Plus d'une centaine de personnes ont défilé ce samedi 4 juin dans les rues de Liffré, près de Rennes, pour protester contre un projet d'usine de viennoiseries Bridor, jugé trop consommateur en eau et en terres agricoles. Soutenu par les élus locaux, le projet mobilise de nombreux opposants depuis son annonce en octobre 2019.
Si elle voit le jour, cette usine sera la plus grande de ce type dans le monde avec une production de 120 000 tonnes par an.
Ce samedi 4 juin, plus d'une centaine de personnes ont défilé dans les rues de Liffré pour protester contre ce projet d'usine de viennoiseries Bridor, jugé trop consommateur en eau et en terres agricoles.
Avec leurs banderoles "Liffré terre ménagée", "Stop Bridor", les manifestants ont remis une lettre ouverte au maire de cette commune de 7.900 habitants, à l'appel du collectif "Colère à Liffré-Cormier" et d'autres organisations comme Extinction Rébellion Rennes et l' Association Nature Environnement Thorigné-fouillard.
"Comment un projet d'artificialisation de 21 hectares de bocages et zones humides en périphérie de Rennes peut-il encore raisonnablement bénéficier du soutien d'élus locaux pour construire une usine de production de viennoiseries surgelées destinées exclusivement à l'export ?", interrogent les organisateurs, qui dénoncent une "consommation astronomique d'eau avec 200.000 m3 par an" et des "rotations de 160 camions par jour" en contradiction avec le Plan Climat Air-Energie (PCAET) adopté à l’unanimité par les élus.
Est-il soutenable d'imperméabiliser 12 à 16 ha pour construire une usine de viennoiseries consommant 187.200 m3 d'eau par an à #Liffré (35) ? Les opposants à Bridor tenteront de donner une dimension régionale à leur lutte, en se rassemblant une semaine avant les législatives. pic.twitter.com/AYMlvoApAQ
— Sylvain Ernault (@SylvainErnault) May 27, 2022
Le soutien des élus
Le groupe Le Duff, maison mère de Bridor, est un des leaders mondiaux de la boulangerie et de la restauration. Il emploie plus de 35.000 personnes, pour un chiffre d'affaires 2019 de 2,05 milliards d'euros. Il a annoncé en 2019 un investissement de 250 millions d'euros pour construire à Liffré cette usine de produits de boulangerie traditionnelle et de viennoiserie pâtisserie, promettant "500 emplois non délocalisables".
Il avait alors reçu le soutien du président de la région Bretagne et ancien maire de Liffré de 2008 à 2017 qui s'était réjouit que le groupe Le Duff ait choisi la Bretagne pour son projet, plutôt que les sites de Lyon ou Düsseldorf, alors envisagés.
Tous les élus de la communauté de communes Liffré-Cormier sont favorables au projet. Et le maire de Liffré, Guillaume Bégué (PS), assure qu'il a été conçu "avec le prisme environnemental". "Ces terrains seront les moins impactants pour l'environnement et ce sont les terres les moins bonnes pour l'agriculture", souligne-t-il. "Quand on arrive à mettre de l'emploi sur les territoires, ce sont des déplacements en moins entre notre territoire et Rennes", estime l'élu.
Il n’y aura pas d’emploi sur une planète morte.
Collectif "Colère à Liffré-Cormier"
Les opposants eux, estiment que "la précarité, l’intérim et les petits salaires" ne permettront pas aux futurs salariés de vivre et d’accéder à la propriété locale.
"On aimerait des entreprises qui produisent localement et pour les locaux. Il faut organiser notre monde pour qu'il devienne résilient", défend Frédéric Paul, porte-parole du collectif Colère.
"C'est un projet de malbouffe avec des produits surgelés consacrés uniquement à l'export lointain", dénonce Pascal Branchu, président de l'association La Nature en ville, qui a déposé un recours contre la modification du plan local d'urbanisme.
Avis favorable
La commission d’enquête publique, ouverte du 21 février au 23 mars 2022, a émis un avis favorable à la demande de permis de construire, au titre du code de l’urbanisme. Et le maire a annoncé qu'un permis de construire devrait être validé d'ici mi-juillet par arrêté préfectoral.
Week-end de mobilisation
Après la manifestation de ce samedi matin, les opposants à l'usine Bridor ont rejoint le site du projet où ils ont prévu de bivouaquer. Animations, débats, conférences, la mobilisation doit durer tout le week-end.