Environnement. Opposition entre écologistes et communes autour de l'abattage d'arbres centenaires au dolmen de La Roche aux Fées

Les travaux d'aménagement du site mégalithique vieux de 5000 ans doivent commencer l'an prochain. Ce projet visant à améliorer les conditions d'accueil et de sécurité du public pourrait nécessiter l'abattage d'arbres centenaires. De quoi provoquer la colère de riverains et d'associations écologistes qui viennent de lancer plusieurs pétitions. Une affaire qui pourrait bien se retrouver prochainement devant la justice.

Le dolmen de la Roche aux fées, situé sur la commune d'Essé en Ille-et-Vilaine. Datée de 3000 ans avant JC, c'est la plus grande construction mégalithique érigée par l'homme en France. Entourée d'arbres plusieurs fois centenaires, quarante dalles de schistes dont certaines pèsent plus de quarante tonnes, se succèdent sur près de vingt mètres de long. Un site classé monument historique au niveau national depuis 1840.

Des travaux pour accueillir 30000 visiteurs

Chaque année, plus de 25 000 visiteurs viennent découvrir ce site impressionnant et profiter de son ambiance où se mêlent légendes et nature. Pour anticiper une hausse de la fréquentation touristique estimée à 35 000 visiteurs/an et améliorer les conditions d'accès et de sécurité du site, un projet d'aménagement doit voir le jour en 2024/2025.

Un projet de plus d'un million d'euros voté à l'unanimité par les élus de la collectivité locale. Il prévoit la fabrication d'un préau en bois qui prolongerait le bâtiment actuel mais aussi des parkings. Un parking définitif de 55 places et deux autres provisoires pour la saison estivale. Des travaux doivent commencer l'an prochain.

Recréer un aspect clairière comme autrefois

Luc Gallard

Président Roche aux Fées Communauté

Seulement voilà, d'après le dossier concernant ce projet, auquel nous avons eu accès, plusieurs arbres centenaires pourraient être menacés. Un abattage décidé pour que le site soit "mieux perceptible de loin" mais aussi pour "préserver la sauvegarde du monument."

Pour Luc Gallard, Président de Roche aux Fées Communauté, que nous avons joint ce matin, "il s'agit de recréer un aspect clairière" pour rendre le site plus visible. L'élu indique aussi qu'il y a "un risque de déchaussement des pierres du mégalithe à cause de certaines racines." Sans compter le fait que "certains arbres sont malades et risquent de chuter".

De la folie pure !

Pascal Branchu

association "La nature en ville"

Un scénario, écrit noir sur blanc dans l'étude paysagère commandée par la communauté de communes, qui a créé l'émoi voire la colère chez certains habitants. Des riverains qui ont pris contact avec des associations écologistes pour tenter de faire stopper le projet. Pour Pascal Branchu, Président de l'association La nature en ville, "araser un châtaignier et un chêne pédonculé vieux de 500 ans pour des questions de perspective, c'est une folie pure".

Pour le militant écologiste, "ce ne sont pas les racines des arbres qui menacent le site mégalithique mais bien le piétinement du sol par les touristes qui fait ressortir les racines qui est en cause."

De son côté, le président de la communauté de communes de la Roche aux fées se dit "très surpris par cette polémique née jeudi dernier". En urgence, la collectivité s'est fendue d'un communiqué sur la page d'accueil de son site internet pour répondre aux inquiétudes.

Le Président de "Roche aux fées Communauté" précise qu'il n'a "jamais été question de tourisme de masse et de faire venir des tour-opérateurs" [organisateurs de voyages NDLR]. Et il met en avant "les décisions constantes en faveur de l'environnement et de la transition écologique" de la collectivité de 27 000 habitants.

Des aménagements pour préserver l'environnement

Concernant le projet d'aménagement de la Roche aux fées, il affirme qu'il s'agit d'un "projet touristique raisonné". Il ajoute "nous n'avons pas retenu le projet qui prévoyait la construction en dur d'un gros bâtiment comme on peut le voir ailleurs".

Et il précise que "d'une part, des haies bocagères vont être plantées. Elles permettront d'ailleurs de mieux guider les touristes sur le site. D'autre part, les parkings qui, pour la plupart ne seront ouverts qu'en période estivale, seront construits à base de pierre et de terre."

Pour donner tous les détails sur le projet, le président de la Communauté de communes invite même les habitants à venir mercredi 5 octobre à 18 heures sur le site pour un moment d'échanges.

Des riverains et associations écologistes prêts au combat

Des arguments largement insuffisants pour les associations écologistes et les riverains. Leurs pétitions mises en ligne sur internet et relayés par les réseaux sociaux ont déjà dépassé les 10 000 signatures en quelques jours.

Eux réfutent l'idée du moindre abattage et demandent même une extension de la zone de protection du site pour éviter la construction de tout aménagement routier. Pour continuer à mettre la pression sur les élus de la communauté de communes, ils appellent eux aussi à un rassemblement sur le site de la Roche aux Fées le dimanche 16 octobre.

Pour eux, "toutes les études préalables n'ont pas été menées". "Certains abattages sont même contraires au Code de l'Environnement". Et le président de l'association menace. "Si les élus persistent, nous irons devant les tribunaux et les feront reculer comme nous avons pu y parvenir sur le dossier de l'abattage des arbres de l'avenue Janvier à Rennes dans le quartier de la gare."

Un climat tendu entre défenseurs du projet et opposants écologistes et bien éloigné de l'atmosphère féerique du site de la Roche aux Fées.