Détecteurs de métaux en main, David Régeard et ses habituels copains d’aventure étaient partis à la recherche du filtre à huile d’un vieux tracteur que son propriétaire avait perdu. Ils ont arpenté son terrain, guettant le moindre bip. Ils ont rapidement retrouvé le filtre et quelques minutes plus tard, un autre son a attiré les chercheurs de trésor. En creusant quelques centimètres, ils ont découvert 54 petites plaques métalliques. Sans doute des plaques militaires allemandes.
Depuis des années, David Régard a pris l’habitude de filmer ses recherches. C’est même devenu son métier. Ce 8 juillet 2023, la caméra le suit lorsqu’il s’avance dans les bois et les champs du côté de Talensac en Ille-et-Vilaine.
C’est ici, à peu près, que le propriétaire d’un vieux tracteur a égaré son filtre à huile. David et ses compagnons se déplacent en suivant les bips des détecteurs de métaux. Quelques pièces, un bouton… et puis soudain victoire, le filtre est là. Le propriétaire du tracteur a le sourire.
La chance est au rendez-vous. David et ses copains décident de continuer les recherches… au cas où. Et quelques minutes plus tard, à l’entrée d’un petit champ, le détecteur se remet à pousser à nouveau son cri strident.
Au premier coup de bêche, David Régeard aperçoit deux formes métalliques ovales. Elles sont corrodées mais en frottant avec une petite brosse, des chiffres et des lettres semblent apparaitre : FLAK 171, FL BTA HEMMER 557.
David Régeard donne donc un deuxième grand coup de pelle puis un troisième et sort au total 54 petites plaques métalliques.
"Les deux premières étaient à cinq ou six centimètres de profondeur, les autres à une quarantaine de centimètres dans le sol, raconte-t-il. Qu’est-ce qu’elles faisaient là ?". Le chercheur s’interroge.
Le mystère
Au cours de ses années de prospection, David Régeard a déjà trouvé des plaques militaires. "Une par une, qui avait été perdue ou qui était tombée, jamais en si grand nombre ainsi."
Ces plaques militaires, appelées Dog tags ont vu le jour au moment de la Guerre de Sécession aux Etats-Unis et se sont répandues au cours du vingtième siècle. Conçues sur le modèle des plaques des colliers de chiens, elles étaient portées par les militaires sur le front et devaient permettre de les identifier en cas de mort ou de blessure.
Une découpe permettait de briser la plaque en deux en cas de décès. Une partie était récupérée par les camarades du soldat, l’autre restait sur son corps et était, si possible, inhumée avec lui.
"Est-ce que ces plaques appartenaient à des prisonniers allemands, à des déserteurs ? Pourquoi étaient-elles là ? " demande David Régeard qui a signalé sa découverte au registre des archives militaires allemandes.
Une historienne doit venir examiner les plaques dans les prochains jours. Le découvreur du trésor demande l’aide de tous ceux qui seraient en possession d’informations sur ce qui s’est passé dans le secteur de Talensac pendant la Seconde Guerre mondiale. "On a trouvé les plaques à proximité d’un château, évoque-t-il, on sait qu’ils étaient souvent réquisitionnés pour héberger l’occupant."
Certaines plaques ont un matricule, un grade. David Régeard les a soigneusement nettoyées. Sur sa page, les internautes commentent sa découverte et donnent des premiers indices. "La plaque appartient à un soldat de la Fliegerhorst Kompanie, compagnie de base aérienne. Blut gruppe 0 Groupe sanguin 0. Pilsen est une ville des Sudètes, aujourd'hui Plzen en Tchéqie."
"Certaines plaques appartenaient à des soldats de la flak c’était une unité de batterie antiaérienne qui luttaient contre les bombardiers" précise un autre passionné.
Sur les sites de vente en ligne, on trouve des plaques du même genre à vendre pour quelques dizaines d'euros. David Régeard va aller remettre les plaques à la mairie de Talensac dans les prochains jours. Il espère réussir à lever le mystère autour de ces 54 petites plaques.