L'entreprise de chaussures JB Martin de Fougères a été placée en liquidation judiciaire ce mercredi 3 juin, sans poursuite de l'activité. Une quarantaine de personnes y travaillait encore. Retour sur l'histoire de l'une des toutes dernières représentantes d'une industrie emblématique de la ville.
Gâchis, amertume et beaucoup de déception, ce sont les sentiments qui dominent après l'annonce de la liquidation judiciaire de JB Martin, entreprise emblématique de l'industrie de la chaussure à Fougères, qui a fait les grandes heures de la ville. La liquidation judiciaire a été prononcée ce mercredi par le tribunal de commerce de Paris. Un coup d'arrêt pour l'entreprise puisqu'il n'y a pas de poursuite d'activité prévue.
Une "décision couperet" pour les salariés, qui s'ils s'attendaient à cette décision après des années de tourmente pour l'entreprise et surtout des mois passés très incertains, avec les démissions en cascade de présidents, espéraient une poursuite de l'activité. Ils en veulent notamment à l'actionnaire principal Francis Lagarde.
Les salariés comme les élus gardent l'espoir ténu d'un éventuel repreneur, pour sauver les emplois, avant que la majorité des employés soit licenciée, dans trois semaines. Ils savent qu'ils doivent s'en remettre maintenant aux juges liquidateurs. Ils redoutent une reprise de la marque seule, qui a fait la preuve d'un savoir-faire et d'une qualité à la française. Certains, sentant le vent tourner, avaient déjà quitté l'entreprise. Avec le confinement et la mise en place du télétravail, très peu de personnes travaillaient encore sur le site, qui a vu ses effectifs s'effondrer ces dernières années. La production avait été délocalisée en Espagne, au Portugal et en Asie. Il ne restait à Fougères que le bureau d'études avec une quarantaine de personnes, stylistes, pour la mise au point des modèles, la mise en production et le suivi notamment.
Un fleuron de l'industrie de la chaussure à Fougères
JB Martin était une entreprise inscrite dans le paysage économique local, depuis près de cent ans. Créateur de souliers depuis 1921 et symbole d'un savoir-faire français de qualité, elle compte plus de 1 200 salariés dans les années 60-70. Mais au tournant des années 80, les premiers soubresauts se font sentir du fait, notamment, de la concurrence de pays étrangers. Il est alors question de licenciements. Dès lors, JB Martin va traverser plusieurs crises.
Plusieurs crises sévères
En 2009, c'est l'annonce d'un plan social qui fait descendre dans la rue 300 personnes pour soutenir les salariés de l'entreprise. Malgré un conflit social d'un mois, la production est délocalisée, l'atelier de Fougères est fermé. Soixante-dix personnes seront licenciées. Seuls demeurent les stylistes, commerciaux et administratifs. Puis au cœur de l'été 2017, JB Martin est en redressement judiciaire. Finalement, un plan de continuation d'activité proposé par l'actionnaire sera accepté par le tribunal de commerce de Paris. Mais les difficultés ne se sont pas arrêtées là. L'année 2019 aura été marquée par des démissions successives à la direction de la société, sous fonds de désaccords avec l'actionnaire. Les syndicats déplorant, pendant ce temps-là, l'absence d'investissements.