômes d’éco-anxiété."Ça date très exactement d'avril 2017, c'est à ce moment-là que toutes les pièces du puzzle s'assemblent", raconte Charles. Quelques mois après la naissance de son premier enfant, surviennent les premières "interrogations sur ce que je pouvais lui construire comme futur: il y avait quelque chose de panique".

Une panique évolutive. Pour Charles, la brusque prise de conscience est suivie d’un mal-être qui s’inscrit dans le temps. 

"Je ne voulais plus parler que de ça. Et l'ineptie de la vie que je menais s'est cristallisée autour de mon travail. Je partais au bureau avec la boule au ventre, j'avais des crises d'angoisse, des sensations de malaise sur mon lieu de travail", raconte-t-il.

"Le béton qui m'entourait me donnait la nausée, et je ne parle pas au sens figuré"

Pour conjurer cette angoisse, Charles a donc changé de mode de vie, de métier et, comme beaucoup de personnes atteintes d’éco-anxiété, il s’est engagé dans une association. Il milite aujourd’hui au sein de l’organisation Extinction Rebellion. 

Un mal-être mais pas une maladie

 

L’éco-anxiété n’est pas une pathologie homologuée,  et pourtant ses symptômes se répandent comme un fléau, par delà les frontières et les générations.  

Le terme est employé pour la première fois en 1996, par la chercheuse belge Véronique Lapaige. Depuis les ouvrages, conférences et débats sur le sujet se multiplient. Il s’agit de mettre des mots sur ce mal-être mais aussi trouver des solutions pour s’en défaire. 

Car ce mal-être généralisé peut prendre la forme de troubles handicapants dans la vie quotidienne : insomnies, pensées obsessionnelles, troubles alimentaires. 

Dans son livre, L’éco-anxiété : vivre sereinement dans un monde abîmé (Fayard), Alice Desbiolles compare ce mal à un deuil. Dans un entretien accordé à Ouest-France, elle explique "Quand on est en deuil, on va ressentir tout un tas d’émotions douloureuses. Ce n’est pas pour autant qu’on est malade. Par contre, si le deuil se prolonge et prend des formes atypiques, on peut se trouver dans un deuil pathologique qui nécessite un soutien pour passer cette étape".

Mais pour la médecin en santé publique, l’éco-anxiété peut aussi être vécue comme une opportunité de s’interroger, de se trouver. Il existe selon elle une  "éco-anxiété positive , portée vers l’action et documentée, qui peut devenir une véritable philosophie de vie". 

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