Enseignants : le télétravail, nouvelle discipline

Voià deux semaines que les écoles, collèges et lycées ont fermé leurs portes. Deux semaines que les enseignants ont été plongés, comme une bonne partie d'entre-nous, dans l'univers du télétravail. Alors que cette organisation doit durer jusqu'au 4 mai minimum, premier bilan avec deux enseignantes. 

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L'une enseigne l'Histoire-Géographie à des lycéens de seconde, première et terminale. L'autre est professeure de maths auprès d'élèves de sixième et de seconde. Exercer leur métier à distance, elle ne l'avait jamais imaginé. Et pourtant. 
 

En mode papier, pour commencer


Toutes deux ne sont pas prêtes d'oublier la nuit du jeudi 12 au vendredi 13 mars. Elles l'ont passée à fabriquer des supports pédagogiques pour les élèves qu'elles allaient quitter le lendemain, "jusqu'à nouvel ordre".

Un saut dans l'inconnu pour eux comme pour elles. "J'ai préparé une pochette pour chaque élève. De quoi avancer sur un chapitre, en autonomie", raconte Véronique Finot, la professeure de maths. "Comme ça, pas besoin de se connecter tout de suite, les élèves pouvaient travailler", confie celle qui a donc préféré "assurer" en mode papier, pour commencer. 
 

Des exercices interactifs 


"J'ai effectivement commencé par distribuer des polycopiés pour deux semaines, que j'avais préparés pendant la nuit", se souvient Laurenn Mainguy, la professeure d'Histoire Géographie. "Mais pour travailler de manière plus vivante, j'ai rapidement envoyé aux lycéens des vidéos, des quizzs interactifs. Ce sont des outils que j'utilise déjà en temps normal. Mais pour certains collègues, la prise en main a pu être difficile"
 

"Tellement de ressources pédagogiques" 


D'abord noyés sous les messages du ministère, du rectorat, de leur établissement, des syndicats... les enseignants ont ensuite dû convertir leur méthodes. Il y a eu les difficultés de connexion du dispositif Classe Virtuelle du Cned, les bugs des sites traditionnels Ecoledirect et Toutatice, sur-sollicités. Et puis, il a bien fallu trouver ses marques.

"Il ya tellement de ressources pédagogiques, témoigne Laurenn Mainguy. Pour l'instant, je ne fais pas de cours en direct, avec des horaires précis pour mes élèves. Je trouve cela trop contraignant pour eux. Je leur envoie, par mail, du travail pour la semaine, que je corrige au fur et à mesure des retours. Ce qui ne m'empêche pas de chercher des supports audio et images intéressants"
 

Trop de travail, trop peu ? 


Assurer la continuité pédagogique sans voir les élèves ne va pas de soi, quand on a choisi le métier d'enseignant. Trop de travail, trop peu ? "J'ai appelé des élèves pour avoir les retours de leurs parents, explique Véronique Finot. Il m'a paru nécessaire de ne pas me disperser sur les supports. Je m'appuie sur le manuel. Les élèves m'envoient leurs exercices, et je leur envoie les corrigés.
 

Des journées chargées


Pour ce qui est de leur rythme de travail, en tout cas, les deux enseignantes ont opté pour la même organisation. Lever à 6 h 30, pour travailler au calme, avant les sollicitations familiales (toutes deux ont trois enfants), et les sollicitations des élèves.

"Clairement, pour faire du bon travail, des supports variés, pour les six classes. Un prof débutant peut y passer sept heures par jour. Je travaille le matin, donc, en début d'après-midi et le soir," détaille Laurenn Mainguy.  Pas toujours simple car, entre temps, comme tous les parents qui télétravaillent, nos deux profs doivent aussi "faire l'école" à leurs enfants. "Ce qui met parfois ma patience à rude épreuve!", admet-elle, plus habituée aux lycéens qu'aux élèves d'âges primaires.

"Je me mets parfois en messagerie directe afin de maintenir le lien", complète la professeure de Maths, "Pour les secondes, j'ai choisi un chapitre assez ludique sur les variations de fonctions. Mais pour des notions plus complexes, il va falloir être très présente", prédit Véronique Finot, qui confie aussi s'appuyer sur les parents. 
 

Quelle évaluation ?


Les parents justement. Pas toujours présents de la même manière selon les familles. "C'est l'une des craintes que l'on peut avoir. Comment les élèves qui ont déjà des difficultés à se mettre au travail face à nous vont-ils traverser cette période ?" s'interroge Laurenn.

La question de l'évaluation est également posée. "Avec mes classes de sixième et de seconde, je n'ai pas de niveaux à examen", se rassure Véronique Finot. "Faut-il suspendre les évaluation jusqu'à la reprise ? s'interroge sa consoeure. Et si on évalue, quelle valeur auront les notes dans les dossiers de nos terminales ?"
 

"Le confinement me rappelle pourquoi j'ai choisi ce métier"


Quoi qu'il en soit, les deux enseignantes ont hâte de retrouver leurs élèves. "S'il ya une chose que me rappelle le confinement, c'est pourquoi j'ai choisi ce métier", s'exclame Laurenn Mainguy. "L'humain, l'interraction avec la classe...  tout cela manque terriblement dans l'enseignement à distance. Oui, c'est une solution, mais pas sur le long terme"

Et Véronique Finot de conclure : "Etre derrière son écran, statique, sans contact avec les élèves, c'est l'inverse de ce que j'aime dans ce métier. Mais parents, profs et élèves, nous sommes tous dans la même galère, nous devons rester positifs!"

Une "galère", qui, dans le meilleur des cas, prendra fin le lundi 4 mai, d'après le ministre de l'Education Nationale. Le temps, pour chacun, de donner quelques coups de rames encore. 

 
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