"Si vous n'avez pas le Covid, ce n'est pas la peine de les appeler, vous n'aurez personne". Les délais de traitement à la Sécurité sociale ne cessent de s'allonger

Ça bouchonne à la Caisse Primaire d'assurance maladie ! Certains assurés doivent parfois attendre plus de deux mois avant de voir leur dossier d'arrêt maladie traité. Un engorgement lié au non-remplacement des salariés mutés ou partant et à la retraite et aussi à l'accroissement de l'activité des agents de la Sécurité sociale.

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Depuis qu'elle est devenue étudiante, Rasmina, 19 ans n'est plus rattachée à la carte vitale de ses parents et cela fait bientôt deux mois qu'elle tente d'obtenir son attestation d'affiliation à la Sécurité sociale. 

Sa demande sur Internet n'a pas fonctionné et ses interminables appels à la centrale téléphonique de la Caisse Primaire d'assurance maladie (CPAM) d'Ille-et-Vilaine n'ont rien donné.

J'ai besoin de prendre rendez-vous à l'hôpital mais j'attends d'avoir cette attestation pour ne pas avoir à avancer les frais.

Rasmina, 19 ans

Même chose pour Moussa, 21 ans, en service civique dans une association rennaise depuis 5 mois. Il a réussi à ouvrir un compte Ameli et obtenir une carte vitale mais un bug sur le site internet de la Sécurité sociale l'empêche d'obtenir la complémentaire santé solidaire depuis un mois. 

En attendant, quand je suis malade, je me débrouille avec du Doliprane et de l'Efferalgan.

Moussa, 21 ans

"Si vous n'avez pas le Covid, ce n'est pas la peine de les appeler, vous n'aurez personne", prévient Maryvonne, 80 ans. Elle a tenté d'appeler pour démêler des problème de remboursement de frais de santé sans succès elle non plus.

Des délais de traitements qui s'allongent 

Tous espèrent trouver de l'aide auprès des agents d'accueil du centre CPAM de la gare à Rennes. Mardi et jeudi, comme dans tous les centres d'Ille-et-Vilaine ils reçoivent le public sans rendez-vous. A peine 10 minutes d'attente en ce début d'après-midi. "Le matin, les gens attendent beaucoup plus", assure l'agent de sécurité à l'entrée.

Comme lui, plusieurs vigiles ont été recrutés via des sociétés externes pour veiller au respect des jauges pendant la pandémie mais aussi pour gérer les tensions de plus en plus nombreuses dans les centres d'accueil. 

Et pour cause : les délais de traitements des dossiers ne cessent de s'allonger. 

70 à 80 % des dossiers sont traités dans les délais mais nous avons environ 20 000 dossiers en souffrance avec plus de deux mois d'attente.

David Legay, délégué syndical CFDT à la CPAM d'Ille et Vilaine

"Et ces dossiers concernent souvent un public plutôt précaire comme les assistantes maternelles, les professionnels indépendants, les travailleurs précaires avec plusieurs employeurs ou payés en chèques emploi-service... Leurs dossiers sont complexes et ne peuvent pas être enregistrés automatiquement sur nos plateforme."

Des délais de traitement qui peuvent conduire à des situations financières difficiles pour ces assurés. Résultats, les appels téléphoniques se multiplient. Là encore, impossible de répondre à tous les demandeurs :

Entre le 16 et le 20 mai dernier, sur les 9373 appels que nous avons reçu, seuls 6915 ont été traités.

David Legay, délégué syndical CFDT à la CPAM d'Ille et Vilaine

"Et encore, des dispositifs de dissuasion téléphoniques ont été mis en place pour décourager les gens de nous contacter par téléphone. En janvier dernier en pleine crise Omicron, seuls 40 % des appels ont été traités...

"Un plan social déguisé"

En cause selon le délégué syndical, la politique de non remplacements des salariés. 

"On remplace seulement 60 % des salariés qui partent en retraites, qui sont licenciés ou qui démissionnent. 40 % des salariés mutés ne sont pas remplacés non plus ! C'est un plan social déguisé !"

D'autant que la masse de travail s'est considérablement alourdie à cause de la croissance démographique mais surtout à cause de l'intégration de plusieurs régimes spéciaux (travailleurs indépendants, étudiants...) au régime général de la Sécurité sociale depuis 2017. 

Des départs non remplacés

La CPAM d'Ille et Vilaine a ainsi gagné au moins 168 000 assurés mais les effectifs sont restés constants autours de 830 salariés en CDI. 

"Une cinquantaine d'entre eux sont à disposition du réseau des caisses d'assurance maladie. Ils traitent les mails reçus par nos confrères des Bouches-du-Rhône, encore plus en difficulté que nous."

En 2022, sur 50 départs potentiels en Ille-et-Vilaine, seuls 5 d'entre eux devraient être remplacés. 

"Soit il faut revoir nos missions, soit il faut nous doter d'outils informatiques beaucoup plus performants, mais on ne peut pas continuer comme ça, assure Chrystèle Le Bihan, directrice adjointe de la Caisse primaire d'assurance maladie d'Ille et Vilaine.

Le renforcement de nos effectifs avec le recrutement de CDD ne peut pas être la solution à long terme non plus. Nous attendons d'être soutenus par les pouvoir publics.

Chrystèle Le Bihan, directrice adjointe de la Caisse primaire d'assurance maladie d'Ille et Vilaine

Environ 80 CDD renforcent actuellement les équipes de la CPAM 35. De leur côté, les syndicats songent à saisir l'inspection du travail pour recours abusif aux contrats à durée déterminée. 

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