Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi 21 juillet 2022 un agriculteur de Saint-Marc-le-Blanc en Ille-et-Vilaine pour avoir tiré en direction d'une habitante de Chauvigné lors d'une battue au sanglier, au lieu-dit Couvy, le 4 septembre 2020
Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné ce jeudi 21 juillet 2022 un agriculteur de Saint-Marc-le-Blanc en Ille-et-Vilaine pour avoir tiré en direction d'une habitante de Chauvigné lors d'une battue au sanglier, au lieu-dit Couvy, le 4 septembre 2020.
Ce jour-là, la mère de famille revenait à son domicile après avoir "réalisé un jogging" lorsqu'elle avait aperçu "des sangliers dans sa cour". Elle s'était alors arrêtée "au niveau des poubelles, à trente mètres" de chez elle, où se trouvaient "un ami" ainsi qu'une "mère qui regardait son fils chasser".
L'ami en question, lui-même chasseur, l'avait alors rassurée : il lui avait expliqué qu'elle n'avait rien à craindre, dans la mesure où elle se trouvait à proximité de l'habitation et que les tirs en sa direction sont théoriquement interdits.
Mais un sanglier était alors passé dans le champ d'à côté et l'un des chasseurs, Jonathan XXX, avait alors "tiré en direction de [son domicile] ! Puis un second tir", selon la mère de famille qui a précisé avoir "vu la balle ricocher dans la terre et passer" à proximité d'elle et des deux autres personnes.
"Cachés derrière une voiture pour se protéger"
"Mes enfants ont été déposés cinq minutes après au niveau des poubelles", a-t-elle d'ailleurs fait remarquer ce jeudi 21 juillet 2022 au tribunal. Elle avait dû, avec la mère du tireur et son ami, "se cacher derrière une voiture" pour se protéger.
Après les faits, le tireur "n'est jamais venu s'excuser", a précisé la présidente du tribunal correctionnel de Rennes. Le président de l'association de chasse, Thierry Fretay, avait pour sa part fait le déplacement au domicile de la victime : il lui avait alors expliqué qu'une "sanction avait été prise contre le chasseur, à savoir une privation de trois battues".
Visée par les moqueries d'autres chasseurs
Cette habitante de Chauvigné avait ultérieurement été victime de moqueries de la part d'autres chasseurs : en l'absence d'excuses et après cet évènement, elle s'était finalement décidée à porter plainte quinze jours plus tard.
Interrogé par la présidente sur sa "position" sur la nature des faits, alors qu'il était notamment jugé pour une mise en danger de la vie d'autrui qu'il contestait, ce père d'un enfant , qui a commencé la chasse à 16 ans, a simplement déclaré : "l'animal est mort, il a quand même deux balles dans le corps".
Un comportement dommageable à toute la chasse.
Me Hélène Laudic-BaronAvocate de la Fédération de chasse d'Ille-et-Vilaine
Reste que selon les schémas réalisés par les enquêteurs, le chasseur se trouvait à "une distance satellitaire de 160 mètres" des habitations, alors même que les chasseurs doivent respecter une distance de tir maximale de 30 mètres.
Selon l'Office français de la biodiversité (OFB), il n'y avait de toute façon dès le départ aucune possibilité de tirer. "Une balle de carabine est dangereuse à plus de deux kilomètres", a d'ailleurs rappelé l'agent présent à l'audience, "que ce soit un tir fichant ou pas, les tirs sont interdits en direction de toute infrastructure", a-t-il conclu.
Me Hélène Laudic-Baron, l'avocate de la Fédération de chasse d'Ille-et-Vilaine, a pour sa part déploré "un comportement dommageable à toute la chasse, particulièrement dans cette période extrêmement tourmentée (...) entre le monde de la chasse et le grand public".
Une balle qui aurait pu tuer une personne
Pour la procureure de la République, "on ne peut pas réellement contester que cette balle aurait pu attenter à la vie et à l'intégralité physique des victimes". Elle avait requis en conséquence une amende de 300 € ferme à l'encontre de Jonathan XXX et une autre de 500 € avec sursis, ainsi qu'un retrait du permis de chasse pour une durée de six mois.
L'avocat du chasseur, Me Frédéric Birrien, a pour sa part plaidé la relaxe dans cette procédure où il y a "autant de schémas que de versions et aucune procédure contradictoire".
Finalement, le tribunal correctionnel de Rennes a considéré que Jonathan XXX était bel et bien coupable. Il a été condamné à une peine de 600 € d'amende entièrement assortie d'un sursis, ainsi qu'au retrait du permis pour la période requise par la représentante du ministère public.
L'agriculteur, dont le casier était jusqu'alors vierge, devra également verser 400 € à la victime pour son préjudice moral et 1 € symbolique à la Fédération de chasse d'Ille-et-Vilaine. Il devra enfin prendre en charge leurs frais de justice, à hauteur de 400 € chacune.