Il voulait montrer comment faire sauter un commissariat sur Youtube. Le Fougerais en cause restera en prison.

Le tribunal correctionnel de Rennes a maintenu en détention provisoire, ce jeudi 23 septembre 2021, l'habitant de Fougères (Ille-et-Vilaine) qui avait posté des vidéos "violentes" sur Youtube pour montrer "comment faire sauter un commissariat de police et s'en prendre aux fonctionnaires" de police.

L'homme de 48 ans est en fait déjà connu de la justice : il s'était déjà filmé en mars 2021 sur Youtube en train de détruire la statue de Notre-Dame des Marais de l'église Saint-Sulpice de Fougères. Cet "acte de vandalisme gratuit et inqualifiable" contre un "élément patrimonial emblématique" de la ville avait alors été dénoncé par le maire Louis Feuvrier.

Cet homme au casier judiciaire jusqu'alors vierge ne s'était toutefois pas déplacé à l'époque à son premier procès, ce qui a justifié son placement en détention provisoire pour ses nouvelles vidéos contre la police afin de "garantir sa représentation en justice". Le "risque de renouvellement de l'infraction" avait également été invoqué par le parquet de Rennes.

Pour ces nouvelles "menaces de mort", "outrages" et "provocation (...) au crime ou délit", l'homme sera ainsi jugé le 15 octobre 2021 en comparution immédiate. Il avait déjà formé une demande de remise en liberté "pour préparer sa défense", la semaine dernière, mais celle-ci avait été rejetée par le tribunal correctionnel de Rennes.

Un "acte désespéré"

"Ce que j'ai fait, ce n'est pas bien, mais c'était un acte désespéré, non pas pour nuire mais pour alerter : cela fait des années que je dénonce la pédophilie", a-t-il donc répété, ce jeudi 23 septembre 2021, en visio-conférence, devant le tribunal.

Une remise en liberté lui permettrait de préparer efficacement sa défense contre les accusations "graves" et "fausses" dont il fait l'objet car c'est "très difficile" de le faire depuis l'intérieur de la prison. "Les listes d'avocats ne sont pas à jour depuis 2016", a déploré Jean-Régis Didier.

Ses relations avec le barreau sont toutefois "compliquées", a relevé à ce sujet le procureur de la République : aucun avocat ne l'assistait ce jeudi car cette nouvelle demande de remise en liberté n'est pas prise en charge par l'aide juridictionnelle (AJ), l'aide d'Etat réservée aux justiciables les plus démunis.

"Dans cette histoire, je suis plus une victime qu'autre chose : Dieu merci ces vidéos n'ont pas eu d'incidence, je n'ai menacé personne, personne n'a été en danger", a souligné le Youtubeur.

Une "prédominance des croyances religieuses et politiques"

Le président a néanmoins relevé qu'il ne s'était pas présenté à deux des rendez-vous de son contrôle judiciaire. "Une seule date n'a pas été respectée", a corrigé sur ce point le prévenu. Au cours de l'enquête, cet allocataire du Revenu de solidarité active (RSA) avait expliqué n'être pas disponible en raison de son "combat contre la pédo-criminalité à Fougères".

Le contrôleur judiciaire qui a suivi Jean-Régis Didier a souligné chez lui une "prédominance des croyances religieuses et politiques" dans sa "lutte contre la pédo-criminalité". Son parcours est par ailleurs "marqué par une instabilité domiciliaire, conjugale, financière et professionnelle" : ses parents ont divorcé quand il avait 2 ans, il a été "accueilli par ses grands-parents", n'a pas terminé son BEP Comptabilité et a finalement suivi une formation de magasinier-cariste. Après plusieurs postes occupés en intérim, il "n'a plus travaillé depuis 2010", a résumé le président du tribunal correctionnel de Rennes.

"Je me suis occupé des enfants de mon ex-compagne, qui étaient en perdition scolaire et que j'ai contribué à relever", a expliqué sur ce point Jean-Régis Didier. Son "instabilité domiciliaire" s'explique quant à elle par son "envie de bouger et de voir du pays". Enfin, son absence à son premier procès relève d'un "quiproquo" car il attendait d'avoir "un recommandé".

Il est dans l'ajustement perpétuel de la vérité

"Les arguments de monsieur relèvent de l'auto-persuasion compulsive : il est dans l'ajustement perpétuel de la vérité", a déploré le procureur de la République. "Il est dans une forme d'enfermement : il refuse d'entendre autre chose que sa propre pensée."

"J'ai subi des jugements avec de l'injustice mais je n'ai manqué de respect à personne... J'ai aussi eu un bon comportement en prison, personne ne peut le nier", a malgré tout insisté le prévenu. "Je veux continuer à vivre : j'avais une vie avant et je l'ai perdue car j'ai dit des choses qui déplaisaient et qui dérangeaient... Mais il n'y aura pas de récidive."

Le tribunal correctionnel de Rennes n'a pas été convaincu : il l'a maintenu en détention provisoire en raison de ses "manquements au contrôle judiciaire" et pour "garantir sa représentation en justice". Le "risque de renouvellement de l'infraction" est également avéré, selon les juges, puisqu'elle est "facile à commettre par voie électronique". Enfin, il n'y a "pas de nouveaux arguments" par rapport à la précédente demande de remise en liberté.

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