Le tribunal correctionnel de Rennes a condamné un habitant de La Couyère en Ille-et-Vilaine à 2 000 euros d’amende, dont la moitié avec sursis. Pendant un an, il a harcelé la maire, Jacqueline Sollier, lui adressant notamment des messages avec des têtes de mort.
Un habitant de La Couyère en Ille-et-Vilaine a été condamné par le tribunal correctionnel de Rennes à une amende de 2 000 euros, dont 1 000 avec sursis pour avoir harcelé la maire de sa commune.
Tout a commencé à cause de l’installation d’une antenne-relais. La maire s’est vue reprocher par son administré d'avoir laissé s'implanter l’antenne devant sa maison. Après s'être aperçu que ses recours n'avaient "aucune chance de prospérer", il lui avait donc "fait connaître son insatisfaction" en envoyant des SMS ornés d’émojis "têtes de mort" sur son téléphone personnel.
"Dès que quelque chose ne lui va pas, il m'appelle", a témoigné l’élue à l'audience. "Au début, c'était pour l'antenne, après pour la sécurité... Selon lui, nous sommes des bons à rien, des incapables, des nuls."
"Il cherche la petite bête"
"Il y a peu, un convoi pour un mariage est passé, il a filmé et m'a envoyé la vidéo", a encore cité en exemple la maire de La Couyère. "Lorsqu'il y a un problème de plaque d'égout, il vient, il trouve toujours un problème et exige que je le rappelle".
Il a aussi déploré "la présence de mousse sur le monument aux morts" et s'était présenté régulièrement à l'accueil de la mairie "avec un regard méchant" et cherchant "la petite bête", selon la secrétaire de mairie. Il avait aussi "collé son camion" contre la voiture de la maire pour "obliger" l'élue à le rencontrer.
ITT supérieure à 8 jours pour la maire
Malgré un premier dépôt de plainte, l’homme a "continué à contacter" son élue. Un psychiatre a constaté que la maire souffrait "de troubles du sommeil, de ruminations anxieuses et de conduites d'évitement qui impactent de manière significative la réalisation des actes de la vie quotidienne". Jacqueline Sollier s'était ainsi vu prescrire une interruption totale de travail (ITT) "supérieure à huit jours".
L’individu a prétendu que son comportement n'était "pas abusif" mais "réactif", s'agissant de ses émojis "têtes de mort", c'était en fait pour signifier que "l'antenne est un poison".
"Un zorro devenu harceleur"
"Les élus salissent la commune, ils se foutent de ma gueule", a-t-il grincé. "Je ne lèverai pas la main sur ce genre de personnes, sur une femme, je ne suis pas un violent, mais à un moment, il faut taper du poing sur la table", a-t-il martelé.
Pour le procureur de la République, l’homme est avant tout "un individu buté, obstiné, enfermé dans ses certitudes" et se comporte "comme un censeur de la mairie" et "en Zorro". D'un point de vue pénal, il est surtout "devenu un harceleur", dans un contexte où il y a "assez de menaces contre les maires, premier échelon de la démocratie locale en France".
Il avait donc réclamé une condamnation à 4 000 € d'amende, dont la moitié assortie d'un sursis, en plus d'une inéligibilité pendant deux ans.
"Franchement, j'hallucine : à chaque fois que je suis allé voir la maire, c'est pour des problèmes de sécurité, pour avoir la tranquillité chez moi, c'est quand même pas sorcier à comprendre !", s'est défendu le retraité. Il a finalement écopé d'une amende de 2 000 €, dont la moitié avec sursis, et d'une inéligibilité pendant un an.
Lors des dernières législatives, l’homme était en effet candidat du Rassemblement national dans la 4ᵉ circonscription d'Ille-et-Vilaine, à Redon. Il avait obtenu 17,49 % des suffrages.
Il devra enfin verser un euro "symbolique" à sa maire pour son préjudice moral.
(Avec Press Pepper)